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d’historien, aucun nom théophore, aucun document épi- graphique ou numismatique n"a encore manifesté une telle localisation. L’assimilation rElya-Joq-Vulcanu est discutée (voir plus loin, p. 1000) ’.

Le centre lemnien, par contre, a une importance qui ne saurait être mise en doute, mais il n’est pas primitif ; entre la Lycie et Lemnos s’étend la suite ininterrompue des traces d’Héphaistos en pays anatolien ; c’est la Carie surtout qui a contribué à la diflusion du culte-. L’exis- tence de temples et de fêtes d’Héphaistos nous est attestée à partir de là, par exemple à Magnésie du Méandre, àÉphèse, et jusqu’en Troade. VIliade, qui men- tionne un prêtre phrygien du dieu à Troie, est aussi la première qui fasse connaître la chute d’Héphaistos à Lemnos, en terre primitivement carienne. Que cette transmigration se soitfaile à l’époque préhellénique, c’est d’ailleurs ce que prouve encore l’implantation des légendes héphaistiennes à Samos, àiNaxos ; dans ces deux centres insulaires, Héphaistos était associé aux grands dieux locaux, Héra, Dionysos ; du syncrétisme de Naxos paraissent nées particulièrement les joyeuses histoires bachiques qui, au vu» siècle, trouvèrent dans les poèmes homériques une expression artistique. Or, en toutes ces régions, les Cariens ont pénétré à l’époque préhellénique ’. Si, à Lemnos, l’élément thrace pri- mitif ne doit point être méconnu’, ce sont les Cariens qui ont donné toute son importance au TzcLyAoctziç uéXa ; ; on a pu dire ainsi justement que le mythe de la chute à Lemnos symbolisait l’apparition, sur l’horizon grec, d’un dieu étranger °.

L’Attique reste isolée. Comment le dieu y avait-il pénétré ? Question peu claire. Héphaistos y est nommé pour la première fois par Solon ^ Mais était-il connu à Athènes avant 600 V La date récente du temple, dont il vaudrait la peine de fouiller les soubassements, le rapport étroit du dieu avec la population de la basse ville, ne font pas supposer une apparition très ancienne : le vu* siècle au plus tôt. Cela suffit pour indiquer qu’il ne faut pas songer à une importation

1 Malleu a fourni contre Wissowa, Heph, p. ’.î-l. L’i t8T9,p. 167, el par Sittig, q Celle (Jeniière liypoUièse r

’De une série d’arguments assez recevables, cf. Pauly- ssimilatiou est proposée par Pick, Bezz. Beitrdgç, 111, li suppose comme intermédiaire la racine étrusque Vet/. ipose sur le postulat d’une parenté entre les Étéocrétois,

( les

adorateurs de n’Axa^d ;, elles Etrusques, venusd’Orienl, suivant les présomptic plus modernes. Mais .Malien observe qu’il faut tenir compte de dilîérences impor- tantes entve oicanus (cf. volunus, sect. Il) et Héphaistos : et que d’ailleurs l’H. étrusque est appelé Setlilans par une inscription de miroir (notre lig. 75S0), ce qui parail éliminer l’intermédiaire V’e// (cf. Kôrte, BOm. MM. XX, 1905, p. 363 ; Sittig. 104. 1). Enfin, le rs’A/avo ; Cretois est figuré par une monnaie de Fhaestos assis dans un arbre (Svoronos, yumism. de la Crête ancienne, p. -59. pi. xiii, 24 sq. = notre fig. 7578), ce qui le fait considérer comme un dieu de la végétation, fort éloigné, ce semble, pour le caractère, tant d’Héphaistos que de Vulcanus. — 2 G. Ueyer, Be ::. Beilrûge.X, ISSO, 3on ; Wilamowitz, 6’i( :un9«6er. Akad. Sert. 1906, p, 74. Malien, Heph. p. 3i4, rappelle les principales monnaies de la région, dout celle de .Mylasa où on lit la légende •azC., à côté d’un H. forgeant ; ce qui prouve la dilfusion des traditions épiques sur la scène des armes. — 3 l’our les Cariens à .Naxos, cf. Steph. Byzanl. s. u. ; Diodor. V, 51, 3 ; pour Samos, cf. la tribu carienne t^hesia, à côléd’Astypaleia(Wilamowitz,6’ !i ;unjs4er.(i. Berl.Akad. 190C, p. 74) ; nom de fleuve carien ’Iiiôsa»» ; (Callimach. fragment 5131 ledit. Schneider) ; ce nom aurait été précédemment celui de toute l’ile, cf. Stepban. Byzant. s. v. ’IjiÇaa»» ; ; en général, Kretschmer, Einleit.ind. gr.Sprache, p. 358 sq. Les traces cariennes dans les îles du Nord ont été maintes fois constatées ; cf. pour Lemnos, Frcdrich, Athen. MUt. XXXI (I906J, p. 83 ; /n»cr. gr. Xll, 8, Introd. p. i ; pour Imbros, Steph. Byt. s. v. : Fredrich, Alh. ilitt. XXXIII (1908), p. 99 sq. — ’ Cette méconnaissance est le fait de Malien, Heph. p. 32r,, qui nie à tort l’existence de vestiges du culte du feu en Thrace ; cf. ci-dessus, p. 988. — 5 Wila- mouitz, /. (. p. 239. Un texte d’ilellanikos, cité par Tzetzès, <i(i Lycopkr. 227, el peu utilisé, indique que le feu avait jailli à Lemnos d’un arbre frappé par la foudre (cf. le Volcanal du fûruu, p. 1286 : ci-dessous, p. 1002) ; on peut relier cette indication au thème de la chute d’Héphaistos sans poiirlaid reprendie Ihypolliése

lemnienne  ; on |a supposé plus vraisemblablement la réapparition de vieilles traditions cariennes, conservées en Attique,puis renouvelées dans le composé Héphaistos- Prométhée, le dieu, en Altique, ne s’étant jamais bien distingué du héros. En dehors d’Athènes, Héphaistos manque presque partout au catalogue des dieux ; dans le Péloponnèse, comme au Nord, ce qu’on sait de lui est insignifiant *.

Entre l’Asie et les centres occidentaux la transition est presque plus claire. Il semble bien, malgré quelques indices, qu’elle se soit faite de deux côtés à la fois ; par les Thraces et les Ligures au Nord ; par la colonisation cnidienne, directement dans les iles Lipari’. Le centre sicilien est secondaire ; en allant habiter le cratère des volcans, le dieu, d’ailleurs, ne changea pas dénature : il resta le symbole du feu terrestre, la croyance populaire attribuant plutôt les phénomènes d’éruptions à la colère des Titans ensevelis sous la montagne enflammée.

Charles Picard.

H. Rome et Italie. — 1" Le nom. La question des ori- gines. — Le véritable nom du dieu qui correspond à Héphaistos dans le panthéon romain est Volcanus. Celte forme est attestée par la presque unanimité des inscriptions ’", avec les deux graphies Volkanus et Volcanus. On en a proposé diverses étymologies. Les anciens l’expliquaient par des rapprochements forcés avec tel ou tel mot exprimant un caractère du feu " ; Cicéron, plus sage que les autres, renonçait à toute explication ’^. Les modernes ont recherciié l’étymo- logie de Volcanus dans les racines des langues indo- européennes : on a proposé le sanscrit vai’k (briller), l’indien ulkà (météore igné), d’autres encore ’^ ; ces étymologies ont une vraisemblance égale, ce qui les rend toutes également incertaines.

La racine étrusque t’e// doit nous retenir plus long- temps. La correspondance : étr. vely = lat. vole est très régulière ". Il est sûr, d’autre part, que Vei/anu et ses dérivés étaient courants dans l’onomastique étrus- que ’^. Mais on n’a guère qu’un témoignage concernant

du feu céleste : la chute d’ilépliaistos avait pu être suggérée tardivement par l’apparition de quelque bolide enflammé. — 6 Solon, 12, 49 ; Wilamowitz, Gôtt. Nachr. 1898, p. 232, 3. — "i Sur le danger d’une hypothèse qui pourrait être fondée sur les rapports des Pélasgcs lemniens avec l’AUique, Malien, Ueph. p. 326 ; cette tradition, d’ailleurs, est au plus tôt du temps de Miltiade ; cf. E. Meyer, Forscli. I. p. 14 sq. ; Gesch. d. Allert. III, p. 297 ; Wilamowitz, Arist. und Athen, II, p. 73, 4 ; Uepli. p. 231. — * On noiera comme un fait isolé le culte d’Héphaistos feu terrestre à Trapéionte d’Arcadie, Hausan. Vlll, 29, 1. — 9 Thucyd. III, 88, 2. — Bioi.iogbaphig (partie grecque). Émeric David, Vuicain, Recherches sur ce dieu, sur son culte (Paris, 1838) ; Pauly-TeulVel, HealencyclopU- die, articles Volcanale, Volcanalia, Volcanus (ScheifTele), p. 2724-2732 (Stuttgart, 1852) ; Welcker, Griechische Gôtterlehre, I, p. 639-666 ; 11, p. 686-091 (GOltingen, 1857) : Alf. Maury, Hist. de la religion grecque, I, p. 103 sq., 290 sq. (Paris, 1857) ; H. Bliimner, De VuUani inreteribus artium mormmentis /f^ura (Breslau, 1870) ; Wacntig, De Vulcano in Oli/mpum reducto (Leipzig, 1877) ; Roschcr, Lexicon der Mythologie, article Héphaistos (Rapp), 1. p. 2036 sq. (Leipzig, 1884-90) ; Mechivme, Mythologie de la Grèce antique, f. IC6 sq. (Paris, 1886) ; Preller- Robcrt, Griechische Mythologie, t, p. 174 sq. : Il, p. 686-691 (Berlin, 1887) ; von ’Wilamowitz-Moellendorff, Héphaistos, dans Gàtting. Gelehrie Nachrichten, 1895, p. 217-245 : Gruppe, Griechische Mythologie und Religionsqeschichte, H, p. 1304-1318 (Munich, 1906) : Malien, Héphaistos, dans Arch. Jahrbuch de Ber- lin, 1912, p. 232-264 ; Pauly-Wissowa, lieal-Encycl. article Héphaistos (Malien) (Stuttgart, 1912|. — 10 Exceptionnellement, on rencontre Vulk(anu.s) (Corp. insc. lat. XIV, 332) et Vulcanus (Dessau, Insc. sélect. 8960). — " Varro, De ling. lat. V, 70 : 06 iijnis jam majore vi ac violenlia Volcanus dictas ; Servius, in Virg. Aen. Vlll, 414 ; Isid. Etym. Vlll, H, 39 : Vulcanus, quasi Volicanus, quod per aerem volât. — «2 Cic. De nat. deor. III, 24. 02. — 13 Cf. Vanicek, Gr. lat. etymol. Worterbuch, p. 918. — " cf. Deecke, IStrusk. Forschungen, IV, p. 53 ; W. Schuize, Zur Geschichte lat. Eigennamen, p. 377-378. — 16 Kabretti, Corp. inscr. Italie, antiq. aevi. 12 ; Corp. inscr. etr. 3034, 3338 ; Corp. inscr. lat. Il, 1917 ; i6id. VI, t04u7 : Serv. m Virg. / ?< :;. IX, 46 ; Plin. JVa(. Hist.XX, 157.