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Page:Dictionnaire de la langue française du seizième siècle-Huguet-Tome4.djvu/318

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GENSDARMERIE
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les messes des confrairies, les messes des chasseurs, les messes des gendarmes. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 39 (II, 352). — Au lieu de luy demander une messe de chasseur, ils luy demandérent une messe de gendarme, pensans l’avoir encore plus courte. id., ib. (II, 395).

A la gendarme. A la manière des gendarmes, des cavaliers pesamment armés. — Les Espagnols vainquirent les François à cause d’une ruse qu’ils trouvèrent, de ne donner aux hommes, du premier abord, de leurs lances (car ils estoient armez à la gendarme) mais aux chevaux. Brantôme, Discours sur les duels (VI, 311).

Gensdarmerie, v. Gendarmerie.

Gensive, v. Gengive.

Gent 1. Nation, race. — Un royaume ou seigneurie est transporté de gent à autre à cause dinjustices, oultrages et diverses tromperies qui sy font. Lemaire de Belges, la Legende des Venitiens, ch. 2 (III, 373). — O gens ! louez le sien peuple amyable, Car de ses serfz le sang il vengera. Des Périers, Cantique de Moyse (I, 186). — Mais ce qu’adore une si male gent Idoles sont, faites d’or et d’argent. Marot, Ps. de David, 44. — Il n’y a nation si barbare, nulle gent si sauvaige, laquelle n’ait ceste impression au cœur, qu’il y a quelque Dieu. Calvin, Instit., I, p. 4. — Jusques à quand, ô Pan tresdebonnaire, Permettras tu ceste gent nous mal faire…? Marot, Complainte d’un pastoureau chrestien. — D’un commun accord de tout le monde, et quasi par un droit de gent, le latin a desja gaigné tant de païs qu’il n’y a contrée si estrange ou barbare qui n’en ait quelque cognoissance. E. Pasquier, Lettres, I, 2. — Par mes arrests j’espars, je destruits, je conserve Tout païs, toute gent, je la rend libre ou serve. Aubigné, Les Tragiques, I (IV, 65).

La gent. Les gens, la génération. — O heureuse la gent que la mort fortunée A depuis neuf cens ans sous la tumbe emmenée ! Heureux les peres vieux des bons siecles passez, Qui sont sans varier en leur foy trespassez… Ronsard, Discours à G. Des-Autels (V, 358),

Gent. Famille, ou peut-être personne. — Ce bon vieillard (sans prendre or ou argent) Maintient le droict de mainte povre gent. Marot, l’Enfer.

Personne, homme. — [Les dames lanternes] riens ne beurent fors elaiodes, breuvaige assez mal plaisant en mon goust, mais en Lanternois c’est boitte deifficque et s’enyvrent comme gens. Rabelais, V, 33 ms.

Les Bretons sont gens, phrase proverbiale. Les Bretons sont des hommes (et non des bêtes). — Les Bretons sont gens, vous le sçavez. Rabelais, IV, Anc. Prologue. — Voir l’article de Philipot, Rev. des Ét. rab., X, 225.

Gens de lettres. Gens lettrés. — Ceste bende est quasi toute de gens de lettres. Non pas que toutes gens de lettres en soyent. Car j’aimerois mieux que toutes les sciences humaines fussent exterminées de la terre que si elles estoyent cause de refroidir ainsi le zele des chrestiens. Calvin, Excuse aux Nicodemites (VI, 600). — Que gens de lettres s’addonnent à estudes bonnes et utiles, et non point à curiositez frivoles. id., Contre l’astrologie judiciaire (VII, 540).

Gens de pied. Fantassins. — Si y fut envoyé pour lieutenant général le seigneur d’Aubigny… très bien accompaigné de gens de cheval et de pied. Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, ch. 18. — Le cappitaine général de leurs gens de pied estoit le seigneur Berthelome d’Alvyano. id., ib., ch. 29. — Leurs gens de pied se gecterent à terre et deschargèrent leurs hacquebutes. id., ib., ch. 30. — Le moyne print avecques luy six enseignes de gens de pied et deux cens hommes d’armes. Rabelais, I, 48. — Les gens de pied… apportoient eschelles, comme pour emporter le fort d’emblee. id., la Sciomachie (III, 405). — Je voyois sortir de Naples gens de pied et de cheval. Monluc, Commentaires, L. I (I, 93). — Ils ouvrirent le pas à leurs gens de pied, qui parfirent une tres-sanglante deffaitte. Montaigne, I, 48 (I, 402). — Il fut premierement capitaine d’une compagnie de gens de pied. Brantôme, Cap. franç., M. d’Aussun (IV, 7).

Gens du roy. Avocats du roi et procureurs du roi. — Entre tous les officiers du roy de cette France… on appelle specialement les advocats et procureurs du roy gens du roy. E. Pasquier, Lettres, XII, 2. — Ainsi en ce Palais de la function de sept sortes de personnes, huissiers, procureurs, advocats, greffiers, gens du roy, conseillers et presidens, est composée ceste si utile, si agreable et si necessaire action de la justice. Du Vair, Ouvert. du Parlement de la St Remy, 1601, p. 794. — Je tranche ici ce que dirent les gens du roi de mesme opinion que Pasquier. Aubigné, Hist. univ., III, 24.

Gens de service, v. Service.

Faire gens. Lever des troupes. — Les tribuns, faisans gens, meirent incontinent leur armee aux champs. Amyot, trad. de Diodore, XIV, 31.

Belles gens. Selon la remarque de M. Koszul, Le Loyer a dû rencontrer l’ancienne expression anglaise fair folk pour fairy-folk, le monde des fées. Croyant avoir affaire au mot fair, il a traduit par belles-gens. Il ne faut donc pas voir dans cette expression l’imagination populaire, mais un contresens d’écrivain. Voir Belles-gens.

Pour l’accord des mots qui se rapportent à gens, l’usage est souvent contraire à celui que nous suivons aujourd’hui. — Croyez que tousjours les meschans S’en iront à bas trebuchans, Et toutes ces gens insensées Qui n’ont point Dieu en leurs pensées. Marot, Ps. de David, 9. — Tant de moqueriés dures, Tant de vilaines paroles Contre moy et ces gens foles. Anc. Poés. franç., VIII, 120. — Elle est baillee A meschans gens à la vollee. Gringore, St Loys, L. VI (II, 184). — Tous ces bonnes gens. Rabelais, II, 16. — Sans doubte ce sont meschans gens. Amadis, I, 36. — S’il advient que nous ayons à faire avec meschans gens et trompeurs. Calvin, Instit., III, p. 160. — Qu’il veiglast sus elle soingneusement, et espiast… de gens la visiteroient. Rabelais, III, 32. — Ces malheureux gens, ennemis de Dieu et de Sa Saincteté. Brantôme, Cap. franç., l’Admiral de Chastillon (IV, 306).

Gent 2. Gentil, joli, gracieux. — Je ne voy rien qui me donne asseurance Que son gent corps y face demeurance. Marot, le Temple de Cupido. — Chere Venus, après Venus la gente, Noble Pallas, après Pallas prudente. id., Leander et Hero. — Plus je pense estre aimé de vos gentes beautez, Plus je sens de vos yeux les rares cruautez. R. Belleau, Petites Inventions, Complainte (I, 139). — Nous t’estimons une déesse, Gente grenouille, qui sans cesse Au fond des ruisselets herbeux Te desalteres quand tu veux. Ronsard, Pièces retranchées, Poemes (VI, 221). — Aussi je les compare à ces femmes jolies Qui par les affiquets se rendent embelies, Qui, gentes en habits et sades en façons, Parmy leur point coupé tendent leurs hameçons. Regnier, Sat. 9.

Gentaille, mot collectif. Gens. — Le nombre