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M1. — L’aulel de W-sla devatU

son lemplc.

VES - ’51

identifiée avec Thémis ’. Sur le bas-relief emprunlé à un TTsçiurôfAtov de Corintlie, qui représente le cortège des douze grands dieux, on est en droit de nommer Hestia la figure qui marche derrière Héraklès ; la tète manque, mais l’ample draperie jetée sur la tunique remonte en forme de voile ’. Enfin on peut citer le bas- relief originaire d’Albe qui représente le cortège des dieux : la femme qui mar- clie devant Zeus et tient un sceptre est Hestia et non Rhéa, comme on interprète d’ordinaire ’. A Rome, les représen- tations de Vesta sont, pendant longtemps, beau- coup plus rares que celles des autres divinités de premier rang. C’est ce qui explique qu’Ovide aitdif’ : " Dans mon ignorance, j’ai cru qu’il existait des images de Vesta ; je me suis bien vite convaincu qu’il n’en existe aucune sous la coupole de sa rotonde. Dans ce temple on cache le feu, qui ne s’éteint jamais ; mais Vesta n’a pas plus d’image que le feu lui-même. » Ceci n’est exact que de VAecics Veslae, proche de la maison des Vestales ^. Sous la République, la figure de Vesta sur les monnaies est à peine caractérisée et rare. Jordan con- jecture que son image fut empruntée à des modèles grecs * relativement tard, après la bataille deTrasimène, pour le leclislernium célébré en l’honneur des douze grands dieux, et après consultation des livres Sibyllins. Quanta l’opinion d’Ovide, elle s’explique, si l’on songe que les Romains, pendant près de deux siècles, prati- quèrent un culte sans images, les dieux les plus émi- nents n’étant représentés que par des symboles  ; le culte de Vesta, placé sous la surveillance du Grand Pon- tife et des Vestales, devait, moins que tout autre, déro- ger à la plus antique tradition*. On admet cependant que la Vesta, tantôt debout, tantôt assise, qui figure sur les monnaies, reproduit une statue élevée, non pas à l’intérieur du temple en rotonde, mais sur l’autel d’une édicule qui s’élevait tout proche, à l’entrée même de la maison des Vestales ’. L’édicule est représentée sur un médaillon à l’effigie de J.ucilla, sœur de Commode ; on voit les Vestales qui, groupées autour d’un autel qu’abrite un toit conique, font deslibations en l’honneur de la déesse (fig. lil-l)’". On a même supposé que la figure de femme assise, drapée, les pieds appuyés sur un suppodaneum, qu’on a retrouvée dans la maison des Vestales, pourrait être un débris de l’antique idole ".

Les monnaies de la République portent au revers

I MuclIcrWiescIcr, Denkmaeler, II, p. 13 :; u" I !l7, Tali. XVIII. Cf. 0. Mucller, Handbuch der ATChtti !ol.%Ziil ; Premier, //ts(iM- lesVa, p. 178, iiol. I ; AUrciis, Die Goeltin Tliemi», p. 5i. A comparer d’une part avec la Vesla Giu6- liniani et de laulrc avec celle du Grand Aulel des Douze Dieux, JUtitée du Lourn. ; Clarac, pi. 174, 14. —S Mueller-Wieselcr, iliid. I. pi. xi, H. Cf. lautel du Louvre, ibid. pi. xii, a’ ii et p. 8. — 3 VVcIckcr, Atle Venk- maekr. II, 18 ; ot Goelterlehre (du même). II, p. G9C. — » Ov. Faat. VI, 395. — 5 Thédenal, Le Forum romain, p. 87. — 6 Jordan, Uerliner Winckcl- manns Programm. i !S6i.Cf. T. Liv. XXII, 10, 9. - 7 Aug. Cic. Z). IV, 31, ÏO, d’apris Varron ; Clem. Alex. Strom. I, 15. 71 ; Tcrlull. Apolog. 25 ; Arnob. Adi : gent. C,

11. Cf. Marquardt, floem. Hiaalsv. III, p. 5 «Plut. Corn. 20 ,C. 9 V. Cic.

Sat. deor. III, 3i, 80 : ante simulacmm Vestae : Beorat. lll, 3, 10 ; Flor. III, il

VliS

l’image du vieux temple de Vesta, sous la forme d’une hutte conique ; au droit, une de ces monnaies porte la tète de la Liberté, l’autre celle de Vesta coifTée du si/ffl- bulum (fig. 7il3j. Le temple et l’effigie rappellent un procès intenté aux Vestales, en H3 av. .J.-C.,’par C. Cas- sius, dans l’intérêt delà démocratie ’-. U tendait à consa- crer le droit souverain du peuple, soit d’absoudre, soit de condamner, s’il croyait le jugement mal rendu [virgo VESTALis]. Pour la caractéristique de Vesta, ces mon- naies sont de peu de valeur ; seule la coilTure offre quelque intérêt, parce qu’elle se rapproche de celle des Vestales, dont il sera question plus loin fviRC.o vestalis]. A partir du V" siècle de Rome, la pénétration mutuelle des deux religions, grecque et romaine, eut pour efl’et de mettre en commun, non pas seulement dans la légende et dans le culte, mais surtout dans la représentation plas- tique, les traits qui distinguaient Hestia et Vesta de part et d’autre. H se produisit même un phénomène assez rare dans l’histoire des deux religions : c’est que celle de la Vesla romaine réagit sur celle d’Heslia dans les pays grecs. Porphyre, le néo-platonicien célèbre, qui, au 111= siècle, enseigna à Rome et en Sicile, dit d’Heslia qu’elle est le principe conducteur de la puissance terrestre et il ajoute « que sa statue virginale, sous les traits d’une femme aux fortes mamelles, se dresse devant le feu qui brûle au foyer ’^ ». Pareille coutume, et sous celte forme, est alors chose toute romaine ; elle évoque le culte qui, dans chaque maison de Rome, associe Vesta aux Lares ’ '. En Grèce, elle continue, il est vrai, à présider dans lès Prytanées d’un grand nombre de cités ; mais elle est de moins en moins l’objet d’un culte domestique ’°. A Rome, dans le même temps, elle est, au sanctuaire du Forum, entourée d’une telle vénération en tant que divi- nité nationale, elle lient une si grande place dans la religion domestique avec les Pénates et les Lares, et surtout elle prend du fait de ses ministres féminins dans la maison des Vesta- les, vierges et peu s’en faut recluses, une signifi- cation de si attrayant mys- tère, que devant l’opinion du monde civilisé elle

éclipse rUestia grecque, demeurée abstraite et par là même indifférente à la piété des foules.

Rare sur les monnaies de la République, l’image de Vesta, des Vestales et des épisodes de leur culte se mul- tiplie à partir du règne de Caligula. La déesse y figure tantôt assise, tantôt debout, toujours voilée, sévè- rement drapée, avec les attributs de la patère, du flam- beau, du sceptre, du suffilniinm et aussi du Palladium : fatale pignus imperii. Ces attributs, les monétaires les empruntent pour la plupart à la statuaire grecque ’°. Un

T. Liv. Epit. LXXXVI : le Ijrand Ponlife Mucius Scacvola massacré m vestibido aedis Vestae. — 1^ Colieu, AJonnaies impériales. Commode (Lucilla), Deacript. 10.5 ; noire lig. 741i d’après un original du Cab. des médailles. Cf. Orelli, Inscr. 877. _ Il Jordan, Der Tempet der Vesla, pi. x, fig. 14 ; cf. Tliédcnat, Le forum de Home, p. 324. — ’2 Babelon, Monnaies de la Hépubliqnc, I, p. 331, ii" 8 = notre flg. 7413 d’après un original du Cab. de- médailles. Quatre deniers (plus lard reslilués par Trajan), n»’ 8 et 9 ; II, 473, n’ 6 (Sulpicius Galba, 09 av. J.-C) ; denier restitué par Trajan. V. l’introduction de Babelon, p. XLVll. — 13 Porpbyr. ap. Euseb. Praep. evanq. 3, p. 109. — " phnatbs, IV, 1, p. 3s,0 sq. — li Poil. I, 7 ; IX, 40 ; Dion. Hal. II, C’i ; Polyb. XXIX, 5, 0 ; Arte- nii.l. Il, 37 ; cf. supra et Symmacli., Episl. IX, 118, 119. — 16 Cf. Prcllcr- Joidan, lIoem.Myth. II, li)4, nol. 1.

l’ig. 7413. — Vesla, son Itniplc el ses atU’ibuls.