Page:Dictionnaire de tous les environs de Paris.djvu/122

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CIMETIERES DE PARIS. Les cimetières destinés à recevoir les restes mortels des habitans de Paris étant, à l’exception d’un, maintenant relégués hors de l’enceinte de cette ville, sont devenus, par conséquent, une dépendance naturelle de notre sujet, et se trouvent réellement dans les environs de Paris. Nous croyons donc devoir en parler particulièrement, de même que nous l’avons fait pour les catacombes. La description des cimetières est une suite nécessaire de celle des catacombes ; et, en la donnant, nous aurons achevé l’histoire complette des sépultures passées et présentes de la ville de Paris.

L’usage était, avant la révolution, d’enterrer les morts dans l’intérieur des villes. Les prêtres du christianisme, suivant à la lettre ce précepte de l’évangile, qui recommande à l’homme de penser sans cesse à la mort, avaient multiplié, autour des chrétiens, les images, les simulacres et les établissements qui pouvaient, à chaque instants, leur rappeler cette idée mélancolique et salutaire. Voilà pourquoi les prêtres, dans le temps qu’ils avaient une si grand influence sur la société, introduisirent la méthode d’ensevelir les morts, au milieu même des habitations des vivans.

Les anciens brûlaient les corps des personnes décédées, et ensevelissaient leurs cendres loin des villes, et dans des solitudes écartées, où tout inspirait la tristesse et la mélancolie. Un silence solennel et mystérieux régnait dans ces sombres asiles du trépas ; et si quelques hommes des grandes famille de la nation élevaient des tombeaux à leurs proches où à leurs amis, c’était toujours à la campagne et loin des villes qu’ils les plaçaient : ils se plaisaient à fixer la dernière demeure des personnes qu’ils avaient chéries, dans des endroits retirés, sous l’ombrage de quelque arbre, ou sur les bords d’un ruisseau, dont ils croyaient que le doux murmure réjouissait les mânes du défunt.

De tous les peuples de l’antiquité, les Romains furent les premiers qui négligèrent cet usage d’éloigner les morts du séjour des vivans. Leur coutume était de placer les tombes des morts sur les bords de ces grandes routes, qui partaient de la ville éternelle, comme d’un centre commun, pour se rendre dans les différentes provinces de l’Empire ; ces tombes, ainsi disposées autour de la ville de Rome, s’étendaient, sur certaines routes, à plus d’une lieue. La voie Appienne était surtout célèbre par les magnifiques tombeaux qui la bordaient, et les voyageurs qui venaient, pour la première fois, à Rome, étaient tout étonnés de voir qu’il leur fallait traverser une ville des morts, avant d’entrer dans la ville capitale du monde.

Cet usage, de disposer ainsi les monumens destinés à renfer-