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grâce aux mosaïques d’Ulliina(Oudna), deThabraca (Ta- barka) en Tunisie, et de l’Oued Atménia, près de Conslan- line, nous pouvons restituer sans peine les constructions écroulées depuis tant de siècles, où les Romains d’Afri- que avaient donné libre carrière à leurs goûts fastueux ; plusieurs de ces tableaux animés ont été reproduits dans les articles equitium (fig. 2730, 2731) et musivum ofis (fig. 0^30) et l’on peut y voir aussi des plans, qui font comprendre d’un coup d’œil la richesse des habitations qu’ils décoraient [musivum opus, (ig. 5246, 3249’].

Entre toutes les villas dont l’aristocratie avait couvert l’Italie et les provinces, les plus monumentales étaient celles qui appartenaient à des empereurs ou à des membres de leurs familles ; la villa d’Hadrien près de Tibur (fig. 7494) en est restée le type le plus original et le plus fameux. Xous n’avons pas à les énumérer ici-, ni à exposer comment elles étaient administrées et entrete- nues [latifundia, p. 959, col. 2 ; patrimonium, p. 352 Étant la résidence du chef suprême des armées, une villa de l’empereur est souvent désignée par le nom de praetorium ; mais déjà avant l’Empire on appliquait ce terme à toute maison de plaisance qui frappait les regards par sa grandeur et le luxe de son installation’.

Descriptions des anciens. — Du nom même de la cilla urbana ou pseudourbana et de sa définition il résulte clairement qu’elle ressemblait en tout à ’un hôtel particulier de Rome [domusj, avec cette différence toute- fois qu’elle pouvait s’étendre plus librement sur un espace plus large’. En outre, il faut retenir qu’elle a subi dès l’origine, c’est-à-dire depuis le ii" siècle av. J.-C, l’infiuence de la maison hellénistique ; car, autre- ment, on ne s’expliquerait pas que toutes ses parties eussent reçu, sous la République, des noms grecs ; Tipc- xoiTciv désigne l’antichambre ; à-ïtoSu-vlp’.ov, le vestiaire ; TtspîffTuÀov, une colonnade ; le pigeonnier columbarium] devient un itîptdTepEcôv et le maître, à plus forte raison, appelle iraÀatsTpa et opv.ôwv la palestre et la volière de luxe, dont les Grecs lui ont fourni le premier modèle ’. Cette affectation du langage suppose une imitation vou- lue dans l’installation elle-même. Les auteurs latins nous

Gauctlep, Iment. des moi. de ta Tunisie (1910), n. 9S, 348-445, 940 ; de Pachlèio, Iment. desmos. de i’4/j)( ?rie, n. 213, 260-274 ; Boissier, L’ Afrique rom.f. 152.l6i ; AuôoWeal, Carlhage romaine, p. 191 ;G5ell, Mon.ant. de l’Algérie(iW], II. p. 23-

— îWitzschel, dans Pauly, Real-Encyd. (1839), VI,p.2C0i-260S. Gaule Belgique . Germaoîes ; Hellner, Westdeutsche Zeitschr. Il (1S83), p. 15 ; XII, p. 18 ; Schuhmacher, Ibid. XIV (1895), p. I ; Niilier, Sonner Jahrb. 79 (188Jj, p. 64 ; Asbacli, Zur Gesch. u. KuHur d. rôm. Rheinl. 1902, p. 12 ; Heltncr, flie nm. Sleindenkm. :u Trier, p. 251. Villa d’Anlliée près .Naruur : Blanchel, Op. I. n. 1185 ; CumoDl, La Belgique romaniaée, p. 39 (plan de la villa de l’Hosté). Grande-Brelagne : Middielon, dinsVArcItaeologia, LU, 2, p. 651. Cf. Eeclier-G5II, Gallus, III, p. 62. Islrie : Gniis, Oeslerr. Jahreshefte, Beiblall, V, p. 159 ; VII, p. 131 ; IX, p. 26 ; X, p. 45. Sur les noms de villes ou de villages (|ui viennent de villas romaines, dans les autres provinces que la Gaule, v. Pauly, Beal-Encycl. (1839), t. VI, p. 2610, d’après les ydneroire» anciens. — 3 Cic. Ad AUie. IV, 16, 5 ; Ad Quint. H, 15, 3 ; Dig. XLVII, 15, 3, 1 ; L, 16, 108 : praeloria votuptati tantum deservientia ; Stal. Sitv. I, 3, 25 ; Juv. I, 75 ; Cassiod. Var. -M. 14 ; Vilr. VI, S ; Suel. Aug. 72 ; Tib. .19 ; Calig. 37 ; Tit. 8 ; Pallad. 1,8, 11. — * C’est pour celle raison que Vilruvc, r|ui traite en détail de la vi//a rustica.ne dit presque rien de Vurbana (VI, 8 et 91. Il note seulement que dans la villa de plai- sance l’atrium est souvent précédé d’un péristyle, qui manque à la ville, faute de place, et aussi qu’il est plus facile d’y faire pénétrer abondamment la lumière. Winnefeld, dans le Jahrb. d. kais. deulsch. areh. Inst. VI (1891), p. 200. Cf. Mart. 111. 58, 45. — 5 Varr. Ber. rust. tib. Il, praef. 2. Cf. Rostowzew dans les Mittlieit. d. arch. Inat., Rôm. Abtlteit. XXVI (1911i, p. 1 sq. — 6 Ce contraste u’est nulle part plus sensible que chez Varron lui-même, propriétaire de plusieurs villas, dont une magnifique à Tusculum. Comparoi Rer. rust. tib. I, 12, 13 ; II, praef. 111, 2 et 17 avec III, 3, 5, 13. Cf. Boissier, Élude sur Varron (1861), p. 301 sq. Les descriptions des anciens sont énumérées dans l’ordre historique par Ros. towzew dans le Jahrb. d. arch. Intl. XIX (1904), p. 111-119. — 7 Hor. Od. 11. 15 ; III, 24, 3 ; Ov. Ani. 111,126 ; Sen. Fpist. 55, 9 : S9, 21 ; Stat. 4’i(r. Il, bs, 92 ;

ont abondammenlrensoignés sur la splendeur des rillae urbanae ; ils ne tarissent pas sur ce sujet en descrip- tions déclamatoires, où l’orgueil de la puissance romaine s’allie au sentiment de réprobation que leur inspirait tant de prodigalité ^ Les riches propriétaires ont dû en effet, bien souvent, pour satisfaire leur coûteuses folies, lutter contre la nature et exécuter, avant même de bâtir, des travaux de terrassement considérables ; dans la montagne il leur a fallu, quand ils voulaient jouir d’une belle vue, soutenir les terres, sur le flanc des coteaux, par plusieurs étages d’épaulements ; au bord de la mer, ils contenaient les Ilots par des digues ou les enfermaient entre des jetées, afin d’avoir chacun leur port pour des barques de plaisance (fi g. 7490). Les uns comblaient des vallonnements, les autres rasaient des monticules ’. 11 n’y avait pas jusqu’à Horace qui ne « remuât de la terre et des pierres », en faisant rire ses voisins de sa manie moins qu’il n’en riait lui-même’. Entre tous les documents dont nous disposons’, il faut citer d’abord les petits poèmes où Slace a célébré deux villas construites ou embellies par de riches person- nages de son temps, ses amis et protecteurs : l’une, sise à Tibur, était la propriété de P. Manilius Vopiscus ’" ; l’autre, à Sorrente, celle de Pollius Félix ". Mais beau- coup plus importantes encore sont les deux lettres dans lesquelles Pline le Jeune décrit ses villas de Tifernum et de Laurente. Il en parle avec tant de complaisance et de précision qu’on a été souvent tenté d’en recon- stituer le plan ; on est arrivé à un résultat très vrai- semblable, depuis que l’archéologie a acquis de nou- velles connaissances sur les édifices du même genre ’^ La villa de Laurente ", outre la proximité de Rome, avait l’avantage d’être située au bord de la mer et elle avait été construite de telle sorte que toutes les pièces principales fussent orientées et largement ouvertes du côté des flots. C’est une maison basse, toute en lon- gueur ; point d’escaliers, ni d’étage, sauf dans deux tourelles qui ne font point partie du même bâtiment et n’ont pas d’autre utilité que de servir de belvédères. Le logis comprend une di’/.ainede chambres, de dimensions

Philoslr. Sopk. Il, 23, 3 ; Friediiinder, Sittengesch. III, p. 100. — 8 Hor. Epist. I, 14, 39 : Rident vicini glebas et saxa moventem. Cf. Sat. Il, 3, 308 : Aedificas, hoc est lonr/os imitaris. — 9 Outre les tentes déjà cités v. Plin. Epist. II, 8 ; III,

1 ; V, 18, 24 ; IX, 20, 36, 40 ; ApuI, Met. V, 1 ; Symmach. Epist. I, 1, 2, 5, 7, 8, 35,51, 53, 58 ; IV. 18 ; v, U, 17 ; VII, 18 ; Cassiod. Var. II, 28 ; VI, 10-H ; VIII, 31 ; Boissier, La fin du paganisme, 11, p. 180. - lo stal. Silv. I, 3 avec le com- moulâire de Vollmcr (1898). Vopiscus est le père d’un consul de l’an lUap. J.-C. : Dessau, Prosop. imp. rom. Il, p. 328, n. 107, 108. L’identilication des lieui est hypothétique. V. Ashby, Papers, t. III, I (1906), p. 163-164. — ." Stat. Silv. 11,

2 et Vollmer odA. (. Cf. Dessau, Up. t. III, p. 01, n. 419. L’emplacement est déter- miné par Beloch, Campanien, p. 269-274. Les livres I et II des Silvae ont été publiés vers l’an 92 ap. J.-C. — l’i Scamozzi, L’idea dcW arcliitettura uniiiersate (1615), I, p. 267 ; Félibien, Les plans et les descriptions des maisons de campagne de Pline le consul (1707) ; Lancisius, Physiologicae animadversiones in Plinia- nam villam 1,1714) ; Caslcll, The oitlas o} the ancien ! illustrated (1728) ; Parfait, Délices de ta maison de Toscane et de la mai.ion de Laurentin (1736) ; Crubsa- cius, Wahrscheinticher Entwurf von des jdngeres Plinius Landimuse und Garten (1760) ; don Pietro Marquez Massicaoo, Uetle mite di Plinio il giovane (1796) ; Mazois, Le palais de Scaurus (1825) ; Stieglitz, Arch. d. Baukunat, III, p. 239 ; Hirt, Gesch. d. Baukunst d. Allen, III (1827), p. 295, pi. 29 ; Haudcbourt, Le Laurentin, maison de campagne de Pline le Jeune restituée d’après la de- scription de Pline, Paris, 1833 ; Canina, Architelt. antica, sezionc III, parle 11, p. 252, pi. iW-.Edifizi di Borna antica (1851), V, p. 208 ; VI, pi. 190, 191 ; Schinkel, Architektonisches .klbum v. Archileklur-Verein zu Berlin, Heft VU (1841) ; Stier, Architektoniscite Entwûrfe (1867) ; Winnefeld, Jahrb. d. knis. deutseh. areh. Inst. VI (1891), p. 201, avec deux plans, pi. 204 et 212 ; G. F. Pichi, La villa di PI. in Tuscis (1892) ; Allcliison, Plimjs villas, dans The Builder, XLIII (1894), 2453, p. 94, avec une carte ; Ma-oun dans les Transactions of Ame- rican Philology, XXVI (1895), p. XX.’LIII, avec un plau. - " Plin. Epist. Il, 17. Cf. I, 9. 4 22, U ; IV, 6 ; Vil, 4. 3.