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irHécodole ’ prétend expliquer celle révoliilion parl’in- tei-diclion faite aux femmes de porter les longues épingles qui servaient à fixer sur les épaules le péplos dorien^. Thucydide nous fournit des renseignements analogues sur l’évolution du costume masculin ^. Voici les caractéristiques du vêtement ionien au vi^ siècle. Pour les hommes, le chilon de lin est le vêtement essentiel : il est porté court pour les occupations quotidiennes et flottanl comme vêtement de cérémonie. Sur la tunique on jette l’ample chlaina de laine, qui, pour l’équilalion, est remplacée par Ihi’hlamys, empruntée aux peuples du Nord, Thcssaliens et Macédoniens *. Le fait essentiel pour l’iiistoire du costume est l’abandon de l’antique symétrie dans le port du manteau. On cesse de ramener en avant les deux pans égaux de la pièce d’étoffe : on drape désormais l’himalion autour du corps en prenant appui sur une seule épaule (comparez les lig. 5138 et

Dans le costume féminin à l’ionienne le long chiton de lin s’est substitué à l’ample péplos de laine ( fig. ."ii39 i •■’. 11 est serré à la taille par un cordon qui cache le kolpos. Somme toute, il ne diffère en rien, sauf par la matière et par la disposition des manches, du péplos fermé qui constituera le costume des femmes au v" siècle (fig.oo59 à oo6o). Il est décoré, au milieu, d’une large bande verti- cale, la Trasui/fi, qui porte un décor le plus souvent géo- métrique, et de deux bandes brodées l’une au bord supé- rieur, l’autre au bord inférieur (fig. o4o9). Le costume est complété par l’himalion (fig. 3463), simple rectangle d’étoffe de laine qui peut se draper de très nombreuses manières". Enlin il s’y ajoute parfois une sorte d’écharpe de laine que l’on peut appeler énioX-i^^tx. et qui se super- pose à l’himalion [péplos, p. 384]. A ce costume ionien, capable de tant de variété malgré son apparente uni- formité, s’oppose le costume dorien. Les jeunes filles laconiennes ne sont vêtues que d’une pièce d’étoffe sans ceinture, retenue aux épaules par des fibules ou des épingles (c/ioTo ; j^tToiv) *. Les femmes mariées portent peut-être le même vêtement dans l’intérieur de leurs maisons, mais serré à la taille par une ceinture et fermé sur les cotés par une série d’agrafes. Le péplos dorien devient alors, comme nous l’avons dit, très analogue au chiton ionien ’.

3. — Époque classir/ue. — Le costume de l’époque classique n’est pas seulement le résultat d’une évolution régulière : lintluence des grands événements qui ont marqué le début du v" siècle y est évidente. Les vic- toires sur les Perses ont exalté le sentiment de la valeur morale et matérielle de l’hellénisme et tourné les esprits vers le sérieux de la vie. Athènes se prend d’un goût passionné pour la simplicité et proscrit du costume tout exotisme [p.vllilm, p. 288^. Cette révolution dans les mu’urs, qu’attestent les monuments figurés, est notée

< V, »T-li». — - V. un coninicMlaiif «lu rOcil d’ilorodolc iloiis Hclliig. Op. cil. p. .iOô. — 3Tliucyd. l,G,is(i.Cf. Coi/t//i. in hun. Mommscni, p. Gli) sq. et Stuitiliczka, Op. I. p. 18-20 ; J4-i6. — * La cliUmydc pcul «Ire un vôtuincut de luïe cl d’apparat. — ô V. fAi.i.n M, p. 286 sq. — ^ V. sur le costume féminin à l’ionienne ; Studniczka, tIeUriîiie, p. IJ ; Kalkmann, Arch. Jahrb. XI, 1897, p. 20 sq. ; Lccliat, Au Musée de t’Acropole, p. 150 sq. — "ï V. par ei. les statues du .Musée de l’Acropole (Lcclial, Op. l. p. 108 sq.). — » Poilu», VII, 5». Cf. Knr. Uec. ’J33, ^o,< ;,iniio« iuf’.î K6p«. C’est ce costume ()ue la scul|iture du iv» siccle aime à donner aux Bac- citantes, aux N’éri’iides, aux Amazones. Ce costume 6tait jugé peu décent et raillé par les Athéniens. — 9 Si bien (juc le mot péplos parait avoir disparu ii peu prés complètement de l’usage. Cf. Studniczka, Op. l. p. 131 sq. — ’0 TIlucyd. I, •■■ <. — " .f péplos à apoptygma. ouvert -iiir l’un ,ln« r ;,i,’.^. ni.-tts retenu par

dans un texte célèbre de Thucydide’", qui rappelle qu’à une époque récente furent abandonnés les manteaux de pourpre, les tuniques bigarrées, les coiffures compli- quées, enfin tout ce qui sentait le luxe et la mollesse asiatiques. La pièce essentielle du costume masculin est désormais la courte tunique de laine qui a remplacé la longue tunique de lin. C’est l’unique vêtement que l’on porte à l’intérieur de la maison : on est dit alors •[uii.vàç. Pour l’extérieur, on se drape dans l’himalion (fig. 1417i. Les travailleurs, pour garder la liberté de leurs mouve- ments, ont adopté un vêtement qui, selon Hésychios, est à la fois tunique et himalion : c’est l’exomis [tunica, fig, 7167], attachée sur l’épaule gauche et serrée à la taille. Dans les pays où règne l’influence laconicnne, on n’a pas adopté l’himalion et l’on continue à porter la chlaina sans l’intermédiaire dti chilon. Lachlamyde est devenue en quelque sorte l’uniforme des éphôbes (fig. 1419’ !.

Tout en participant à la simplification générale du cos- tume, le vêtement féminin n’en est pas réduit à l’aus- lère simplicité de celui des hommes. On revient au péplos de laine, mais, à Athènes, on le combine avec le chiton ionien (fig. 3166, 3468)". C’est le costume antique par excellence, apparu déjà dans la première moitié du VI® siècle. La grande sculpture de l’âge classique nous le montre comme le plus bel accompagnement qui jamais ait été trouvé pour la forme humaine (fig. 3066, 3067) ’^. Les étoffes bigarrées et les tuniques floUanles sont désormais réservées pour les divinités et pour les céré- monies religieuses (fig. 3474] ’

4. — Époque hellénislique et i-omnine. — La carac- téristique de cette période est, dès le début, un goût marqué pour les formes de vêlements et les étoffes étrangères. Les expéditions d’Alexandre ont rompu les antiques frontières et improvisé un empire gréco-orien- tal où se mêlent les mœurs helléniques et les mœurs barbares. On voit arriver sur les marchés grecs des tis- sus jusque-là inconnus ou fort rares : le coton qu’en- voient l’Inde et l’Égyple dès le temps des Diadoques [siivDON, OTHONÉ, CARBASis] , La soie [serhx’m], qui vient de Chine, n’apparut que beaucoup plus tard, sans doute au premier siècle avant notre ère ; mais depuis long- temps les pays grecs connaissaient les tissus légers et transparents que l’on fabriquait à Cos, au moyen de la soie sauvage ou bombycine [co.e vestes, bombycim’m]. D’ailleurs l’art de travailler et de teindre la laine et le lin est parvenu à son plus haut point de perfection [textri- ncm]. Le goût oriental impose à nouveau les motifs figurés pour la décoration des étoffes ; Alexandrie, sous les Ptolémées, est le centre le plus important de cette industrie [phrygio]. De même le lissage des fils d’or, connu depuis longtemps en Lydie et en Perse, s’intro- duit aussi en Grèce et prend, avec le temps, une exten- sion considérable.

une ceinture, laisse apercevoir les courtes maucliesde la tunique. — f-llcuzey, Prin- cipe de ta draperie, p. -6. Vers le milieu du v* siècle ou pouait trouver à Athènes une assez grande variété de costumes féminins. Nous citerons d’après M. Lcchat (Au Musée de l’Acr. p. l’U, 11° 1) un cratère de Falerii (Furtwanglcr-Reichhold, pi. xvii-xvin) représenlaut une danse de Jeun*>s tilles ; trois types de costumes peuvent y être distingués : le chiton iouicu combiné avec l’himalion qui passe sur l’épaule gauche et le coude gauche ; le péplos dorien ouvert sur le côté {-ao6«-*o[ çui'<o[jL>i^îit ;) ; le chiton combiné avec une pièce de laine attachée sur l’épaule droite et passant obii(|ucnient sur la poitrine. Cf. Iurtvnngler, Stntucnkopieny I, p. 54. — 13 La longue tunique ionienne est encore portée par les citharédcs et les joueurs de nilte. Cf. Savignoui, Aasonia, II, tiioï, p. 6 :1 s.|. — H EivSiv cl oOiv., désignent aussi le lin ; Nà^^tavo ;, emprunté au sanscrit, est le nom propre du colon.