Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VES

— 705 —

VES

nairemenl blanche ou d’un Ion crème ’, mais le manteau est toujours coloré. Les nuances les plus appréciées sont le pourpre, le bleu, le violet, le safran et plus rare- ment le vert olive.

Telles sont les caraclérisliques essentielles du vête- ment grec : il est, à travers les siècles, semblable à lui- même et fidèle aux formes élémentaires ; il est simple et peu chargé d’ornements, enfin il n’a pas de forme par lui-même, comme le costume ajusté et cousu des modernes. L’himation, la chlamyde du guerrier, enfin le péplos ne présentent de différences que par l’emploi de la fibule. Il dépend donc de celui qui porte ce vêtement de lui communiquer la beauté et en quelque manière la vie -.

1. — Epoque primitive et Iwmérique. — On admet généralement^ que le costume hellénique des deux sexes est composé, à l’origine, d’une pièce unique, un grand rectangle d’étoffe de laine, servant de couverture de lit aussi bien que de vêtement. Ce manteau est vrai- semblablement superposé à un pagne [pallium, p. 285]*. C’est le costume auquel les Laconiens restèrent fidèles et dont se contentèrent toujours les travailleurs, les escla- ves, et tous ceux qui faisaient profession de vie simple (fig. Si71, 71.56).

L’épopée homérique, qui décrit la civilisation des Éoliens et des Ioniens d’Asie du ix° au vu" siècle, nous fait connaître une société singulièrement éprise du luxe et de l’élégance de la toilette % comme l’atteste le retour fréquent desépilhètes euTteirAoç, e’jÇcovoc, xaXXt’Çiovo ;, xaXX’.zpiîSsavoç, elc. Les vêtements sont fournis par l’in- dustrie domestique el les importations phéniciennes". Le costume des hommes comprend les deux pièces essentielles : la tunique (/itwv) , vêtement de dessus, et le manteau (/Xaïva, aSpoç) " (fig. oi-jS). Le chiton, plus ou moins long, se porte sans ceinture el n’est relevé que pour la lutte et les travaux pénibles (fig. 7161, 7162). Le manteau est drapé symétriquement, couvrant le dos et ne faisant que très peu de plis (fig. 71.jS). Le chiton, fait de toile de lin, reste blanc. La chlaina, faite de laine épaisse, est le plus souvent rouge ou pourpre, parfois ornée de dessins géométriques ou même d’ornements figurés (fig. 5450). Au manteau de laine on peut substi- tuer une peau de bêle (lion, panthère, loup, fig. o’iOO). Les bergers se contentent d’une peau de mouton ou de chevreau. Le vêlement de cérémonie est composé de la tunique longue et du oàpcç, manteau peut-être fait de toile, qui parait avoir été l’apanage des princes(fig. 5458). Les travailleurs des champs ne portent qu’une simple tunique, peut-être analogue à l’exomis (fig. 7167)’ de l’époque classique ; leurs pieds sont défendus contre les épines par des guêtres [ocre.a] el leurs mains par des gants’" (/E-.pïS :;) [manica].

Le vêlement de dessous des femmes (éavjç, tietiXo ; et

1 Les jeunes filles cl les eufaiils porlelit souvent des tuniques de couleur.

— - V. les cODSidérations fort justes de Deouna sur l’expression de la draperie : L’arcliéoloijie, sa valeur, ses méthodes, l. lll, p. iil sq. — 3 V. par ci. Slud- niczka, Deitrâge :. alt^ricch. Traclit, pi. n el p. 83 sq. ; Lechat, An Musée de l’Acropole, p. 190. — * Le pagne est la principale pièce du costume masculin d’epoquc Cretoise et mycénienne que cous font connaître les monuments. — ô Cf. Ercal. Pour mieux connaître Homère, p. 6ii sq. — 6 Pour tout ce qui concerne le vêtement homérique, Helbig, L’Épopée Itomêrique, est un excellent guide, mais l interprétation des toiles par les monuments figurés est souvent contestable.

— : V. THMCA, p. 535. — 8 V. PAI.LIUM, p. ÏS5-28C. — 9 V. Tusrc*, p. 538.

— 1" i ;’cst dans ce costume que nous est présenté le vieui. Laerie : Od. XXIV, iô". — " Helbig, Op. I. p. 251. Le pliaros, comme le cliilon, est vraisembla-

même œîpo ;) " correspond exactement au chiton des hommes, toutefois avec celte différence que le chiton est cousu, tandis que l’héanos et le péplos sont retenus au moyen d’agrafes disposées sur le fianc ’^ [péplos, p. 382]. Ce vêtement, serré à la taille par une ceinture, laisse les bras nus el tombe jusqu’aux pieds. La couleur du péplos est très variable et souvent bigarrée (fig. 5558) : Homère emploie pour le caractériser les épithètes itoixîXo ; et 7rau.TrotxiXoç. Sa matière est certainement la laine. La ceinture qui le relient ( ?wvt,)" est parfois garnie de franges [pimbriae] ou de lames de métal, selon le goût oriental. Enfin le costume des femmes, outre le manteau, qu’elles disposent de façons fort variées, et dont elles enveloppent parfois leur tête pour se garantir du soleil ou des intempéries (fig. 5472, 5473), comporte aussi un grand voile [velamenj, qu’elles jettent sur leurs épaules lorsqu’elles se disposent à sortir (KfvîÔEpov, xaXiJTtTpT), jcyXu^njjLa). Posé sur la tête et pendant sur les épaules el le dos, ce voile laisse le visage découvert (fig. 4162, 4169, 4175, 4176).

Par l’épopée nous connaissons les pièces essentielles du costume grec, que nous retrouverons identiques, à toutes les époques, jusqu’à la fin de la civilisation hellénique. Mais le costume homérique ignore le prin- cipe de la draperie librement plissée et adaptée aux formes du corps ; il est raide et compassé. Il est tiré de fa( ;on à éviter les plis ou disposé avec une symétrie rigou- reuse (fig. 5558, 7158). C’est à l’âge suivant qu’appartient la gloire d’avoir fait du costume une œuvre d’art sans cesse mobile el sans cesse renouvelée.

2. — Epoque archaïque Jusqu’aux //ueri’es ntediques (vn^ el vi" siiîcle.t). — L’Iiorizon du mondegrec s’élargit ; le développement de la navigation, la formation de nom- breuses colonies révèlent des pays inconnus, qui fournis- sent à la civilisation hellénique des éléments nouveaux. L’initiatrice est encore l’Ionie, en contact direct et per- manent avec les royaumes à demi barbares de l’Asie Mineure, notamment avec la Lydie, patrie fabuleuse du luxe et de la mollesse [piirygio, p. 447] ’ Les colonies ioniennes el doriennes de la Méditerranée occidentale ’°, enrichies par le commerce, el les villes où régnent des tyrans s’adonnent avec prédilection aux industries de luxe. Les pays grecs ne sont plus tributaires de la Phé- nicie et de l’Egypte ; Milet répand au loin les produits de son industrie lexlile’". Au milieu du vi’ siècle, il semble que les modes ioniennes aient gagné toute la Grèce con- tinentale ;seulsles pays laconiens, commeCorinthe, Argos elÉgine ", sont restés fidèles au costume traditionnel, qui désormais reçoit le nom de dorien i péplos, p. 382J : le péplos de laine porté directement sur la peau. Athènes adopte d’abord le chiton de toile, qui se porte comme une cliemise sur le péplos, mesure transitoire qui prépare l’adoption totale du costume ionien ". Un célèbre récit

blemcnt nommé, d’après l’étolTe, par des mots qui n’appartiennent pas au vocaitu* Uiie grec ; cf. Bérard, Les Phéniciens el l’Odyssée, t. I, p. 410 sq. — ’2 Telle est bien la différence essentielle entre le vêtement dit ionien, fait de toile el cousu, el le vêtement dit dorien, fait de laine et agrafé. 11 est remarquable (|ue les poèmes homériques n’emploient le mot ■f- :<àt r|ue pour le costume masculin.

— 13 L’épilhète fiafj Jv-"’î prouve que, comme les Égéenues, les femmes de l’époiiuc homérique se serraient très fortement la taille. Cf. Helbig, Op. l. p. 2fi4-2C5 et 288. — 11- Cf. Busolt, Griech. Oesck. I, p. 330. — ’^ Cf. Lenorraant, La Grande Grèce, I, p. 263 sq. ; Busolt, 11, p. 236. — <•• Cf. Atficn. XU, 17 ; Uiod. Xll, 21, I.

— Il Au témoignage d’Hérodote (V, 87-88) il en était ainsi de son temps.

— 18 Lechat, Au Musée de l’Acr. p. 190. L’ancien costume atliguc est porlé par quelques Corés du Musée de l’Acropole, iiid. p. 186 sq.