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le droit de fixer l’amende que prononcera le ricus ’. Une aulre inscription de la même région nous montre deux édiles, substitués aux magistri pour l’exécution d’un travail ordonné par la bourgade-. De même, dans le pagus, les édiles ont droit d’amende et surveillent les travaux d’intérêt public ’. Souvent, en Narbonnaise et en Gaule notamment, ces fonciionnaires semblent avoir remplacé complètement les magistri ^ ; il est vrai qu’ils n’étaient peut-être pas choisis par le ricus ou le pagus, comme les magistri, mais désignés par la ville ou l’administration centrale de la civitas ^.

Une inscription ancienne du vicus Supnas, dans les environs du lac Fucin, nous fait encore connaître des questeurs ^ Ce serait là, croit-on, une magistrature proprement latine, remontant k la période de l’indépen- dance italienne, durant laquelle les bourgades rurales pouvaient encore constituer une commune autonome*. Le même titre se retrouve encore cependant, au ii’ siècle de notre ère, dans les villages de vétérans et de citoyens romains’. Le questeur y est tantôt mentionné seul, tantôt à côté du curateur et après lui’". On ne saurait évidemment prétendre qu’à ce même titre aient corres- pondu, à des époques aussi différentes et dans des régions aussi éloignées, des attributions et des fonc- tions identiques.

Si le nom d’édile semble avoir prévalu en Narbonnaise et dans une partie de la Gaule, d’autres régions parais- sent avoir préféré, surtout au ii’ siècle de notre ère, celui de curateur. Nous trouvons ainsi des curateurs en Suisse, dans le vicus de Lousonna (Lausanne) ", chez les Carnutes à Genabum (Orléans) ’^ et surtout en Ger- manie ’^ Ces magistrats ne doivent pas êlre confondus avec les fonctionnaires chargés au m» siècle de la sur- veillance financière des cités" ; leur titre n’est qu’un nom commun, très fréquemment employé et équivalant simplement à « administrateur » ’° [cirator]. L’exemple de l’Italie, où nous trouvons des curateurs, assez excep- tionnellement il est vrai, dans nn pagus "^ et chez une peuplade des Alpes’", a vraisemblablement contribué à la fortune de cette dénomination. On l’aurait employée, autant que nous en pouvons juger, pour désigner le principal administrateur des bourgades émancipées de la tutelle des villes aussi bien que de la communauté du pagus. Les citoyens romains négociants et vétérans de Mayence ont leur curateur ", qualifié une fois de questeur-curateur ". De même, dans la Haute Italie, les vétérans de Milan, de Vérone, de Turin, avaient le leur -". En Illyrie-’,en.quitaine et en Lyonnaise", en Suisse ^^ nous trouvons ainsi des curatores et même un summus curalor civium romaiwrum. On conçoit aisément que

1 Ibid. IX, 3513, I. U : muHatio aedilis esta, quanti volet. — 2 Ibid. IX, 313^ : (deuinorospropres)a(erfî(e«)c(ici ?i/(a< :ienrfiini ?)o !pus)d{e)ii(ii :i)s(en(en(ia)c(ura- lerun/). — 3/6îd.XIl,n. 1377 ; ...aed.ile»)pay{i) Ba(i{ienni) exmul{tis)et aère frac- to. — 4/6i(f. 111, n. 331*. —^ Ibid. XII, n. 1J77, 171 1 ; dans le i icus de Genava, n. ifA 1 : o^cio ae(^t/if a/ îs intt ;r conuicanoiîuos/unc^/f ; eu Gaule, à Agedincum (Sens), .XIII. 0.2949 -.aedilis vikanorum Agiedicensium, aedilis ci{vitatis) S{enonum)... — ’ Arnold, The roman System of provincial administration. 2’ éd. Oiford, 190e, p. iii. — ’ï Corp. inscr. lat. IX, n. 3849. — 8 Cf. Schullen, Die LandijemeindeJi, dans Philologus, LUI, lS9i, p. 600. Cependant dans le tiens forliOé (co«(e( ;um)deNarona, en lllyrie, mag{istri) et q{uaestores) turr(im) fac{iendam) coir^averunt) : Corp. inser. lat. III, n. 18Î0. —9 Ibia. III, n. 4S58 (Klagenfurt) : C. Vetlius, quaestor veteranorum ; XIII, n. ’iii, 6G76, 6775 iMavence), dans le vicus Aurelianus, dépendant du fort dOelirinjen (iimes) ; XIII, n. Iil54 ; chez les vicani Belgi- nenses. entre Trêves et Bingen, n. 7555’. — 10 .’bid. XIII, n. 6G76 : jVïmoniuj Henecio ciuratort t[eteranorum ou viei) et Tertius Félix qu(aestor) et C. Ateius ael{or). — " Ibid. XIII, n. 5026. — 12 Ibid. XIII, n. 3067. — " Ibid. XIII. a. 4132, à Beda (Bilburg), en 199 de notre ère ; à Tolbiacuiu, daus I ancien

les villages du Limes germanique, composés princi- palement de commentants romains et de vétérans deve- nus colons, aient eu à leur tête des curateurs.

Nous trouvons encore parfois dans les vici un agent subalterne portantle titre d’artor. De même que le nom de curateur, ce terme est emprunté au langage courant bien plutôt qu’à la nomenclature administrative [actor]. Les particuliers, les sociétés, les communautés peuvent avoir des adores-^ ; ce sont soit des régisseurs, soit des fondés de pquvoir, soit des comptables. Dans les pagi, des adores praediorum s’occupent sans doute de faire valoir les terres appartenant au pagus ". Les villes ont des adores publici chargés de la comptabilité et du contentieux. Vactor du ricus devait veiller aux intérêts matériels de la bourgade, la représenter au besoin en justice et à titre de jurisconsulte local, faire probable- ment office déjuge de paix, réglant les affaires civiles entre les vicani. C’est ainsi que chez les Namnètes, deux actores vicanorum emploient le produit d’une sous- cription à construire un tribunal "’. A Mayence, un autel est dédié par divers personnages, dont le second porte le titre de questeur et le troisième celui d’ador^ Une autre inscription nous fournit la liste complète des auto- rités du vicus : un curateur, un questeur et un ador^’.

Il est peu probable qu’outre ces fonctionnaires esrici aient eu un ordo et des decuriones formant une sorte de conseil ". Nous rencontrons sans doute à Aix-les-Bains des decem ledi Aquenses’" ; c’est là une exception ; on y peut voir l’imitation par un vicus important de l’orga- nisation propre aux municipes. Certains vici ou castella d’Afrique, Verecunda^ Mastar’-, Arsacal ’", possè- dent des décurions ; mais c’est qu’à partir de la fin du second ou du début du iir siècle, ces bourgades ont reçu des empereurs le droit de constituer une respublica et sont devenues de véritables municipes.

De même que les municipalités constituées, le vicus a souvent un patron [i-atronus coi.omae, municipii, col- LEGii]. Plus encore que les villes, ces petites agglomé- rations rurales avaient intérêt à se donner ainsi des défenseurs ou des bienfaiteurs : elles usent, en recou- rant à la protection d’un personnage puissant, du même droit que possédait le pagus, aussi bien que les corporations d’artisans. Les patrons du vicus sont d’ail- leurs fréquemment choisis parmi ceux de la cité’".

II. Les Vici urbains. — De même que les territoires ruraux, les villes ont leurs vici. On entend par là, pour nous en rapporter au second point de la définition de Festus, un ensemble de maisons réparties de part et d’autre des rues et formant, à l’intérieur des régions, un quartier désigné par un nom propre ^^ Conformé- domaine des UbLcns,cn 35i, un curaloricius, XIII, 7918 ; à Mayence, Xlll,n. C67C ; à Boppard, n. 7556. — 1» Bloch, dans Lavissc, Hist. de France, l, p. 311, 312.

— 13 Voir les très nombreuses acceptions de ce mol dans Hauly-Wissowa, Jleal- encyclop. s. v. Curator ; et de Ruggiero, Dizionario epigrafieo di auticbità roma>ia, s. v. — ’6 Ibd. IX, n. 1503. — " Ibid. V, n, 5511. — 18 /4id. V, 5747. — 19 Ibid. XIII, n. 7222. — ïo Ibid. V, n. 5832, 3375,7005. — 21 Ibid. 111, n. 2733. — 22 Ibid. XIII, n. 1900, 1021. —^’i Ibid. XIII, n. 5013,5026. — 2* Pauly- Wissowa, Realencyclop. s. v. ; de Uuggiero, Dizionario epigrafieo, s. v.

— 2i Corp. inscr. lat. XIII, n. 2949 (Agedincum) ;... aediUi) vikan{orum. Agediincensium) aedil{i) e{ivitalis) S{enoniim) aclor(,i) p{ulilico) pagi Toutacti.

— ai Ibid. XIII, n. 310ti (chez les Namnètes) ...actor{es) vicanor{um} Portens (lum) tribunal cum locis ex stipe conlata posuerunt. — 27 Jbid. XIII, n. 6775.

— 28/6id. n. 0076. —i^Scballen, Die Landgemeinden,d3ns Philolo,jus,U[i, ism, p. 666. — 30 Corp. inscr. lut. XII, n. 2iOI ; cf. le commentaire de Hirschfeld,

— 31 Ibid. VIII, p. 423. — 32 Ibid. VIII, p. 591, n. 6336. — 33 Ibid. VIII, p. 573, n. 0041. — 34 Ibid. IX, n. 4399 ; XII, n. 1783, 2401 ; XIII, n. 5003 ; XIV, 2li45.

— 35 Édit. Muellcr, p. 371 ; voir plus haut, au début de cet article.