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chemins se couvrenl de fleurs ’.Elle les fait naître- et leur parfum imprègne ses voiles ’ ; elle est la fleurie, i-Av.x . Avec les Nymphes et les Charités, elle en tresse d’odorants chapelets, sur l’Ida ^ et elle aime, entre toutes, l’anémone, le myrte et la rose ^ Elle aime aussi les bosquets et les frais jardins" qui lui étaient souvent consacrés, à Athènes par exemple, oi^i Uranie était vénérée èv xy,-oi ; * houtls". Le rapport intime

d’Aphrodite avec la végétation prinlanière apparaît bien dans son union avec adonis’, qui en est le symbole "’. L’existence du héros est éphémère comme celle des plantes fra- giles qu’on lui dédiait à ses fêtes (lig. 113 " ; après les six mois de bellesaison, tandisque l’automne recueille les fruits et que l’Iiiver dépouille les champs de leur parure, il doit retourner dans les Enfers

Fig. 73S8. — OiTi

phrodite, dès lors, n’est plus la souriante et la dorée ’^ ; elle s’afflige de ce départ’* et se voile dans le deuil universel de la nature : elle aussi descendra chez les morts ’^. Associée au déclin de la fer- tilité, elle prendra un caractère sombre et funèbre, qui s’affirme parfois dans le culte ’% et qui fait d’elle une seconde Perséphone’^ Mais Aphrodite réapparaîtra triomphante, et c’est à cause de ce triomphe périodique qu’on la concevra sans doute comme libératrice de l’Hadès-".

I Lucr. I. 7. — 2 Pcm. Vcn. 13. — 3 Kinkcl, Êp. gr. fraijm. p. it sq. — ’ Tel élait soD iiodi daus le ctiUc de Ciios&os (llcsych. s. v.). On a rccouiiu Aphrodite, déesse des fleurs, dans une statue de bronze de style arcliaï<|uc {Gaz, nrch. V, l.’^7<), p. DVsq. pi. xvi). La lleur est souvent l’attribut d’Apbroditc dans l’art. — ^ Kiukel, Ep. gr. fragm, p. ii s(|. — 6 Ï’rellcr-Hoberl, Oji. c. p. 358 ; cf. Eur. Mel. Slu. — Slrab. Vlll, 3W ; Alhen. XIII, 57i K ; l’iiu. A’a(. hist. XIX, 30. — » Paus. I, 19, 3 ; Plin. Xat. hial. XXXVI, 16 ; Curlius, Stadig. Alli. p. .’3. —0 Decharme, Op. c. p. ISO ; Koscber, Lex. p. 398 ; l’rellcr-Uobert, Op. c p. 359. — 10 l’reller-Robert, Op. c. p. 3li2 ; lioscber, Les. p. 76 ; cf. Clianlepio, Manuel, p. 533. — *’ l)es (leurs, du blé, du fenouil, de la lailue coinposaienl les Jardins d’.Xdonis (Koscber, /.ex. p. 74). Les fêtes d’Adonis, célébrées au printemps ou â la fin de l’été, sont très netleineat liées aux pbases de la végétation (Hosclier, Lex. p. 73 ; Niisson, Op. c. p. i8 :i srj.). — ’2 On disait ’{u’Apliroditc et f’ersépbone s’étaient disputé l’enfant dont la beauté les avait charmées ; Zeus décida qu’Adonis partagerait son eiistcncc entre les deux déesses (Preller-Koberl, Op. c. p. 360 ; Roscber, Z.cjr. p. 70) ; Studniczka, Jahrb. Inst. 1911, p. Ut sq. Ou racontait aussi, qu’après la mort d’.donis, Aphrodite obtint sa délivrance des Hnfers, à con- dition qu’il reviendrait faire chaque année un séjour au|>rcs de Perséphone (Ko- scher, Ui. p. 7i). — 13 Prellcr-Roberl, Op. c. p. 3iit. — •’ V. pcut-éirc Aphrodite pltuiantAdjnis, Gaz. arch. I. 1875, pi. 26. — tj Pourobtenir la délivrance d’Adonis disait-on (Roscher, Lej-. p. 7i ; Gruppe, Op. c. p. Stj>, a. i). — ’6 KPe élait vénérée sous te nom de Me’asi*’. ; à 1.1oriulhe et à Thespics (Paus. Il, i, i ; IX, i’, 5), et en Arcadie (Paus. VIII, 6, 4) : on l’appelait aussi EioTÎa cl Nuïtïs-’ii (cf. Ciruppe, Op. c. p. IlSS.n.îeliïl. n.3). — l7Gruppe,0/,. c. p. 135s ; cf. Panofka, Berl. Winckel- ma..nspr.l83l,p. iii>. :iUuT,Op. c ; I, p. 481 ; Kôrte, Arch. Slud.f.Orunn.p. 31 ; Roscher, Les. p. Wti ; v. Prolt, Alh. ititt. XXIV, 1899, p. iOO. Il est possible que. dans la civilisation béotienne, Aphrodite associée à Ares ail eu une signilica- tion chllioniennc ((iruppe. Op. c. p. I3CJ). Sur le caractère funèbre d’Aphroditc- Ariaoe, dt)nt on voyait le tombeau à Chypre (Plut. Thés. 2u), v. WulIT, . ?«r r/.e- sfujsaje. p. Il» sq. — ’«Culte d’Aphrodite ’E-i-jiiSIa à Delphes, auprès de laquelle on invoquait les morts (Plut. Qa. Bam. fi). Peut-être faut-il voir daus la M.)9sû de Sparte, non unç déesse de la beauté ^Roscher, Lux. p. 401 ; Prcllcr-Kobert, Op. e. p. 368). mais une déesse funèbre (firuppe, Op. c. p. l3Ci, n. 3). Il n’y a pa«, semble-t-il, à tenir compte à ce point de vue de l’Aphrodite Tv^lôi^çu/^ ; d’Argos (Roscher, Lex. p. 40i : Gruppe, Op. c. p. 13.8, n. I ;. — 15 Prcller-Robcrt, Op. c. p. 364, 388, n. I et 853 ; Gruppe, Op. e. p. 1338, n. I. La grenade et la colombe sont des altributs communs aux deux déesses. — 2o Gruppe, O. e. p. 865, n. 4 et p. 1357 el n. 3. — î’ 'Eçî ntv ifr ;i ^iian- rcZact : itim. t ;~ ; t ! y"’«'

Vi ;« ?«.ii !« ;«•>/ TuicT.... (Acscli. DanaiJ. fr. 44 .Nauck^ ; cf. Virg. Gtorg. Il, 3i3 sq.).

4. Aphrodite déesse de la fécondité, du mariage et de la famille. — Le réveil des énergies végétales n’est qu’un des aspects de l’influence exercée par Aphrodite sur tout ce qui participe à la vie. C’est la forme élémentaire de l’impulsion générale des êtres à propager leur espèce ; les poètes, dans leur langue imagée, lui donnent comme principe une forme supérieure du même instinct.

en disant, qu’au prin- temps, le ciel véné- rable et la terre son épouse sont transpor- tés d’amour el désirent s’unir -’. Aphrodite inspire à toutes les créatures le penchant sexuel et elle pré- side • à leur fécon- dité -^ ; on peut voir dans tel détail du mythe de sa nais- sance un symbole de cette fonction -■’. Les oiseaux de l’air, toutes les bêtes de la terre ferme et de la mer ont le souci de ses travaux -’. Quand elle passe sur l’Ida, elle jette le désir dans la poitrine des loups, des lions, des ours, des léopards, et tous, à la fois, s’accouplent dans les vallons ombragés". On consacrait, d’ailleurs, à Aphrodite les animaux de nature ardente ou prolilique, le bélier par exemple et le bouc, le lapin et le lièvre, la colombe et le passereau ’=. Chez l’homme, c’est l’union stable et légale des sexes qui assure la perpétuité de la race. Aussi Aphrodite est- elle une divinité de la famille el du mariage. Elle veille

— •M Eur. aipp. 418 ; Orph. hijmn. LV, .’i ; Pcrv. Vcn. 03 ; Apul, Mel. IV, i’.i ; cf. Decharme, Op. c. p. 193 ; Roscher, Lcr. p. 398-99 ; Preller-Koberl, Op. c. p. 354 ; Gruppe, Op. c. p. 1330. La pomme et la grenade, fruits auxquels on supposait une vertu aphrodisia<|ue. jouaient un rôle dans le rituel du mariage (Gruppe, Op. c. p. .384 et n. 7 ; p. 1350, n. 6). La ponumc est fréqucmnicnl l’allribut d’Aphrodile dans l’art (statue de Kauachos à Sicyone, Aplirodilc des jardins d’Alcamènc, Vénus do Milo ; cf. /ïei’. arch. 1902, II, p. 223-31), cl il y avait, à Magnésie du Méandre, une Aphrodite M ;,ii !.« (Furlwânglcr, Meislerw. p. 624, n. 2). Les anciens ralta- cliaicnl à ce caractère d’Aphrodile la concoplion de V Aphrodite an’lrogijne attestée, sous le nom d’Aphrodilos, à Chypre, où celle divinité élait l’objet d’un culte el de fêles, liile pénétra ensuite à Argos et même à Allièucs, où on la repré- sentera en forme dHcrma. Gel Aplirodilos eu forme d’Ucrma ou, si l’on préfère, cet Ucrma-Aphrodilos donnera naissance au personnage d’Hermaphrodite, élra également androgyne, dont on fera plus lard le (ils d’Hermès el d’Aphrodile ’v. Prellcr-Roberl, Op. c. p. 509-310 ; Roscher, Lex. p. 2314 s<|. ; Wissona, /leid- linc. c. 2794 ; .Xilsson Op. l. p. 309 sq.). On conçoil que le double sexe fasse d’une divinité un symbole plus parfait de fécondité (Koscher, Lex. p. 2310) ; Gruppe croit, cependant, que la Vénus Androgyne proviendrait plulol de considérations astronomiques (v. p. 723). .Nilssou .ndinet que ce caractère <lc la divinité a son ori- gine dans le rituel du mariage, <|ui comportait un échange de vOtcmcul eiilrc les deux sexes (Op. c. p. 369 sq. ; p. 37 4). — ’23 iNotons, i ce propos, l’élymologic donnée par Hésiode (TAcoy. 200) à l’une des épithètcs d’Aphrodile : <t’i'»» ;i ;»r,S.’«, Su |ir,Si...-. i-t=i«--i)r.. Sur le phallosdans le culte d’Aphrodite, v. .Nilsson, Op.c. p. 305 ; Gruppe, Op. c. p. 8C6, n. 2. Aphrodite apparaît aussi auprès des divinités ilhyphalliques (Gruppe, Op. e. p. 833, n. 3 ; p. 85-> ; cf. MûUer-W iescler, Op. c. IP, p. 190 a ; .Wrm. de la Société d. ant. de Fr. 1S78, p. 105, pi. n). — 2’ llom. Uymn. V, 2 sq. — -’» Jd. 69 sq. — 26 Roscher, Lex. 1, p. 398 el 404 ; Wissowa, Ilcai-Enc. I, p. 27C7 ; Gruppe, Op. c. p. 1350, n. 7. Ces animaux figurent souvent dans l’art comme allribiits d’Aphrodile. A Élis, VÉpitragin de Scopas chevauchait un bouc (Paus. VI, 23, Il ; un lièvre est bloUi sous le siège d’Aphrodite, sur un relief de la villa Albaui (Roscher, Lex. 1, p. 399) ; la colombe apparaît frérpiemmcnl daus les images archaï- Mues de la déesse (v. nos fig. 7393, 7394) el sur les monnaies (Gruppe, Op. c. p. 1330, n. 7). - « Decharme, Op. c. p. 195 ; Roscher, Lex. p. 399 ; Prcller- Robcrt, Op. c. p. 3.37 et 377 ; Gruppe, Op. c. p. 1330. A Gaza, on consultait Aphrodite avant le mariage {Acta Hanct. VI, p. 660) ; elle élait invoquée, à .aupacle,parles veuves désireuses de se remarier (Paus. X, 38, 12) ; à Herraionc, on lui sacrifie avant le mariage (Paus. II, 3K 12). Cf. Paus. Ul, 13, 9 ; Diod. V, 73’. Hes. . !. V. Oi-/.i ;«~-/ i.«5» !< ; Arlcmid. Il, 37 : ;»4>..ijîo Si -ij»»’. -tfl ^i.^<,•li.EUe apparaît déjà dans iOdyuée comme protectrice du mariage (5, 42 !» ; 20, 74 ; 22, 470,.