Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - IV 1.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PIC — 465 — PIC


ont la forme d’un plat oval qu’on tenait par le bord ou qu’on posait sur la paume de la main gauche, tandis que la main droite maniait le pinceau : c’est sur ce plateau oblong, de distensions restreintes, qu’étaient mélangées

Fig. 5653. – Femme occupée à peindre.


les couleurs, enfermées dans de petits pots ou étalées sur une table basse, placée près du peintre (fig. 5653, 5634) 1[1]. On a trouvé à Saint-Médard-des-Prés, en Vendée, dans un tombeau gallo-romain, un certain nombre d’objets se rapportant au travail du peintre (fig. 5655) 2[2]. Les plus
Fig. 5654. – Attirail de peintre (chevalet, palette, etc.).
curieux sont une boite à couleurs en bronze, un mortier de bronze servant à broyer les couleurs, un autre en albâtre, destiné au même usage, des molettes, des spatules rappelant par leur forme le κέστρον 3[3]. Une autre boite à couleurs, avec couvercle à charnières, est figurée au pied d’un chevalet sur un bas-relief jadis trouvé dans la campagne de Rome (fig. 5656) 4[4]. Ces objets, par malheur, appartiennent à une époque très postérieure à celle de la grande peinture grecque.

Nous avons dit que la couleur, chez les Grecs, servit de tout temps à rehausser les édifices et les statues. Sans nous étendre ici sur une partie de ce sujet qui trouvera plus naturellement sa place à l’article sculptura, donnons quelques renseignements essentiels. La vieille architecture en bois était certainement peinte ; la peinture y était à la fois une décoration et une préservation. Les parties de terre cuite qui entraient dans la construction des anciens temples, chéneaux, gargouilles, antéfixes, métopes (Voy. plus haut la fig. 5643), étaient décorées d’orne-


ments en couleur, grecques, losanges, palmettes, rais de cœur, etc. Les nombreux débris trouvés il y a quelques années sur l’Acropole
Fig. 5655. – Ustensiles du peintre.
d’Athènes, prouvent qu’au VIe siècles les édifices religieux y étaient entièrement peints 5[5]. Sur la persistance de cette décoration peinte dans l’ordre ionique, nous sommes fort mal renseignés ; il est cependant question, dans les comptes relatifs à la construction de l’Erechteion, de peintures à l’encaustique 6[6]. Mais c’est surtout l’ordre dorique qui semble avoir gardé longtemps le goût de la peinture. Les traces même de couleur qu’on recueille encore ou qu’on recueillait autrefois, sur les innombrables fragments d’architecture qui jonchent

Fig. 5656. – Portrait sur chevalet, boite à couleurs.


l’Acropole, en sont la preuve. Les mutules et les triglyphes étaient peints en bleu, les gouttes des mutules en rouge ; des ornements rouges et bleus, des grecques, des feuilles d’eau, paraient les chapiteaux d’ante. Mais nous ne saurions dire si le fond des métopes et celui des frontons étaient revêtus d’un ton uniforme sur lequel se seraient détachées les sculpture 7[7]. Ces différentes peintures étaient exécutées à l’encaustique 8[8]. Vitruve et Pline décrivent en détail la pratique de l’encaustique des murs 9[9]. Sous ne savons pas si les temples grecs étaient

  1. 1 Visconti, Iconogr. grecque, pl. xxxvi, peinture du Ve siècle ap. J. C. ; O. Jahn, Op. cit. pl. v, 9 ; cf. plus loin la fig. 5661.
  2. 2 O. Jahn, Op. cit. pl. v ; cf. II. Blümner, Op. cit. IV, p. 457-458, fig. 66 et 67.
  3. 3 Benj. Fillon, Descr. de la villa et du tombeau d’une femme artiste gallo-romaine, découverts à St-Médard-des-Prés, Fontenay. 1849, p 38, pl. iv.
  4. 4 S. Bartoli, Sepoleri ant. front. ; O. Jalm, Op. cit. p. 301, admet l’authenticité du bas-relief, en rejetant l’inscription comme fausse.
  5. 5 Ant. Denkm. I, pl. xviii, xxix, xxxviii, l ; cf. E. Petersen, Ant. Architekturmalerei (Athen. Mitth. XVIII, p. 87 sq.).
  6. 6 Corp. inscr. att. I, 324.
  7. 7 Voir, sur la polychromie des temples, particulièrement des temples doriques, R. Borrmam, dans Denkm. des klass. Altertums de Baumeister, III, p. 1335 sq.
  8. 8 Vitruv. IV, 2.
  9. 9 Id. VII, 9 ; Plin. Hist. nat. XXXIII, 40.

VII. 39