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aurait eu pour père Héphaistos, fils lui-même de Talos, parait douteux, puisqu’une variante donne, beaucoup mieux, <l>aicTo< ;, nom de Féponyme de Phaestos’. Une légende qui classe parmi les ’IIçataTOTEuxTa le géant d’airain crétois Talos [argonautae] a pu amener la con- fusion, à moins d’une faute de transcription toute simple -.

4) Si Héphaistos est peu connu dans les îles dépen- dant de la Grèce occidentale, on rencontre plus souvent les témoignages de son culte dans les iles plus orientales, qui sont tournées vers l’Asie. Aux mentions de noms théophores connus pour Ténos, Kos, Théra, Mélos ^ il faut ajouter quelques traces relevées à Délos ’. Les indices deviennent plus fréquents, à mesure qu’on s’avance vers la presqu’île anatolienne. On en connaît à Rhodes ^ A Lesbos, il existe un mois ’IIs/aïuTto ;^ ; Alcée (de Lesbos) consacre un hymne au dieu ; il existait peut- être une ville d’Héphaistia dans l’île. A Samos, le père d’Iadmon s’appelle Héphaistopolis’ ; une monnaie repré- sente Héphaistos forgeant des armes près d’Alhéna’, et le dieu est mis en relations avec Hèra, la divinité prin- cipale de l’île’". En rassemblant les traditions sur la vie légendaire du dieu forgeron, il a fallu déjà mettre en relief l’importance du syncrétisme établi spécialement à Naxos entre Dionysos et Héphaistos. Avec Samos, Naxos, patrie de Kédalion", est File de l’archipel du sud où le culte héphaistien s’acclimata le mieux. Le dieu essaya de s’y constituer, après Lemnos, une seconde patrie ; il en avait disputé la possession à Dionysos [BAcr.uus, p. 610], qui d’ailleurs triompha (ci-dessus, p. 984)’-. A Chios, il y a moins de traces directes d’Héphaistos : une légende rapportée ci-dessus (p. 983), montre Orion aveuglé se rendant par merde Chios à Lemnos, pour y rencontrer Héphaistos, qui le fera conduire vers le soleil. Mais peut-être celle légende prouve-t-elle seule- ment qu’on connaissait à Chios la tradition des forges du Mosychlos lemnien ’^

5) Il faut mettre à part le groupe des îles de l’archi-

1 Pausan. VIII, 53. ô. — 5 Malien, p. 314-3. — 3 Sillis, De nom. Iheopli. s. V. ; SlaLten, p. 315. — i Ces traces sont ignorées de Malien, /. (. ; cf. Explor. areh.de Délos, Le portique d’Antigone, 1911, p. 113-I19 ; une statue de H.- Vutcanus était à la Krèné Minoè ; elle aurait élé placée là, aui environs de lUO av. J.-C, après une réfection de la Tonlaine à la suite d’un incendie ; Héphais- tos est nommé sur la base où un certain Sosicratés, en l’honneur de l’hilé- tairos, vainqueur des Galates, dédie plusieurs statues, œuvres de Mkératos ; cr. Lu ?wy, Inschr. gr. Bildh. n’ I il. On a retrouvé aussi une base de statuette (h. 0.19), encore inédite, avec la jambe droite du dieu et le support carré qui l’appuyait, support sur lequel est gravé un marteau à manche court ; travail soi- gné ; au-dessous, une dédicace inédite à Héphaistos. — ô Siltis, De nomin, theoph. 3ciemples. — ^ Corp. inscr. gr. IV, 6830 A ; Bull. corr. Iiell. IV (1880), p. 440 ; nom de femme •Aça.Triç (Inscr. gr. Xll, 3, 333). — T Cf. Wilamo- witt, p. 232. — 8 Herodot. H, 134. — 3 Head, Bist. num. 2, 606. — 10 Cf. Wilamowitî, 233 ; Friediander, Herakl., 87 ; nom théopliorc Héphaistion, cf. Collitz-Bechtel, 3706. — H Schol. Hom. lliad. XIV, 296 ; Schol. Nicand. Theriac. lô. — 12 Schol. Theocrit. VU, 149 ; Schol. lliad. XXMI. 9 :;. Sur la participation de Slésichore à cette légende, cf. Wilamowitz, 235, 42. — 13 Un nom théophore douteux, àChio9 ;cf. Malien, p. 313. Pour la légende dOrion, cf. ci-dessus, p. 983 ; Lucian. De domo, 28 sq. — U Malteo, p. 315. — 15 /nscr. gr. Xll, S, p. 170, I. 47. — 16 Jliad. 1, 368 sq. (ii« ou ïui» s.) ; 394 : ’E.ta jii ("HsaioTo.) E.’vr.t ; îvSf. ; i=ap «o ;. ;»».- !. ,i5ivTi ; IX, 294 : "H.aïuxoi ... or,tT«. u Ai ;^.,o, ^,t4 S ;..t,«i ; 4y ?io- =i,>«u ;. — I raià»v „o»o ».iTdT>i àiiTém» {Odyss. VIII, 283 sq.) — 18 Fredrich, Athen. MM. XXXI (1906), p. 248 ; Inscr. gr. XII, 8, Introd. p. II-III, •U=.„Tia ou ’H=at<rtLi ;; Herodot. VI, 140 ; Steph. Bvz. s. v. Ai ;;4.oî (d’après Hécat.) ; Har- pocrat. s. f. ; fialenus, Xll, 169 sq. ; Plin. jVa(. hist. IV, 73 ; Eustath. ad lliad. 157

7 ; Plolem. III, 12. Sur la date de ia conquête de Miltiade, E. Meyer, Forsch. z.

alten Gesch. p. I, 14 sq. ; Gesch. d. Altert. III, p. 297 (2- moitié du vi» s.) ; avis contraire de BusoUIGriecA. Gejc/i. Il, 330) ; Beloch, (Griech. Gesch. I,351) ;rile aurait élé prise au temps de la révolte ionienne (Herodot. VI, 137 sq.) ; Corn. .Xepos, Jfiltiad. 1-2 ; cf. le catalogue de clérouques, très arcba’iquc, publié dans Bull, corr. hell. XXXVI (1912), p. 326 (Ch. Picard-A.-J. Reinach). — 19 La dernière -rploratisn arch.’ologique (cf. autérieurement Fredrich, (. (.) a élé fait» par nous ;

pel thrace, où les vestiges du culte d’Héphaistos sont nombreux et des plus importants. Sittig a signalé un nom théophore à Thasos’* ; il faut ajouter la même mention pour Samothrace’». Mais c’est à Lemnos, comme il faut s’y attendre, que les indices relevés ont le plus d’intérêt. Le premier chant de VHiade raconte déjà la chute d’Héphaistos tombé du ciel à Lemnos où les Sintiens le recueillent"^. Le poète savait donc qu’à une époque qui avoisine le ix» siècle, Héphaistos recevait à Lemnos un culte de la part de peuplades non hellé- niques. Le chant de Démodokos, dans l’Odyssée, nomme l’île « la terre la plus aimée d’Héphaistos entre toutes » " . L’une des deux villes lemniennes, qui est plus ancienne que la conquête de Miltiade ’", portait le nom d’Héphaistia, tiré de celui du dieu". Une monnaie de cette ville montre un Héphaistos barbu, avec le pilos et la chlamys ; au revers, une torche-". Un Upeùi ; toù ètouvû- jjLou T-Tjç TtdXeooi ; ’Hcpatdxou est connu ^’. L’île tout entière est souvent citée dans les textes comme consacrée à Héphaistos -^ C’est là que les Argonautes le fêtent à leur arrivée’". A quoi tenait cette installation toute spé- ciale dans Lemnos ? Non loin de la ville d’Héphaistia brûlait, dans l’antiquité, sur le sommet d’une colline qui portait le nom non hellénique de Mosychlos", un feu souterrain, dont la flamme, le Trayy.paTàç aéXaç, est appelée par Sopliocle un produit d’Héphaistos (vicpataTo- T£uxTov)-^. Un V( !rs du poète épique Antimachos (v"siècle) cite le feu d’Héphaistos, qu’un démon entretient au som- met du Mosyclilos ■’^. Le dieu était supposé avoir sa forge en haut, à l’endroit du feu ; en bas de la montagne se trou- vait son temple-’, où les prêtres guérissaient les mor- sures de serpents au moyen de cette « terre sigillée », qu’ils expédiaient bien cachetée à la manière d’une pana- cée universelle •*. Les recherches des géologues ont prouvé que le feu du Mosychlos n’était pas de source volcanique, mais naturel ; il était entretenu par un culte religieux analogue à celui qui a existé longtemps à Bakou, sur la mer Caspienne, et vraisemblablement provoqué par

cf. Ch. Picard-A.-J. Keinach, Bull. corr. hell. XXXVI (1912), p. 326 sq.

— 20 Fredrich, Athen. .Vi((. XXXI (1906), p. 248 ; Cat. greek coins. Tauric Cherson. etc. 214, 12 ; Head, Bist. nwm. 2, 263. Les Cabires de Lemnos gardent le costume d’Héphaistos ; cf. v. Fritze, Zeitschr. f. Numism. XXIV (1904), p. 117 ; pi. V, 14-15.-21 Jnscr. jr. Xll,8, 27, 2 (décret de la ville libre, au iii« s. ap. J.-C.).

— 22 ScAoi. Apollon. Rhod. I, 830 ; Nicand. r/ien’aco, 458. — 23 Apollon. Rhod. I, 859 sq. ; Ovid. Fast. III, 82. Sur les épithètes qui montrent le rapport du dieu avec l’île, cf. Malien, p. 31G. — 24 Sur le Mosychlos, Fredrich, Atk. âjitt. XXXI (1906), p. 241 sq. ; il n’a pas tiré parti des observations géologiques de L. de Launay, Bev. arc/irol. XXVIl(1895), p. 305 sq., qui constate l’absence de gisements métallifères et d’une industrie des métaux antiques, dont les traces soient reslées ; les éruptions sont de l’époque tertiaire. Il n’y a plus aujourd’hui de.cratère volcanique quelconque, ni même de feux naturels, ni de ces dégagements de gaz analogues à ceux qu’ont signalés quelques auteurs anciens (p. 309) ; cf. note suivante. — 25 ficraclit. Alleijor. horncr. c. 26 ; i>TauOa yàç àviiwTat i-f^haii ; itùpo ? «ùxiniToi oîioye !. Eustal’ll. ad lliad. 137, 37 : ÎTi %vo »«î ixtl f’ffittj &vtSt’SoTo «ftTË aùtô[AuTov. Selon Malien, Héphaistos, dans Arch. Jahrb. XXVI I (1912), p. 232, les dires des anciens au sujet du feu lemuien, qui n’aurait rien eu de commun avec le feu volcanique, sont confirmés par les recherches modernes (cf. Neumann-Partsch, Physikal. Geogr. v. Griechenland, p. 377 ; Fredrich, l. l. p. 254 ; de Lauuay, l. t. p. 311 sq. ;, que Malien semble ignorer. Sur le nayxpaxf ; «iia ;, Sopbocl. Philocl. 986 sq. — 26 Antimachos, Thebais, cf. Schol. ad Nicand. Theriac. 472, en parlaut d’un. éclair : ’H««i7t'>u ©"aoyI lîWt-o-^, r.v çwTtTù^xei | Sai^iAv àxooâ-nj ; ’^ç£o ; xodusî^vl Mo(rû ;^*i^ou (le Mosychlos est en réalité une colline assez basse). — 21 Aeschyl. /"romerA. .aucli 2, 193 ; Cic. De mit. rff or. 111,53 ; Val. Place. Argonaut. II, 88 sq. = Schol. 23t. C’est là que Prométhéc dérobe le feu : cf. Plat. Prolar/. 321 c ; Lucian. Prometh. 5 ; Aeschyl. Prometh. 5. Pour le temple, cf. Accius, Philoct. fragment 525 (dérivé de sources grecques, probable- ment Eschyle) : volcania jam templa sub ipsis | collibus, in quos dclatus locos | dicitur alto ab limine cœli... | nemus cïpirante vapore vides. — 28 Sur cette lerre qui n’a ct’ssé d’être exploitée au môme endroit et avec des cérémonies identiques, à travers cinq ou six changements de religion, cf., en dernier lieu, Hasiuck, Tenu Lemnia, dans Annual of Brit. sch. XVI (1909-10), p. 220 iq.