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Mais de toutes les villas romaines dont il subsiste des ruines la plus fameuse et la plus monumentale est assu- rément celle que l’empereur Hadrien possédait dans la campagne romaine, au-dessous de Tibur (fig. 7494) ’ ; mieux que le nom de villa elle mériterait celui de palais d’été. Nulle part les caractères que nous avons cherché à définir dans ce genre d’édifices n’apparaissent plus claire- ment. L’espace couvert est énorme et les bâtiments, dont chacun impose par sa masse, sont comme juxtaposés au gré d’une imagination toujours féconde en caprices nouveaux. Hadrien a exercé le pouvoir souverain du

chers à Platon, et un Lycée qui rappelait Aristole’. l’n ruisseau devenait un Nil ; tous les canaux auxquels on voulait trouver unelointaine ressemblance avec le détroit de l’Eubée prenaient le nom pompeux d’Euripes’. Mais Hadrien, grâce à son rang, avait pu donner à ses imita- tions des proportions et une splendeur exceptionnelles ; outre l’Académie etle Lycée, ilavailvouluavoir aussi sous les yeux le Prytanée d’Athènes [prytanevMj et son Poe- cile (floixOiTi (jTûi), portique orné de peintures fameuses [poRTicus] ; un vallon voisin offrait l’aspect de la vallée de Tempe, charme de la Thessalie ; une pièce d’eau,

Fig. 7494. — Villa de l’Empereur fladrien près de Tibur.

11 août 117 au 10 juillet 138, date de sa mort ; il est impossible de préciser davantage l’époque où il a fait construire son palais de Tibur ; car certaines parties existaient peut-être déjà avant l’an 117 et il semble bien y avoir fait travailler jusqu’à son dernier jour, ou à peu près. Ce qui donnait à cette résidence un caractère singulier, c’est que, par ordre d’Hadrien, on y avait repro- duit les monuments et les lieux célèbres qui l’avaient le plus frappé pendant ses longs séjours en Grèce et en Egypte. L’idée cependant n’était pas absolument nou- velle : Cicéron montrait déjà avec orgueil dans sa villa de Tusculum une Académie, copie des jardins d’Athènes

1 Sans parler de» voyageurs et dos archéologues qui oui Iraili de la campagne romaine cl de Tibur, il faul citer Pirro Ligorio, Trattato delta antichità di Tivoli t delta l’ilta Àdriana (153»), dans le Thesaur. antigu. et hislor. /latine, Vlll, IV (1723) ; Contini, Iconograplila lillae Tiburtinae Hadriani (1634 et 1751) ; Piranesi, Planta délie fabbriche nella villa Adriana (I78l|, dans le l. XXII de ses œuvres complèlet ; Ponce, Arabesques antiques de la villa Adriana (1789) ; Agclli cl Contardi, Pictnrae Adrianae villae (1801) ; Bardi, Dell’ imp. villa ff. (J8Î5) ; Nibby. Deseri :. d. r. Adr. (I8i7) ; Penna, Viaggio pittorico delta V. Adr. (1831-4836) ; D.>umcl, la v. Badr., reslauralion et mém. à labibl. dcrKcolcdes b.-arls, à Paris ; Giraull, La Piazsa doro ; Sortais, Le Canope ; Esquié, /.es palais impériaux du nord-est (1887), ibidem ; Wondcl, Lt natato- ri<im,Ahni

Mi’lnnges de l’École franc, de Tiome, ! (1881). pi. ii, p. C3-67 ; Civi- 

nini, Zolfanelli c Sanlini, / selle colli, la v. Adr. (1884) ; Boissier, Promen. ar-

celui du Canope alexandrin ; enfin un emplacement spécial avait été affecté aux Enfers’. Les archéologues qui ont voulu identifier les ruines admirables de la villa et en reconstituer le plan ont quelquefois péché par excès d’imagination ; pourtant la critique la plus circonspecte considère certains résultats comme défi- nitivement acquis (fig. 7494 ^). Ainsi il est bien clair que la vallée de Tempe ne peut être que celle qui s’étend au-dessous des collines de Tibur et par con- séquent le ruisseau qui l’arrose a dû figurer le Pénée Ihessalien. Le Canope a été révélé par le grand nombre d’antiquités égyptiennes retrouvées sur ses bords.

chéol. (1895), p. 179 : Winncfcld, Die Villa des //adrian (1895) ; Gusmau, La villa impériale de Tibur (1904), d’où est tirée notre fig. 7494 ; il donne à la p. XI une bibliograpliie plus complète. — 2 D’après les dates in- scrites sur les briques ; v. Gusman, Op. t. p. 15-17. — 3 Cic. Ad Ait. I, 4, 3 ; 9, 2 ; 11, 5 ; De divin. 1, 5, 8 ; II, 3, 8. — *Cic. De leg. Il, 1 ; Sen. Epist. 55, 83 ; 90, 15 ; Piin. .Va(. hist. Vlll, 85 ; XXXV, 116 : Slal. Silv. I, 3, SI ; Suel. Caes. 39 ; Hist. Aug.. Elag. S3, 1 ; Auson. Ctar. urb. XIV, 20 ; Hesycb. s. c. Sur PEuripe d’Agrippa à Rome, Ov. Puni. 1, 8, 38 ; Strab. XIII, 1, 19 ; .Scncc. Epist. 83 ; Proulin. Aqu, 84. Sous Scptimc Sévère, il y a eu à Rome un lieu appclt^ Mcmpbis et un autre appelé le Labyrinthe : Corp. inscr. lat.Xl, 461,10 091 ; /nser. Gr. XIV, 1093. — 5 /Jisl. Aug., //adrian. i6, 3 ; cf. S3. — « D’après Gusman, Op. I. fig. 70 à la p. 60. Pour le détail il a utilisé et souvent reproduit les restaurations inédites de l’École des beaur-arts citées plus haut, note 1.