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Page:Dictionnaire de la langue française du seizième siècle-Huguet-Tome4.djvu/317

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GENS D’ARMES
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a esté le dieu des forgerons, Esculapius des medecins, Mars des gendarmes. Trad. de Bullinger, la Source d’erreur, I, 34, p. 448. — J’appelle garnison les gensdarmes qui sont disposez par les es limitrophes, pour la conservation de tout le païs. Calvin, Instit., XVI, p. 764. — Puis, Mars apaisant sa fureur, On voit, dans sa maison paisible, Vivre le riche laboureur Sans avoir crainte des gensdarmes. Tahureau, Inconstance des choses (II, 223). — Tu seras, mon grand roy, le premier des gendarmes Contre les ennemis, qui vestiras les armes, Enceint de ta noblesse. Ronsard, Hymnes, L. I, Hymne de Henry II (IV, 198). — S’il y a gens au monde qui soyent deshauchez desquels on puisse esperer bien peu, ce sont les gendarmes qui se permettent beaucoup de licence, qui sont dissoluz et deshordez en toute leur vie. Calvin, Serm. sur l’Harmon. evangel., 45 (XLVI, 553). — Ainsi jadis ces deux fameux gendarmes, Jason, Achille, enfançons de Chiron, Furent nourris en son docte giron. Ronsard, l’Hydre desfaict (V, 435). — Hector, honneur des valeureux gendarmes. id., Franciade, II (III, 55). — Celuy, Troyen, qui fait bruire ses armes, Grand capilaine et pasteur de gensd’armes, Sera Martel, gouverneur des François. id., ib., IV (III, 170). — [César] ordonne aux siens de tirer principalement au visage des gensdarmes de Pompeius en la baaille de Pharsale. Montaigne, II, 27 (III, 109). — [Les bardes] donnerent telle authorité à la poësie qu’aucuns poëtes, se mettans entre deux armées, maintes fois apaiserent la fureur des gendarmes prests à chocquer. Fauchet, Antiquitez, I, 4. — La douceur dont usoit Cesar envers les citoyens et gens-d’armes romains, devant qu’il fust victorieux, n’estoit par clemence, ains flatterie et courtoisie ambitieuse. Sat. Men., Harangue de M. d’Aubray, p. 279. — Le roy de tant de roys qui gouverne les armes Et préside au conseil des argives gensd’armes. Montchrestien, Hector, I, p. 10. — (Fig.). Voilà les armes spirituelles… par lesquelles les bons gensdarmes de Dieu destruisent les conseilz et toute haultesse qui s’esleve à l’encontre de la congnoissance de Dieu. Calvin, Instit., XV, p. 725. — Autant d’affections et de cupiditez meschantes qui sont en nous, ce sont tant de gensdarmes qui sont armez pour batailler à l’encontre de Dieu et de sa justice. id., Serm. sur le liv.  de Job, 86 (XXXIV, 315).

(Spécialement). Hommes de guerre à cheval. — Cessez, cessez, gendarmes et pietons, De pilloter et menger le bon homme. R. de Collerye, Rondeaux, 96. — Aussi, seigneurs Achaeïens… n’estimez pas d’avantage l’armee d’Antiochus pour ouïr nombrer tant de gensdarmes portans lances, portans javelines, et tant de gens de pied. Amyot, Flaminius, 17. — Vous, gendarmes, serrez la cuisse en vos arsons. Ronsard, Poemes, L. II, Exhort. au camp de Henry II (V, 189). — Les plus hautains sont pris à mon lien [de l’Amour], Le corselet au soldart ne sert rien, Et le harnois ne defend les gend’armes. id., Mascarades, combats et cartels (III, 466). — Reposezvous, gensdarmes, Mettez bas la cuirasse : et vous soldats aussi, Avec le corselet dépouillez tout soucy. Baïf, Poemes, L. VII (II, 324). — J’enten desja vos soldars fremissans, Et les chevaux sautans et hennissans Dessous le faix de vos braves gend’armes. Ronsard, le Bocage royal, 1re part. (III, 239). — Les numides gendarmes menoient en main un second cheval, pour changer au plus chaud de la meslée. Montaigne, I, 48 (I, 394).

Cavaliers armés pesamment. — Vous designerez à vos chevauls legers leur place de bataille derriere la bourgade, et au contraire aux gens d’armes leur place d’armes au devant. Aubigné, Miss. et disc. milit., 15 (I, 168).

Du pluriel gens d’armes on tire un singulier, gendarme, signifiant homme de guerre, soldat, combattant, guerrier. — Chacun desdits chevaliers avoit son compaignon bon gendarme et bien armé, qui le servoit de aurigateur et conduisoit les coursiers. Lemaire de Belges, Illustr., I, 40. — Las ! fauldra il qu’un gendarme impiteux Tienne ce champ tant culte et fructueux ? Marot, 1re Eglogue de Virgile. — Agathocles… se retira a Tarente : et fut par les Tarentins souldoié comme simple gendarme. Seyssel, trad. de Diodore, II, 2 (35 vo). — Le jeune Scipion, celuy qui depuis print Carthage, lequel pour lors estoit gendarme soubz la conduite de Lucius Luculus. id., trad. d’Appien, Guerre libyque, ch. 7. — Tallebot disoit : Se Dieu estoit gent d’arme, il seroit pillard. P. Fabri, l’Art de Rhetorique, L. I, p. 186. — Il estoit (comme vouloit Caton que fust ung bon gendarme) non seulement de la main, mais aussi de la voix et du regard, terrible a abborder aux ennemys. G. de Selve, Huict Vies de Plutarque, Coriolan, 81 ro. — Ung bon gendarme, quant il veoit son sang, est plus eschauffé à se venger de ses ennemis. Marg. de Nav., Heptam., 2. — Afin que je n’entre en nulles autres particularitez, comme de la pillerie du gendarme, cueillette des tailles et subsides. E. Pasquier, Lettres, II, 4. — A quoy Caton respondit qu’il avoit rapporté de Cypre plus d’or et d’argent à la chose publique, sans un seul cheval ny un seul gendarme, que n’avoit Pompeius avec tous ses triumphes et toutes ses guerres. Amyot, Caton d’Utique, 45. — Quand la foy… est navrée, c’est comme si le bouclier d’un gendarme recevoit quelque casseure de la violence d’un coup. Calvin, Instit. (1560), III, ii, 21. — Melibée… disoit que ses terres et possessions seroient appropriées à l’impiteux gendarme. E. Pasquier, Recherches, II, 16. — Le gendarme pillard nous outrage, et par force Gourmande nostre bien. Bereau, Eglogue 3. — Vous estes naturellement martial, et avés le cœur généreux, voilà pourquoy vous ne trouverés mauvais d’ouyr le discours d’ung vieux gendarme, vostre sujet et serviteur. Monluc, Commentaires, L. VII (III, 458). — En la guerre que le roy Ferdinand mena contre la veufve du roy Jean de Hongrie… un gendarme fut particulierement remerqué de chacun… et… hautement loué. Montaigne, I, 2 (I, 11). — Qui seroit faict à porter valeureusement les accidents de la vie commune n’auroit point à grossir son courage, pour se rendre gendarme. id., III, 13 (IV, 255). — Maistre Jacques Pelletier, curé de Sainct-Jacques, marchoit à costé, tantost devant, tantost derriere, habillé de violet en gendarme scolastique. Sat. Men., Abregé des Estats, p. 44-45. — Où est donc cet Hector ? ce prince merveilleux ? Ce puissant champion ? ce gendarme bravache ? Montchrestien, Hector, III, p. 38. — Ce qu’il commande en grand et sage chef ; Il l’accomplit luy mesme en valeureux gendarme. Bertaut, Reduction d’Amiens. — Sainct Pol, estant encor gendarme et grand persécuteur des chrestiens. Brantôme, Cap. franç., le Roy Charles IX (V, 273).

Homme de guerre à cheval. — Le gendarme ny le soldat n’estoient payés. Monluc, Commentaires, L. V (II, 425). — Quand un gentil-homme auroit toute sa vie leu les livres d’Amadis, il ne seroit bon soldat ne bon gendarme. La Noue, Disc. polit. et milit., VI, p. 174.

Messe de gendarme. Messe très courte. — Il y a