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PORTEREAU
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faires de Gaesar et d’Antonius ne se portoyent de rien mieulx. id., Brutus, 47. — Je me transportay à Bourdeaux… pour veoir comme toutes choses se pourtoient. Monluc, L VI (III, 161).

(Express. proverb.). Valoir autant traîné que porté. Avoir très peu de valeur. — Je me tay de mille tromperies qui s’y font, comme de produire un tiltre imaginaire de quelque chapelle de cinq sols ou d’une vicairie qui vaut autant trainée que portée. Calvin, Instit., IV, v, 4.

(Formes). Futur et conditionnel. — Je portray de bon cœur ce que Dieu m’a donné à vostre genereuse et utile resolution. Aubigné, Lettres d’ajf. personn., 3 (I, 291). — Le fils que tu auras portra le nom d’Enee. Baïf, Poemes, 1. VI (II, 287). — Ou dans mon char doré les couples atelees Des cygnes vous port’ront par sus les eaux salees. L. II (II, 99). — En un stile plus haut on la verroit écrite, Qui d’icy à mille ans en portroit temoignage. id., Francine, l. I (I, 141). — Tel œuvre j’eusse fait, qui portroit peu d’envie A tel qui de ployer dessous l’age refuse, L. II (I, 192).

(Prononc.). — Et luy pourtoit on dedans un grand penier un gros breviaire. Rabelais, 1, 21.

Portereau, dimin. de porte. — La prinse de ce molin et portereau fut un grand avantage au dit sieur de Cruise. Haton, Mém., 1, 319 (G.). — Et le firent tous deux bravement sortir par le petit portereau de Sainct Jehan de Latran. Brantôme, Fabricio et Prospero Columne (I, 142). — (Fig.). Lequel est comme un portereau sans fast et bas a merveilles, mais le cors de l’histoire est comme une cour somptueuse et un pourpris de palais ; qui est cause que je n’ay ce portereau voulu festonner. Du Tizcer, Rec. des rois de Fr., Avis au lect. (G.).

Porterogatons. Porteur de rogatons. — A grand peine le recognoit on entre les porterogatons. Marnix, Differens, 1, 1V, 7. — Seulement les levites, et non pas les prestres, pourront estre porterogatons, et charger sur leurs coquines espaules les venerables mandibules du porceau de sainct Anthoine, ou les plumes de l’ange Gabriel, et autres semblables drogues. IL, 1, 20. — (Par compar.). Ou est ce que nos freres flagellans et nos jésuites ont apprins de se fouetter, si ce n’est des prestres et porterogatons de la deesse Gybelle...? 1, v, 6.

Porterye. Logement d’un gardien de porte. — Pour la construction de deux tours, voultes, bapteries et porterye nouvellement commencee a la Grande Porte. 1570. Compte des den. de fortif. Arch, mun. Avallon (G.).

Portesac. Porteur de sacs. — Des portesacs de farine. J. Boucner, Serm. de la simulee convers. de H. de Bourbon, p. 18 (G.).

Portesachet. L’un des os du faucon. — Le portesachet est un os courbé en demie ovale. Ge portesachet ou fausil estant enfoncé en soy reçoit le sachet superieur, qui est la partie ou loyseau met premierement et avalle son past. Desparron, Fauconn., IV, 3 (G.)

Portespee. Celui qui porte l’épée du roi, d’un prince. — Quant à portenseigne, aussi on sçait qu’il estoit en usage desjà du temps de nos ancestres : comme aussi portespee : quand on disoit que le connestable estoit portespee du roy. Estienne, Precellence, p. 158.

Titre d’un officier de la ville d’Alost. — Le bailly des bourgeois, le porte espee, le porte masse ou le massier. 1552. Coust. du pays d’Alost (G., Gompl.).

Portetable. litre de certains officiers de la chambre du roi. — En la cour sont assez usitez ces trois [mots composés], portetable, portechaire, portequeue. Estienne, Precellence, p. 159.

Portetorche. Porteur de la torche. — Ung aultre nommé Polytion tenoit le lieu du portetorche. Selve, tr. Plutarque, Alcibiade, 67 vo. — se le portetorche de Ceres. Amyor, Aristide,

Portette, dimin. de porte. — Un tableau d’or… d’ung cousté s’ouvre a deux demys portettes… Sur lesdittes deux portettes sont esmaillié saincte Barbe et saincte Katherine. Texte de 1532. Lille (G.).

Porteur. Porteur de rogatons, v. Rogaton.

Croyez ce porteur. Expression employée par plaisanterie quand, dit-on, on rapporte une chose fausse ou invraisemblable. — Les gryphons et marrons des montaignes de Savoie, Daulphiné, et Hyperborées, qui ont neiges sempiternelles, seront frustrez de ceste saison [le printemps], et n’en auront point, selon l’opinion d’Avicenne, qui dict que le printemps est lours que les neiges tombent des monts. Croyez ce porteur. Rabelais, Pantagr. Prognost., ch. 7. — Munster, parlant en sa Cosmographie de ladite isle [Samos], monstre bien qu’il ne veit jamais ce païs là, lors qu’il raconte qu’en elle l’air y est si salubre et subtilisant nature qu’il fait que les poulles qui y sont nourries ont du laict, comme pourroit avoir une chievre, truye ou brebis. Croyez le porteur. Thevet, Cosmogr., VII, 13. — Qui est chose aussi peu croyable que ce qu’il a mis par escrit, sçavoir que au mesme païs y a une region où les hommes n’ont point d’ombre, d’autant qu’ils sont droict soubz la zone torride… Croyez le porteur. XI, 9.

Porteresse. Porteuse. — La palme est noble et de fruit porteresse, Toute invincible et de ferme nature. Lemaire, Cour. Marg. (IV, 156).

Porticule (porticula, petit portique). Les fenestres, portes et porticules sont de fin jaspe, porphyre et albastre. Thevet, Cosmogr., II, 3. — Les portes et porticules enrichies de colomnes de jaspe et chapiteaux, que jadis feirent bastir les anciens Grecs et Romains. X, 16.

Portier (adj). De porte. — Serrure. Ferme, rude, estainee, secrette, portiere. La Porte, Epith., 376 vo.

Portiere (adj.). Qui porte des petits. — Il entra en un autre pays commode pour nourrir beaucoup de haras : car on dit qu’anciennement il y souloit avoir d’ordinaire cent soixante mille juments portieres. Amyot, tr. Diodore, XVII, 24.

(Par plaisanterie : allusion à la naissance de Minerve). — J’enten le cas, C’est volontiers que derechef Il vient d’enfanter de son chef Comme il feit Minerve guerriere : Car il ha la teste portiere. Baïf, Devis des Dieux, 6 (IV, 185).

(Subst.). Femelle portant des petits. — Ses portieres enflees De nouveaux fruits remplissent les etables. Baïf, Poemes, l. I (II, 41). — De là, dans son herbage il va voir son trouppeau, Peu plus haut ses moutons et ses grasses portieres. Gauchet, Discours, p. 115.

Bonne portiere. Femme féconde. — Aussi les femmes gaulloises sont elles celebrees par Strabon pour estre bonnes portieres (j’entends fecondes) et nourrissieres. Lescarbot, Nouv. France, t. III, p. 716 (G.).