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REMUSELÉ
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leur parti, pour se remunir des commoditez necessaires. La Noue, XXVI, 3, p. 838.

Remuselé. Écrasé, épaté. — Les yeux leur demeurent rouges et esraïllez… le nez remuselé, racourcy. Ane. Poésies, IV, 277.

Remusseau. Pelote. — Deux ou trois pelotons et remusseaux de fil et la devidouere. Du Fail, Eutrapel, 19 (1, 254).

Remutiner (se). Se mutiner de nouveau. — Miserables François, hé ! qu’aviés vous affaire En vous remutinant de vous eslever tous ? Bracn, Poemes, 1. III, sonn. 8.

Remutiné. Mutiné de nouveau. — Leur rage De moments entre eux remutinee. Jodelle, Disc. de Cesar (II, 268).

Remys, v. Remis.

Renable. En bon état. — A estre faict [le pignon] fourny et rendu renable dedans pasques prouchain, 1543. Coll. de Mur, Arch. Finist. G., Raisnable).

Renageable. Qu’on ne peut repasser en naviguant. — Les gardant de passer l’onde non renageable, Vauquelin, Art poet., 1 IL, p. 117.

Renager. Revenir en nageant. — Galatee… Vers son Acis entre deux eaux renage. Baïf, Eglogues, 8 (III, 51).

Renaguer, Renier [Dieu], jurer. — Ceus de la maison pensans qu’il deust mettre le feu dedans ou pour le moins les froisser en poudre tous les uns apres les autres sans merci, tant il renaquoit et frapoit des piés bravement. Tahureau, Prem. Dial., p. 31. — Cela faisoit renasquer nos impatiens. Cholières, 4e Ap.-disnée, p. 135.

Je renague, je renaque, je renegue Mahom, jurons. — Par la chair, je renie : par le sang, je renague. Rabelais, 111, 36. — Ah ! je renaque ! ô teste ! Ô mort ! Il se repentira du tort. Godard, Desguisez, III, 4. — Si je me servoye de ceste mythologique exposition, je renegue Mahom si vous ne me renvoieriez avec ces matagraboliseurs. Cholières, 3e Ap.-disnée, p. 116.

Renègue Dieu (subst.). Homme qui renie Dieu, qui jure. — Ce grand renègue Dieu, qui d’un pas desdaigneux Talonne le pavé. Tabourot, Bigarrures, 1, 19.

Renaissant (I. D. T. 1571). — 1549. Le renaissant soleil Monte à cheval. Ronsarp, Odes, 138 b. (Vaganay, Franç. mod.).

Renaistre. Se renaistre. Renaître. — Mais c’est pour estre tourmenté D’une plus longue peine ordinaire, Comme le cœur de Promethé, Qui se renaist à sa misere, Ronsarp, Am. de Marie, Chanson (1, 182).

René. Né de nouveau. — Ilz confessent bien avec nous que nous ne pouvons estre enfans de Dieu que premierement ne soyons renaiz. Cazvin, Contre les Libertins, ch. 18 (VII, 200). — Panurge est un second Bacchus. Il est deux foys né. Il est René. Rabelais, III, 18. — Que les secretz du rené Pythagore Ne te soient clos. L. de La Ponte, tr. Horace, Epodes, 15. — Mais luy brûlé, son bel esprit revint, Autre phoenix, dont la beauté renee, Malgré la flame, immortelle se tint. Vauquelin, Sonnets sur Mod. de Bailleul, 23. — Ses traits hardis, son style plantureux Font voir ton ame en son ame renée. Hanzay (dans Pasquier, Lettres, XXII, 8).

Renaistre (subst.). — Que diray-je de cet autre grand monarque, qui desiroit plus le renaistre d’Homere que le gaing d’une grosse battaile ? Du Bellay, Dejffence, IT, 5. gere tes yeux, pour causer mon renaistre Et puis ma mort, sans cesse me font estre Or’ un Pollux, et ores un Castor. Roxsanp, Am. de Cassandre (I, 60).

Renamouré (estre). Redevenir amoureux. — Lors que les cieux en destins bienheurez Du dieu Amour feurent renamourez, La terre estant de sa grace orfeline, Le Caron, Demon d’amour (34 vo).

Renaquer, v. Renaguer.

Renard. Ainsi dit le renard des meures, expression proverbiale, comme le renard et les raisins. — Qu’est-il besoing s’amuser à querir Si grandz tresors…? Mais gens de court avec lesquelz demeures Diront que ainsi dit le regnard des meures. Cretin, A Massé de Villebresme, p. 211. — Vous avez la teste assez grosse pour porter une couronne, Mais quoy ! vous dites que n’en voulez point, et qu’elle vous chargeroit trop ? Les meschants Politiques disent qu’ainsi disoit le regnard des meures. Sat. Men., Har. du recteur Roze, p. 151.

Faire le renard. Agir en poltron. — Voyés-vous ceste enseigne ? Si vous ne la gaignés, tant que j’en trouveray devant moy en allant qui vouldront fere le renard, je vous copperay les jarretz. Monluc, l. II (I, 316).

Toussir comme regnard, la toux du renard, express. proverb. — Ces pauvres haires toussissoient comme regnards. Rabelais, II, 28. — Marion, je crois que ma toux Se transportera autre part. — Ma foy, c’est la toux du renard ; C’est le plus beau de tous vos biens. Grevin, Esbahis, I, 2.

Un renard qui rencontre poules esgarees, express. proverb. — Mon huguenaut se print derechef à rire… et tous ceux de la compagnie ne se monstrerent point moins joieux qu’un renard qui rencontre poules esgarees. Marnix, Differens, I, iv, 20. — Incontinent elles commencent à danser, baller, et tressaillir de joye, comme un renard qui rencontre poulles esgarées. II, iv, 20.

Au regnard, cri de moquerie. — Nos soldats crioient à ceux de dehors, Au regnard, au regnard, au regnard : et se disoient mille injures les uns aux autres. Paré, Voyage de Mets (III, 703). — Il se mist à crier contre ceux qui avoient accordé la treufve ; dit que c’estoient des sots et des badins, et que desja on attiltroit les petis enfans pour crier apres eux au regnard. L’Estoile, Mém., 2e part., p. 168 (G., Compl.).

Escorcher le renard, tirer au renard. Vomir, rendre gorge. — Tu escorche le latin, par sainct Jan je te feray escorcher le renard, car je te escorcheray tout vif. Rabelais, II, 6. — Tous ces bonnes gens rendoyent là leurs gorges devant tout le monde, comme s’ilz eussent escorché le regnard. II, 16. — Quand on pense à ceste saulse, il n’y a si bon cœur qui ne tire au regnard, et qui ne l’escorche par faulte de peletier. G. Bouchet, 22e Seree (III, 301). — Quand je pense à vostre medecine, il n’y a si bon cœur qui ne tire au regnard. Cholières, 2e Matinée, p. 77. — Vous hantez tous les jours avec des personnages qui n’oseroient boire un trait, si l’eau ne surmontoit le vin de deux tiers et un quart, autrement il faudroit jouer à la corbette, ou aller in requiem, ou escorcher à faute de peletier le regnard. id., 1re Ap.-disnée, p. 30. — Il en pourroit avoir l’estomach si degousté qu’il viendroit à en escorcher le renard. Marnix, Differens, II, v, 1. — Si on peut passer sur son