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PODERE
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Podere. — Elle estoit vestue d’une podere, qui est une longue robbe, dont la venerable antiquité souloit user, estendue jusque au pied et ouverte par les costez. Entrée de Henry II à Rouen, 62 vo (G.).

Podestarie (ital.). Bailliage. — Messire Gasparin de Salicet.… estoit juge de la podestarie de Fornilopoli. Le Maçon, tr. Decameron, VIII, 9.

Podiation. Soubassement. — [Le temple] estoit eslevé seulement au premier subpassement, c’est jusques a la podiation. Fosserier, Cron. Marg., VI, 11, 28 (G.).

Poelle, v. Poile 1.

Poeme. (Prononc. : oe formant une seule syllabe). — Dans le poeme latin de son invention. F. Habert, tr. Horace, Satyres, I, 4, Paraphr. — Je les exhorteray par mille et mille poemes. Boyssières, Prem. Œuv., 28 vo. — Qui vouldra avoir fait un bon poeme d’honneur. G. P. P., tr. Horace, Epistres, II, 2. — Je ferois, esloigné de toute raïllerie, Un poeme grand et heau de la poltronnerie. Regnier, Sat. 6.

Poeserie. Poésie. — En cas d’oratoire rethorique et poeserie. Premier vol. des expos. des Ep. et Ev. de kar., 53 ro (G.).

Poesie. (Prononc. : oe formant une seule syllabe). — Non loy, dont la poesie Peut le soin arracher Hors de la fantasie. Ronsanp, Pièces retr., Odes (VI, 69). — Et, d’integrité reveslu, Vous caressés nostre poesie. Laval, p. 6. — Je produictz à tesmoins mes vers et ma poésie. P. 58. — Que Plaute ensuit de pres Epicharme en poesie, G. P. P., tr. Horace, Epistres, II, 1. — Et nous nous meslons tous de composer poesie. Ib. — Si j’afferme que point je ne fai de poesie, Ib. — 11 sera la douce malvaisie Des siecles à venir, si clair que la poesie Qui se baigne en la mer des celestes secrets, Chaste, en arrousera ses papiers plus sacrez. Du Bartas, 2e Sem., Trophees, p. 357 bis.

On écrit aussi poisie. — N’est-ce doulceur de véoir la poisie Pour l’imprimer dedans sa fantasie? Anc. Poésies, VI, 270.

Poesle, v. Poile 1.

Poetastre. Mauvais poète. — Pour quelque naturel qu’il avoit promptement A brouillasser des vers aussi habilement Qu’eut jamais un quidan poetastre Cassie. F. Habert, tr. Horace, Satyres, 1, 10. Paraphr. — Car l’homme né durant un astre Borgnoyant Phoebus de travers, Contreint, ne brouille que des vers Qui sentent l’air d’un poetastre. Tahureau, Prem. Poes. (I, 122). — Tu dedaignes l’honneur que l’excellent poete (Toy mesmes excellent) au poetastre prette Qui fonde son honneur sur l’étranger appuy. Baïf, Sur les poesies de Tahureau (V, 234). — Ge cher loyer des dieux, de nature et des astres N’est pas pour les labeurs des mal-nez poetastres. Jodelle, Riere-Venus (II, 101). — Poetastre. Rimasseur, ignorant ou ignare, sot. La Porte, Epith., 328 vo.

Dans les deux exemples suivants, oe se prononce en une seule syllabe. — Ce seront obscurs poetastres, Non pas les clairs feuz des astres Qui voudront te faire ennuy. Aubigné, Primtems, Preface (III, 13). — Mais du tout dechassons ailleurs Ges fols poetastres rimailleurs. Var. hist. III, 199.

Poetastrer. Faire de mauvais vers. — Tousjours pense A gaigner le bon home et lui complaire en tout. Veut il poëtastrer? glose le jusqu’au bout. F. Habert, tr. Horace, Satyres, II, 5, Paraphr.

Poete. (Emploi conventionnel du mot). — On dit en la cour (et ailleurs aussi), C’est un philosophe, quand on veut declarer un homme estre de la confrairie de ceux dont nous venons de parler [les hommes un peu fous]. Et ja quelques-uns commencent à dire, C’est un poete, au lieu de dire, C’est un philosophe. Estienne, Dialogues (I, 287-288).

(Adj.). Poétique. — Lis la au long, et delle ne tesquarte Jusques a tant quemply soit le tien cueur De ceste folle et poete liqueur. M. d’Amboise, Propos fantastiques, 2.

(Prononc. : oe formant une seule syllabe). — Francine, plus que toy nulle on ne prisera, De qui le poete amy dressera la memoire. Baïf, Francine, l. II (I, 154). — Sur le patron des plus secrets Poetes romains et poetes grecs. Belleau, Petites Inv., Papillon (I, 52). — Et moy je veux comme un poete Luy payer toute la debte, Troquant mes vers à l’argent. Grevin, Poesies, p. 156. — Poetes divins et saincts, vous suivés la grandeur Des princes et des rois. Bereau, 1er Liv. des Sonnetz, p. 183. — Par les beaux chants que les poetes chantoyent. Baïf, Poemes, l. II (II, 86). — Je te salue, ô lumiere divine, Qui luysant clair tous poetes illumine (II, 87). — Les chefz de la vieille Eglise, David apres un Moïse… Furent poetes et rimeurs. Aubigné, Primtems, Preface (III, 10). — Calvimont, si tu veux, en haut-louant mes vers, Entre les poetes saints me donner quelque place. Brach, Poemes, l. III, sonn. 33. — Car si ce n’est un poete, au moins il le veut estre. Regnier, Sat. 2. — Je ne sçay quel demon m’a fait devenir poete. Ib. — Je m’en allois resvant le manteau sur le nez… Comme un poete qui prend les vers à la pippee. id., Sat. 10. — Des ordures des grands le poete se rend sale, Quand il peint en Caesar un ord Sardanapale. Aubigné, Tragiques, II (IV, 74).

(Fém.). Poetisse. — Soubs la conduite et par l’enhortement de Telesilla poëetisse. Amyot, Vertueux faicts des femmes. Argiennes. — Il y avoit un livre d’or qu’avoit donné, dedié et consacré Aristomache poetisse erythienne. id., Propos de table, V, 2. — Elle se precipita volontairement du hault d’un rocher, ainsi que recite Myrtis, une poetisse, en ses vers. id., Demandes Grecques, 40.

Poeteresse. — Corinne… Sçavante, belle, tanagreanne, poete ou poëteresse. La Porte, Epith., 94 ro. — Sapphon. Douce, lesbienne, dixiesme muse amoureuse, poeteresse, 367 ro.

Poëtresse. — Et le pain fait l’agasse jaseresse En moins de rien devenir poëtresse. Vauquelin, Sat., A. J. A. de Baïf.

Poetrisse. — Sapho, la noble poetrisse. Auton, Chron., 56 vo (G.). — 11 y avoit entre les anciens une femme nommée Mousche : qui estoit fort belle, poëtrisse et sçavante. Bretin, tr. Lucien, Louange de la mousche, 11. — Proba Fulconia, excellente poëtrisse chrestienne, a basti… des seuls vers de Virgile un opuscule qui comprend le Vieil et Nouveau Testament. Tabourot, Bigarrures, I, 20. — Des vers duquel [Homère] Eudoxia, poëtrice chrestienne, a colligé un beau poeme. Ib. — Claude Monnier, poetrice françoise, du temps de François Ier ou Loys douziesme. La Croix du Maine, Biblioth., p. 60. — Myrtide poetrice sous l’Olymp. 65. 1599. La Popeliniere, a, 121 (Vaganay, Mots).

Poëtride. — Les corbeaulx, les gays, les pape-