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— Aphrodite de Cnidn

supposait prendre part à un voyage annuel de la déesse. A l’époque de son départ ( ’AvaYwyî)- quand elle était censée se retirer en Libye, ses oiseaux deve- naient invisibles ; neuf jours après, une colombe qui surgissait de la mer revenait au temple, bientôt suivie des blanches messagères, annonciatrices du retour divin (Ka-ïvcoyiil ’. Il y avait encore des cultes impor- tants d’Aphrodite à Ségeste-, àNaxos’ et à Palerme*. C’est vrai semblablemen là Ilybla qu’il |î faut localiser la fête décrite ^ dans le Pervigilium l’eneris, peinture intéressante des plaisirs nocturnes chers à celle qu’un hymne orphique appelle ci’.À07rivvu/i ; ^ : pendant trois nuits, des groupes joyeux er- raient en chantant, sous le couvert des myrtes, dans le bois sacré de la déesse ". Nousavons rappelé, à propos des difTérents sanctuaires, les principales fêtes d’Aphrodite. Il conviendrait d’y joindre les Adôîiies où on la célébrait en divers lieux, comme Chypre, Athènes ou .lexandrie, à côté de son bien-aimé [adonis]. Les Adônies n’avalent d’ailleurs, comme la plupart des fêtes précédentes, aucun caractère public ■*. En dehors du culte proprement dit, les fêtes d’Aphrodite, qui, sauf de rares exceptions, ne sont dési- gnées que par le terme général d’Ap/irndisia, n’ont été le plus souvent que des réjouissances populaires ou des pratiques particulières à certaines associations ", qui n’intéressaient point la vie de la cité. Les courtisanes les accaparèrent ’", et l’on finira par nommer Apliro- disia toute partie de plaisir ".

IV. Aphrodite dans l’art. — On fait généralement déri- ver de la Babylonie et de la Chaldôe le type le plus ancien d’Aphrodite, caractérisé par une complète nudité’-. Les images d’Istar dépouillée de ses vêlements ’^ auraient été imitées en Phénicie et à Chypre, et se seraient dissé- minées, par l’intermédiaire de ces pays, en diiïérents points du monde grec ". La nudité est le Irait commun aux plus anciennes images de cette déesse de la nature

fAlhen.n. p. 39i, F ; Acli.111. r. /(is(. I, i :.at.an. IV, i : X,HO ; cf. Mlsson, O//. c. 37 i. — 2 Corp. iitsc. gr. 5o43. Temple fondé par Knéc (l)ionys. Halic. Ant.rom. I, 53). — 3 Avec les lif^a. .«,« (Appian. Prov. 1, 72, p. 3’.I0, 15 ; Epicli. fr. 103 ; Paroem.Alh. 116). — ’Saph.fr. Gap.Strab. 1, 40. La liHe d’Aphrodite figure sur les monnaies de Panormos(Ca/. coins Itr. Alm.^ •*>icity, 123. 25) comme surcellesd’Éryx (Op.e. 02, 4.5 ; C3, U ; M, 18). — s Orp/i. hymn. 35,2. —^Pfrr. Yen. ii ; cf. Nilsson, Op. c. p. 377-78. -7V. Dccharme, .Vijlh. p. «92 : l’rcller-Hobert, Gr. Mijth. p. 361 sq. ; Uosclier. Lex. p. 73 : .Nilsson, Op. c. p. 383-S6. — 8 Nilsson, Op. c. p. 385 ; cf. p. 37i. — V. sur les Aphrodisiastai Slengel, RealEnc. p. 2727 ; cf. Foucarl, Assoc. rel. chez les Grecs, p. 87 et 197. — lO plaut. Poen. I9U. — 1* Plut. Cim. et LucnU. I ; Son passe suav. vivi sec. Ep. 16 ; Art ssni ger. resp. 4 : Alhen. 111, 101, E ; IV, 128, B ; V, 207, E. — 12 Furtw.ingler, ap. Ros- cher, Zer. p. 406 sq. ; DOmralcr, Tîeaf-Ê’nc. p. 2776 ; Gruppe, Op.c. p. 1308 sq. ;cf. p. 1369, n. I. — 13 Ces images représenleraieut Islar qui s’est dépouillée pièce à pièce de ses vêlements pour se plonger dans les Enfers, à la recherche de Dou- mouii (Gruppe, Op. c. p. 1369 ; v. là-coulre, S. Keinach, /lev. arcli. 1595, I, p., 374 sq.). — 1^ S. Keinach a essayé de prouver que la déesse nue des cylindres labyloniens est une reproduction de statues importées ; l’origine du type nu devrait être recherchée dans l’art égéen. qui l’avait répandu dans les contrées orientales, en particulier à Chypre et en Phénicie, d’où il aurait ensuite rayonné vers l’ouest (Les déesses nues dans l’art oriental et l’art grec, Hev. arch. 1895, 1. p. 36T sq.). Mais cf. Sarzec et Heuzey, Découvertes en Chaldée, p. 310 sq., et (1. i’ontenau, La déesse nue babylonienne, 1914, d’où il résulte que le tvpe de la déesse nue est en Orient plus ancien que les produits égéeus. — 1^ Heuzey. Terres cuites du Louvre, pi. n, f. 4 = Perrol-Chipiez, Hist. de l’art, II, f. 16 ; r. 298 : cf. p. 82 cl 607 ; VI, p. 652. Types analogues en Lydie et i :arie, v. Perrol- Cbipicz, Op. c. V, f. 209, 210. — 16 Exemplaire d Hissarlik. Perrot-Chipiez, Op. c. VI, p. 653, f. 295. — 1^ Perrot-Chipiez, Op. c. VI, p. 652-33, f. 293, 294. L’image, estampée dans une mince feuille d’or, représenlc la déesse nue, prenant ses seins

et de la fécondité, que les peuples orientaux ont adorée sous divers noms. Nous en possédons de curieux exem- plaires provenant de Susiane et de Chaldée ’% d’Asie Mineure’", de Mycènes" et surtout de Phénicie’* et de Chypre". L’Aphrodite chyprioLe (fïg. 7392), type achevé de ces figurines primitives, est représentée debout, les hanches puissantes et le sexe fortement accusé. Ses deux mains sont posées sur sa poitrine, comme si elle voulait presser son sein-". Il se peut aussi que parfois une des mains ait été portée vers le bas-ventre pour attirer, semble-t-il, l’atten- tion vers la source de la fécondité^’.

Au contraire de r.phro- dite orientale, l’AphrOdile de l’art grec archaïque ap- paraît toujours vêtue -- ; mais quelques représen- tations de l’archaïsme le plus ancien rappellent encore, par leur attitude, celles des âges antérieurs. Les deux bras restent posés sur la poitrine -’. ou bien l’une des mains est abaissée pour retenir les plis du vêtement -’. 11 arrive aussi qu’une co- lombe est placée sur le bras relevé comme dans une llg’urine du Louvre ^" (fig. 7393) et, plus tard, dans le beau torse du Musée de liyon (fig. 7394) -’"'. D’autres fois, la déesse tend un(3 (leur ■’ ; la statue de Kanachos, à Sicyone, difl’éronlc des images précédentes par sa position assise -’, avait comme attribut une lleur de pavot-’.

Le type ionien s’est longtemps perpétué pour repré- senter la cptXou.u.E’.S’/i ;’"' ; cependant quelques supports de miroir nous font assister à une simplilicalion progressive", et l’on discerne plus de gravité dans la

des deux mains, avec h colombe eonimo altribut. — 1» Perrot-Chipiez, Op. c. 111, f. 20 ; f.3»a.— >9 Perrot-Chipiez, Op.c. III, f. 375 ; liosclier, iex. f. p. 407 ; Heuzey, Op. c. pi. IX, f. 4 el 5 — Perrot-Chipiez, Op. c. III, f. 321 et 379 ; cf. f. 291. Notre fig. 7392 = Perrot et Chipiez, Hist. de l’art. 11 !, fig. 321 (terre cuite du Louvre).

— 20 On a trouvé des statuettes analogues dans les lies grecques (Woltcrs, Ath. .]Jitt. XVI, 1891, p. 40 sq.). — 21 Cesnola, Cypr. p. 275, mais discutable ; v. Perrot- Cbipicz, Op. c. III, p. 550. Les exemplaires plus nets (Heuzey. Op. c. pi. iv, f. 7 = Perrot-Chipiez, Op. o. III. f. 381, figurine où Curtius voyait le prototype phirnicien de la Vénus île Médicis, Arcli. Zeit. 1869, p. 03 ; et Heuzey, Op. c. pi. x. f. 7 = Perrot-Chipiez, 0. c. III, f. 382) sont vraisemblablement d’époque très posté- rieure. V. Heuzey, p. 4 et 8 ; Perrot-Chipiez, 111, p. 356-539. — 22 Uoschcr, Le.e. p. 408 (Furtwiingler). .otons que, par exception, la déesse orientale se voit aussi vêtue (v. par ex. Heuzey, Op. c. pi. ii, f. 7). — 2’.J Cesnola, SalamJnia, p. 202.

— 21 Ausgr. r. Olymp. III, pi. 24. — 25 Heuzey. Op. c. pi. xn, f. 5 = Perrot- Chipiez, lli, r. 142. Notre fig. 7393 = Duruy, Hist. des Grecs, I, p. 192.

— 20 Gaz. arch. 1876, pi. 31 ; Collignon, Hist. de la Sculpt. grecque, I, f. 90. S. Keinach. /(épert. de lastat. I, p. 337, pi. 620 A. Il faut en rapprocher une stalucltcde Sanios publiée par Furlwàngler, .l/eis/erut. p. 710, f. 138. Ily a deiiombreuscs terres cuites analogues (FurtwSngler, ap. Koscher, p. 409). Notre fig. 7394 = Collignon, .Sculpture grecque, I. fig. 90. — 27 Furtwiingler, p, 409-410. Aphrodite ten- dant une fleur ou une colombe est un motif utilisé au vi* et au v» s. pour les supports de miroirs (Uumant-Cbaplain, Cér. de la Gr. propre. II, p. 249 sq. ; cf. S. lieinach. Rép. de lastat. Il ’, p. 327 sq.). V. un intéressant relief de terrecuitc de l’Italie méri, dionaleoù Aphrodite tient une fleur de grenadier (.4 nn. d. Inst. 186", pi. d ; cf. Kos- cher, Lcr. f. p. 1332). — ’28 (Juc l’on remarque, d’ailleurs, dans quelques statuettes orientales (v. par ex. Heuzey, Op. c. pi. xi, f. 51. - 25 Paus. Il, 10. 3. - 30 /icnl- Enc. p. 2780. — 31 Dumont-Chaplain, Op. e. p. 249 sq. ; comparer pi. xxxiii et xxiiv ; V. S. Keinach, Op.c. I|l,p. 327, n. 8, 9 ; p. 328, n. 7,8 ;p. 329, n. 9. etc. V. unpetilbronzodclacollcclionCarapauos(ifaW.corr.AeH. XV, 1891, p. 46l8q.pl.ix,x.

— Uépliq IcI’Aphi-o.lile

de l’raMtèlo.