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1-ig. 74i9.

1° Nikè est une divinité indépendante, à qui l’on rend un culte particulier dans des temples qui lui sont parti- culièrement consacrés. A vrai dire, les Grecs n’arrivent qu’avec peine à isoler la déesse Nikè ; cette séparation parait être surtout l’œuvre de l’époque hellénistique. Sans doute la fréquence d’une Nikè archaïque sur les monnaies d’Élis au v« siècle (fig. 7450) ’, sur celles de Mallos en Cilicie au iv" siècle -, semble indiquer dans ces villes un culte ancien et tout spécial ; peut-être aussi dèsle vesiècle existait-il des sanctuaires de Nikè à Camarina, Catane, Ili- mère, Syracuse, et dès le IV* siècle à Lampsa- que (Mysie), à Methy- lium (Thessalie), à Hip- ponium (Bruttium), à Métaponte^ Mais le culte de Nikè ne commence à se développer qu’à la fin du iv« siècle, en même temps que celui des rois divinisés ; et il y a corrélation entre les deux faits. Le rôle considérable que prend la déesse dans la numismatique d’Alexandre le Grand, des rois de Macédoine (fig. 6583)’ et des rois d’Asie (fig 503 !l, 3738) ^ les images de Nikè couron- nant les rois ou érigeant les tro- phées des rois [trop.eim, (ig. 7104, 7106, 7110]^ ainsi que sa brillante figuration dans les pompes royales", témoignent de l’importance nouvelle de son culte sons l’inlluence de la royauté. La Victoire est à la fois la cause et la manifestation de toute souveraineté légitime. C’est pourquoi nous la retrouvons sur les monnaies des rois de Haclriane avec la légende OâvivSo (= Vanainti), qui exprime la Supériorité vic- torieuse dans la religion iranienne ’. Par les textes nous connaissons l’existence de temples à Ilion, Ery- thrae, Gos au iii« siècle ’, peut-être dans l’île de Carpathos, où est signalée la dédicace d’une Nikè à la suite d’un songe’", à Tralles vers la tin de la République romaine ", à Aphrodisias sous l’Empire’- ; ces temples sont desservis par des prêtres ’^ A l’époque impériale, les images de la Victoire abondent sur les

(Messine, iv«-iii« s), IGû (= Uolni, Gesch. d. sicil. A/ùnzicesem, IsUS. pi. iv, li, la nymphe Ségesla couronnée par Nikà, fm du ï« s.). 170(77 et lig. VS-IOO (Syracuse, v«-ive s) ; cf. à Melliylium en Tlicssalie, vers 330, Hcad, p. 302. Noire fig. 7440 (la .Nike de Térina) d’après Duruy, Uist. des Grecs. I, p. 371. — 1 Gardner, Types, pi. iii, 14 ; Hcad. p. 4I9-4M et fig. iî3, iid, 228 ; Sludniczka^ (oc. cit. pi. 11, t3etix,41 ; Roscher, ;oc.c !(. col. 332, fig.8 ; Perrol, Hist.deVart, IX, p. 79, 140 cl pi. iT, 1 |— notre fig. 7450). La reproduction d’une image cultuelle sur ces monnaies n’est pas certaine, en raison nidnie de la variété des al titudes repré- sentées sur les divers types. — 2 La reninie ailée i|ui ligure sur des monnaies de Mallos au v siècle et qui rappelle par son attitude la .Nike Délieuue icf. .Slud- niczka. loc. cit. pi. ir, 12 ; l’crrot. loc. cit. p. 107) parait élrc plulot une Iris ; cf. Koscher, op. cil. Il, col. 353. Mais pour le iv« siècle, voir la monnaie avec Linscriplion msh dans Head, p. 724 = supra p. 834, note 7. — 3 Head, p. 130, fig. 69 (Catane, vers 476), p. 143 (Hiraéra, entre 472 et 413, avec l’inscr. mk»), p. 172-186 (Syracuse, aui ï« et iv siècles : = nos fig. 27tl3, 276i ; 4415, 3400, .Nikè survole ou conduit le char du vainqueur ; mais après la victoire d’Agallioclès en 310 apparaît le type de .Nikè érigeant un trophée, p. 182 et lig. 103) ; p. 530 (Lampsar|ue, staliics d’or entre 394 et 330, bronzes des iv« et iii« siècles) ; p. 302( Mclhylium vers 350), p. 101 (Hipponium au début du in« siècle, avec l’inscr. .mka), p. 79 (Métapontc, entre 330 et 300, avec l’inscr. >ika). — » Head, p. 226 et fig. 137 (Al. le Grand) ; Head, p. 22» et Bg. 139 (Philippe III), p. 239-230 (Démétrius Poliorcète) ; cf. Aiim. Zeitschrift, 1871, p. 23 sq. Le type est emprunté par les rois d’Épire : llcnd, p. 3Ï3, fig. 181. — .3 Séleucides : Head, p. 737 et fig. 332 (Sélcucns I), p. 738 (Antiochus i), 761 (Uolon, satrape de Médie, révolté contre Aniiochus III), 704 (Timarchus, salrape de Babylone), 767 (Antiochus VH), 769 (Alexandre lll, 771

Fig. 7.130. — Nikè cliaîque d’Klis.

monnaies des cités grecques, surtout en Asie Mineure. Évidemment les temples de Théa Nikè se sont multipliés : au temps d’Auguste, Denys d’IIalicarnasse constatait l’universalité de son culte ". Mais on ne saurait détermi-

Fig. 7131. — Nikè couroiiiiaul mil all.liMi’ lainqiieiir.

ner quelles sont, dans celle dill’usion, la part de l’in- lluence purement hellénislique et celle d(> l’inlluence romaine. Même dans Athènes, sous la double iniluence de r.sie et de Rome, Athèna-Nikè finit par se trans- former en simple Nikè. Au temps de Pausanias, on ne la désigne plus que sous le nom de Victoire Aptère’^ ; dans les titres officiels, elle est devenue la Nikè de l’Acropole "’.

Ce qui donne à la Nikè grecque son caractère ori- ginal, c’est qu’elle peut être pacifique et qu’elle pro- tège les individus dans la vie civile, presque autant que dans la vie militaire. Les jeux et les concours [cehta- MiNA, GYMNASTicA Aiis], si développés en Grèce, ont créé une .ikè agonistique, dont les manifestations apparais- sent nombreuses dans les textes comme sur les monu- ments figurés ; ils comportent des luttes et des exercices de tout genre, où la Victoire a sa part et prend place souvent comme divinité prolectrice (lig. 7’(5i).

Le théâtre et la musique [ciioitus, DrriiYiiAMiîUS, tiiea- TRi’M, ïRiPUs] fournissent aussi des occasions fréquentes de cérémonies et de divertissements auxquels préside une .Nikè pacifique (fig. 7452 ; cf. fig. 1U ;{1, 2429) ’".

(Antiochus 1,X, Séleucus VI, Ant. X). Kois de Dithjuie : liabelonKeinadi, Recueil, I, pi. ilii, 13-16 (Prusias 11). Rois d’Arménie : Hcad, p. "72 (Ti- grane , 734 (Tigrane III). Rtiis de Pont : ibiâ. p. 500 (Mitliridale II). Rois do Galatie : ibid. p. 740-747 (Déjotare I, Amyntas). Rois de Cappadoce ; ibid. p. 750 (Oropherne, en 138-157). Rois de Comniagèiie, p. 774. Rois de Bactrianc, p. 838-844. — 6 Head, p. 761, Nikè couronnant Moion ; Ad. Reiuach, Tropées macédoniens, dans Bev. études grecques, 1913. p. 382, fig. 4 (Nikè couronnant le trophée de Séleucus I), p. 384, fig. 5 (N. et trophée de Prusias II), p. 392, fig. 6 (N. dressant le trophée d’AUale I). Apellc avait peint Aleiandre accompagné de la Vicl., de Castor et de Pollux ; Pliii. .Va(. hisl. XXXV, 93. On avait vu sur le catafalque d’Alexandre le Grand une Nikè dorée élevant le trophée du roi : Diod. Sic. XVlll, 15. — " Eus- talh. 879, 880 ; cf. Baudrillarl, Divin, delà ’ict. p. 15 : fête d’Alexandrie, où Ptoléraée Pbiladelphefait traîner sur un char une image d’Alexandre entre Atlièna et Nikè. Voir aussi la note précédente. — * Cumont, iVithra, Monuments, p. 136. n" 39 et p. 150. — » V. supra, p. 833. — 1» Inscr. Gr., Inscr. Mar. Acii. Il, 979. — u Caes. Bell. cio. III, 103, 0 ; Plut. Caeaar, 47 , 1 ; Val. Max. I, 6, 13 ; cf. C. inscr. gr. H, 2923, dédicace de statues dorées d’Éros et de Nikè zf, ,’«i..u- :iT>i «•ToiJi, par M. Aurelius Andréas et sa famille. — 12 C. inscr. gr. II. 2810. — 13 Cf. Aihi-odisias et Albènes (Nikè Olympia, Nikè de l’Acropole). — ’k Dion. Haï. 1, 32. — ’- Pans. I, 22, 4 ; II, 30, 2 ; 111,15, 7 ; V, 26, 6. — lii C. inscr. .Mt. III, 039, — ’7 Notre lig. 7451, d’après un cratère inédit du Louvre, G. 302 (victoire au concours du saut) ; cf. Potticr, Catal. vases du Louvre, p. 1120. — ’8 Notre fig. 7132, d’après Lcnnrmant et de Wille, /ilile 1 des won. cèramograp/tiijues, I, pi. x’ u.