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Vie

Kig. 7435. — Aulcl de Ron dAiigusle.

fient au Capilole en l’honneur de la triade Capitoline, de Mars, de Salus et de la Victoire ’ ; ils immolent à celle-ci une génisse aux cornes dorées-. A Lyon, les deux Victoires de Rome divinisée et de l’Empereur doaiinent l’autel colossal de Rome et d’Auguste (fig. TiSo), centre du culte commun que les Romains donnèrent aux Gaules ^ Il est donc naturel qu’en Italie et dans les pro- vinces les représentants du culte ofliciel, augures et pontifes ’, sévirs augus- laux ’ et tlamines ^, se plai- sent à manifester publique- ment leur dévotion envers la Victoire .uguste. Ils lui dé- dient des autels, des statues ; à Nimes, près de la fontaine, le pontife M. Valerius Severus lui consacre avec le produit d’une quête « vêla et aram » ; les Augustaux de Pouzzoles lui érigent un temple. D’autre part, pour les fonc- tionnaires impériaux’, pour les magistrats munici- paux *, pour les collèges ’. pour les notables des villes", pour les villes elles-mêmes", tout hommage rendu à la Victoire .Vuguste, mieux encore à la Victoire de IWuguste, est un témoignage de loyalisme. Aussi la consécration de monuments à la déesse, généralement de statues <> avec leur base», devient-elle parfois une véri- table fête publique, à laquelleest conviée toute la popula- tion. Dans telle ville d’.Xfrique un édile accompagne d’un banquet cette cérémonie religieuse ; à Rusicade (Philippe- ville), un tlamine perpétuel du firand . tonin, dédiant une statue de la Victoire abritée sous un édicule tétras tyle, ofl’re des jeux scéniques et distribue des missilia ’^.

Il convient d’ajouter que ces dernières dédicaces portent la mention « ob lionorem » ; autrement dit, le personnage accomplit un vœu, l’ail pendant sa candidature à l’édilité ou au sacerdoce, et rend grâces à

Victoire .u2ruste par les -» cultores qui Sigus consisliiiil ». Il y avait jirobablemenl aussi des vétérans dans ce collège du Génie de la province de Pannonie Supérieure, <jui dédie en iiS une statue de la Victoire, 111, 4168. L’n personnage donne une Vicloire à un collège de pérégrins de Marbach. en Uerraanie : XIU, 6433 = Walt- ling, op. cit. p. 478. — ’ C. inscr. lai. VI. 2031, I, 37 sq. (16 janvier 6») : « ob inipe- rium imperatoris Olhonis Caesaris .ugusti Jovi bovcni marem, Junoni vaccani, Minervae vaccam, Vicloriae vaccam, Saluli accani. Felicilati vaccani. Marti L’itori taurum, Genio ipsius Hnunnn ■• ; tîti (1" mars 6^) : » ob lauruni positam «  (sacrifices à Jupiter, Junou, Uinere, ."-alus, Victoria, Mars. Genius de l’empe- reur) ; Ï066, 43 (i9 janvier S9) : . in t^apitolio ad vota solvcnda et nuncu- panda pro sainte et reditu Imp. Caesaris Domitiani, etc.. Jovi, Jiinoni, Mincrvae, Marti, Salnti, Fortunae, Victoriae rednci, Genio populi Romani Tovcrunt * ; 2086, 27 (6 octobre 213) : n Jovi Optiino Maxinio bovem marem auralum, Junoni Kcginac boveni feminam auratam, Minervae .., Salnti publicae..., Slarti Cltori taurum auratuni, Jovi Victori bovem mai’em auralum, Victoriae bovrm feminam auratam, Laribus militaribus taurum album, etc. ». — 2 On sacrifiait proLablemont aussi des brebis à la Victoire ; une brebis est figurée sur un autel votif, C. i. /. V, 7147. — 3 Notre fig. 7455 d’après C. Jullian, Galiia, p. 64.

— ilbid. VI, 402 = 30753 ; VIII, S3I0 ; Captai, Année épigr. 1011, n» 103, Lambèse ; C. i. lat. XII, 3134, .inies. — s ii„d. Il, 2327, l’enallor ; 3002, Huesca ; 3249 ; V, 7493, Chicri ; X, 1237, .ola ; 18S7, l’ouiioles ; 7269, Palermc. —^Ibid. III, 4814, Virunum ; VIII, 4202, Verccunda ; 7’JC3, lîusicade ; cf. 303 : » sacerdos ... — ’ Ibid. III, 1416 el 44l2 :-legatus Augusti pro praelore u ; 4364 : •■ agens vices praesidis » ;

V, 7643 : .praeposilus slationi » ; 7833 : " stator Augusti » ; VI, 790 : « proc(urator) » ; 794 : " pracfectus L’rbis ilerum judei sacraruni cognilionnm . : VIU, 458Ï, •■ legatus Augusti pro praelore » ; 9S88, « procuralur Augusti » ; XIU, 8812, • legatus Aug. ».

— 8 Ibid. Il, 1967,’ 2106 ; III, 4S13, 7S42 ; Vlll, 862, 2077, 4383, 60*6, 7963, 8155, 9696 ; XIV, 4002 ; Gagnât, toc. cit. — 3 ibid. III, 4108, collège du Génie de la Province ; VI, 198, 240, . colleglum tibicinum romanorum . ; 207, collège des foulons romains ; cf. 791, • conductorcs flaturae argentar. monelae Caesaris » lan 1|..| ; XIII, 6433. — 10 /6i,<. Il, 402, 457, 927, 1345, 1423, 3H0, 5761 ; III, 1000, 5612, 3615, 11743 : • pro salule et adventu clarissimi viri praesidis », 1174.3, ) 1760 ; V. 4089, 4291,4292, 4949, 4986, 5070, 6335, 6939, C960, 7147, 7641, 8932 ;

VI, 402 : VI !, 200 ; Vlll, Î353, 4514, 8454, 9017 ; XII, 76, 77, 1337. 2389 ; XIII, 5U58, 5080, 33-|, 6153, 6593, 7412. — H Ibid. III, 3898, . vicani - en lihétie ;

la Victoire pour le triomphe de ses ambitions munici- pales. Le culte de la déesse bénéficie donc de sentiments qui n’ont rien à voir avec le triomphe des armes impé- riales et la prospérité de l’Empire ; on invoque la Victoire pour le succès d’intérêts tout personnels". De même nous voyons des corporations l’invoquer pour le succès des intérêts corporatifs : à Rome, en 2-2(5, après avoir gagné en première instance un procès contre le tisc, le collège des foulons lui élève une statue ’*. Mais, à ctjté de cette clientèle, Victoria en compte partout une autre, dont la piété est à la fois plus discrète et plus fervente ; c’est la clientèle des femmes, qui l’implorent pour le salut d’un mari, d’un père, d’un frère, d’un fils parti pour la guerre ’ Enfin son culte fut certainement favorisé dans certains pays par l’assimilation de divi- nités indigènes et de la déesse romaine. C’est ainsi que l’une des grandes déesses de la Gaule, parèdre de Tentâtes, s’identifie tantôt avec la Minerve des travaux pacifiques, tantôt avec la Minerve guerrière, avec Bellone, avec la Victoire ’*. L’.4 ndurla des Voconces ’^ et la Xanto- suelld des Métromatiques " furent des divinités de victoire ; Mater Deumel )’/c/o/7’« semblent s’être partagé l’héritage d’. darta ". Peut-être, en Italie, avaient-elles de même succédé l’une et l’autre à la grande déesse des Vestins -". Nous avons déjà rencontré la Victoria Noreia. La grande déesse des Brigantes.. en .Vngleterre, inel au service des Romains sa puissance victorieuse, sous le nom de Dea Victoria Brigantia-^. Les épithètes rituelles de Sancla--, Aeterna-^, J/fl.r//««-’, révèlent une influence orientale ; c’est leur ancienne Nikè que les Orientaux, si nombreux dans les armées impériales, continuent d’adorer dans la Victoire’ de Rome et des Empereurs "-°. Par contre, les formules Genius Vicloriae -^,iXumen Vic- toriae-’, paraissent être d’origine purement romaine.

Le culte de Victoria, comme le culte de Mkè, est souvent associé à celui d’autres divinités. Tout d’abord des liens sacrés rattaclienl Victoria au cycle de Jupiter,

11SS9, o respublica " à Augshourg : 13904, pour le salut de l’empereur et de sa maison, du Sénat et du peuple romain et de la spiendidissime colonie de Salone : Vlll, 797, ■■ civitas Aviltensis Bibba », par les soins des sufèles ; 965, « civitas Sia- gitana » (an 166) : 1764, à Macomadcs, » fecit ordo muuicipii » (an 303) : 4765, ibid. " respublica fecil » ; 9343, « decreto pagi » ; XII, 1349, Gap, fragment d’un autel monumeulal en marbre rouge élevé par les Voconces pour la victoire d’un empereur ;on y avait gravé les » legesarae », qui avaient été lues par le pontife avant la dédicace ; XIII, 5317, près de Colmar, ■■ pro sainte vicanorum » : 6723, Mayence, « vioani salutares ■-. — t2 Jbid. VIU, 862, » ob lionorem aedilitatis et llviratus ... ordini epulas dedil » ; 7963, « slatuani cum tetrastylo quant ob lionorem fla- miuicatus proniiserat, ...ad cnjus dedicalionem eliam ludos scaenicos cum missi- libus edidit » ; cf. 6046, Cirla, « dedicalionem diem ludorum celebravit». — t3 De moine il semble qu’on l’invoque pour le bon succès des voyages, comme parait rindiipier la présence de deux paires de pieds sur une dédicace faile <• Numiui sancto Victoriae Victrici^s) » par un bonime et une femme : ibid. Vlll, 9017, Aiimale ; à moins qu’il ne s’agisse du bon retour d’un soldat parli pour la guerre. — t4 tbid. VI, 267 ; cf. Waltling, op. cil. i, p. 203 et 478 ; III. p. 177. — 13 C. inscr. lat. 111,4811,4813,3612, 11744 ; V, 7193,7693, 9017 ; IX. 3n4<i : XII, 162, 1707 ; XIII, 5081, 7305. — ’fi Jullian dans Herue études anciennci, 1899, p. 4s, et Uist. de la (laule, 11, 1908, p. 122-123. — ’7 Dio Cass. LXII, 6, 2 ; 7, 3 ; cf. Jullian, Inc. cit.

— 18 C. inscr. lat. XllI, 4342 : S. Reinacli, Cultes, mythes et religions, I, 1903, p. 2IS, lig. i el 2 (Micliaelis aftirmc que la déesse lig. 2 est ailée), p. 223 ; d’Arbois de Jubainvillc y retrouve le nom du dieu irlandais de la guerre, Net, et le verbe suel = briller ; .Nantosuelta — brillante à la guerre. — ^^ Cf. GrAiUol, Le culte de Cybèle, p. 459, 461. — i" V. inscr. lat. IX, .3061 ; cf. Baudrillarl op. cit. p. 69. Il semble toutefois difficile 4lc lire : " sac(crdos) .Matr(is) Mag(nac) et Victoriae Vcstinar(um) ». Mais la lecture du Corpus : <> sacerdos) Matr(is) Mag(nae) Veslina- r(umcivilalum), cx_ Victoriae (portu)», n’est pas non plus 1res salisfaisante. — ** C. inscr. lat. VII, 200 : •< D(eae) Vict(oriae) Brig(anliac) et num(inibus) Aug(ustoruni) «, ann. 203. Dea Brigantia est qualifiée ailleurs de .Nymplie, VII, 87.3. — S2 /4irf. m, 7687 ; Vlll, 9017, 9023 ; XllI, 7793. — ’-iS Ibid. Il, 5243 ; VI, 3734 = 31058 = XIV, 2257. — SI Jbid. Vlll, 8301 ; cf. Mcyi’Ar, Nii»T, en Palestine, C. inscr. gr. 4538.

— 35 Voir supra le culte dans les cités grecques. Les monnaies témoignent d’un culte général de la Victoire dans le monde grec à l’époque impériale. — î6 C. i««fr. lat. il, 2UI7 ; XllI, 6740 a. — 27 Jbid. III, 5365 ; V, 76V3 ; Vlll, 4483, 9U17.