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POICTREUSE (PIECE)
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guays, les estourneaux il rend poëtes : les pies il faict poëtrides. Rabelais, IV, 57.

Poeteresse, v. Poete.

Poeterie. Qualité de poète. — Tant pour ces braves faicts Que pour ta poeterie et infuse cholere. F. Habert, tr. Horace, Sat., II, 3. Paraphr.

Poésie. — Et estudiéen grammaire, En poyterie et plusieurs ars. Anc. Théâtre, Il, 412.

Œuvre poétique. — [Titus] prompt estoit tant en grec que en latin es oratures, faindre poeteries et fabuleuses sentences composer. G. Michel, tr. Suétone, XI, 260 vo.

Poetezin, dimin. de poete. — J’iroys donc pour neant à ces cimes chenues, Aux bouilhons de leurs eaux, des superstitions D’ou ces poetezins tirent leurs fictions. Papon, Constance (Suppl., p. 2). — Que puis je, poetezin de silvestre rostine, Vous escrire, ou trecter d’autre chose plus digne? id., Hymne à Marguerite (Suppl., p. 11).

Poetiquant. Poétique. — Sçavans assez de tours poetiquans. Fabri, Rhetor., I. II, p. 47.

Poetique 1. (Prononc. : oe formant une seule syllabe). — Si vous ne faictes point aussi par quelque histoire Ou par oeuvre poetique entendre vostre gloire. Ellain, Sonnets, I. 11, p. 71. Doncq' ennores y a des bergers amateurs Du poétique devoir ; doncq'entre les pasteurs N’est du tout assoupi l’art du vers. Bereau, Eglogues, 5. — Les larmes des amans, leurs soupirs et leurs cris, Sentier trop rebattu des poetiques esprits. Desportes, Rodomont, p. 337.

Poetique 2. Poétesse. — O Apollo, la tienne poetique, Dite Sappho, ministre de Musique, Ceste harpe te desdie et presente. Fontaine, tr. Ovide, Ep. 21, p. 423.

Poetiser (intrans.). Faire des vers, des poèmes. — Poetiser trop mieulx que moy sçavez. Marot, Epigr., 17. — Mon dieu, quand me verrai-je en mon champ à requoi, Lisant, poetisant, reposant à l’ombrage… ? F. Habert, tr. Horace, Sat., II, 6, Paraphr. — Il [Achille] eut pour grand bonheur Son Homere poetizant, Qui le fit revivre en honneur. Fontaine (1557), Odes, 1. — Bref si quelcun voyant vostre presence Ne devient poete, il ne faut plus qu’il pense Que les neuf Soeurs le facent poetiser. Ronsard, Sonnets à die personnes (li, 27). — Parainsi disoit on que Erynne (une autre dame poetisant) surpassoit Sapphon en vers heroiques, mais que Sapphon la surpassoit en lyriques. Thevet, Cosmogr., VIII, 2. — Loys Arioste a si bien poetisé en son vulgaire que on le peult mettre à l’esgal des premiers d’entre les anciens. XVII, 19. — Tu nous frustres… d’un tresgrand bien… : sçavoir est de la liberté et puissance dont nous usons en poëtisant. Bretin, tr. Lucien, Altercats açec Hesiode, 5. — Je pourrois encore Voir de Phoebus la bande que j’honore : Reprendre mesme aux heures de loisir, Avec les Soeurs et les Graces plaisir, Et m’en aller par les ondes sacrees Poetiser avec elles aux p~ees. Vauquelin, Sat., A M. de Tiron. — Je… firnray ce chapitre par la remarque de mes propres fautes és sonnets que je fis du commencement que je me mis à rimer, car je n’ose dire poétiser, de peur de m’attribuer une louarge que je voy d’aucuns s’approprier. Tabourot, Bigarrures, IV, 3. Nous faisons les nostres rimez sans nombres et pieds : chose commune non seulement au François, mais aussi à l’italien, Espagnol, Alleman, Anglois, Escossois, et à toutes les nations qui se meslent de poetiser. Pasquier, echerches, VII, 1.

Employer le style poétique. — Ho ! et vous poetisez aussi, dit Eutrapel. Du Fail, Eutrapel, 31 (11, 137). — Il emprunta les mots de talonnier, capeline et çerge de maistre Jean le Maire de Belges, qui affectoit de poetiser dans sa prose, introduisant Mercure pour juger de la pomme d’or entre les trois déesses. Pasquier, Rech., VII, 10.

(Trans.). Écrire en vers. — Qui ne sait escrire une epistre… en vain sait il poetiser des elegies. Aneau, Quintil, p. 198.

Poetisse, Poetresse, Poetrice, Poetride, Poetrisse, v. Poete.

Poetron. Variété de prune. — Poëtrons. Jaunes, doux ou doucereux, sucerez, mielleux. Ce sont grosses prunes fort doucereuses. La Porte, Epith., 328-329. — Des poetrons ou prunes jaunes. B. Jamin, tr. Vives, Index (G., Poitron).

Poge, terme de marine. Côté droit, tribord. Fuyons… Orche, poge, au trinquet, aux boulingues. Rabelais, IV, 55. — Ains sans changer en pogge ny en orse, [l’esprit] Retourne arriere avec aesles secondes Vers sa maistresse. Philieul, tr. Pétrarque, 1. I, sonn. 190.

A poge. A droite, à tribord. — Se trouverent escartez les uns a ourse, autres a pouge. D. Flores de Grece, 1 vo (G.). — Au lendemain rencontrasmes à poge neuf orques chargees de moines. Rabelais, VI, 18. — Quand ceste armée de mer fut partie de Ionie, elle navigua à pouge par l’Hellesponte. Saliat, tr. Hérodote, VI, 33. [L’homme] Dans subtils bois porté, navires hasardeuses, Pratiquoit à tous vents toutes vagues ondeuses, A poge, à orse, droit. Scève, Microcosme, l. 111, p. 89. — Vers terre à ourse il te convient tenir: A travers l’onde à ourse tire et bouge En grand détour : fuis le rivage à pouge. Des Masures, tr. Eneüle, III, p. 138. — (Fig.). Je voys et viens aux ventz de la tempeste De ma pensee incessamment troublée : Ores à poge, or' à l’orse tempeste Ouvertement et aussi à l’emblée, L’un apres l’aultre. Scève, Delie, 393.

Pogge, v. Poge.

Pognard. Poignard. — Vingt-deux coups de pongnart, à la cesarine. Rabelais, V, 29. — Et baisant par trois fois Mon pougnard nud, je l’offre aux mains de ma deesse. Aubigné, Primtems, II, 6. — Ce n’est pas tout de l’espée et du pognard, duquel tu penses desmesler cest affaire. id., Sa Vie (I, 26).

Pogner. Toucher. — Ne poldront pogner aux dittes boittes. 1582. Liège (G.).

Poictat. Poteau. — Des panonciaulx, l’un pour mectre a ung poictat a la place de la ville neuve ou l’on vend le vin. 1591. Nancy (G.).

Poictevins. Gouster des vins de la rue des Poicteçins. Être maltraité. — Je sçay, dict il, qu’avec ma femme Vous besongnez. Pour ce, au surplus, Mon amy, n’y revenez plus, Si ne voulez gouster des vins De la rue des Poictevins. Sotties, III, 265.

Poictiers. Le mal du carrefourg de Poictiers. La syphilis. — Le mal de Nyort… le mal du carf ourg de Poictiers. Anc. Poésies, IV, 271.

Poictonnage. « Droit levé à Nantes sur les sels venant du Poitou.» — Si le sel est de Poictou, chargé, il doibt pour le poictonnage x s. vi d., et si le navire est de Bretagne et le sel de Poictou, il ne doibt que derny poictonnage. xvie siècle, Chambre des compt. de Bret. (G.).

Poictreuse (Piece). — Je n’oublieray aussi