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était ornée de la statue d’un acteur foudroyé dans le cirque ’, et de celle d’IIoralius Codes, d’abord placée au Comitium, transportée ensuite au Volcannl, après qu’elle eut été frappée du feu céleste ^. Sur la mar- gelle du puteal Libonis, construit pour protéger un lieu frappé par la foudre ’, étaient figurés les emblèmes de Vulcain [fori’m] .

B. Le dieu des incendies. — Ce sont les effets incen- diaires de la foudre qui expliquent le culte de Vulcain comme maître des incendies, qu’il déchaîne et qu’il peut, pareillement, éteindre. Le temple du dieu était placé hors des murs des villes, pour écarter d’elles le danger d’incendie Il arriva au moins deux fois, à Rome, qu’il fut frappé de’la foudre ; accident considéré comme un prodige menaçante On a cherché récem- ment à faire de cette fonction de maître des incendies la fonction essentielle du Volcanus latin ^ ; c’est là une opinion beaucoup trop absolue ’. Vulcain appa- raît sous cet aspect, comme nous le verrons, surtout àOstie ;à Rome, le culte du dieu des incendies paraît n’avoir pris une importance particulière qu’à partir d’Auguste ; dans les provinces de l’Empire on rencontre rarement Vulcain- dans ce rôle ’. D’autre part, nous constaterons bientôt que l’association du culte de Vulcain avec certains autres cultes se concilie mal avec une conception aussi exclusive de son rôle. Quant à l’argument tiré du nom de Mulciber, nous l’avons discuté plus haut.

C. Le dieu de la chaleur fécondante. — 11 est certain que Vulcain a eu de bonne heure et a gardé très tard le rôle d’un dieu favorable à la végétation. La fête des Volcanalia n’est jamais omise dans les calendriers agri- coles ’° ; son nom sert souvent à désigner la date de certains travaux des champs" ; enfin elle fut célébrée jusqu’au vu’ siècle de notre ère par les paysans d’Espagne ’-. Les rapports de Vulcain avec Maia et Ops, déesses des moissons, ne peuvent s’expliquer si on ne lui reconnaît pas ce caractère. Maia, vieille divinité latine, déesse de la terre |^m.i.^ était invoquée dans les prières sous le nom de Maia Volcani " ; c’était le fla- men Volcanalis (i,e l"mai, lui offrait un sacrifice’*.

Au même titre, on associait au culte de Vulcain celui ù’Ops Opifera [ops], à qui on offrait un sacrifice le 23 août, le jour même des Volcanalia ’^ On a prétendu que Vulcain et Ops Opifera étaient invoqués ensemble pour conjurer le danger d’incendie qui menaçait les greniers nouvellement remplis ’^ ; mais il faudrait faire à’Ops Opifera la déesse des moissons engran- gées, alors que la tradition en fait une déesse de la terre, associée à Saturne. On a remarqué que la fête des roZca7iaim(23aoùt)étaitprécédéedescoNSUALiA(21aoùt) et suivie des opiconsiva (23 août) : il y a là un véritable cycle cultuel, consacré à des divinités agricoles ’*.

D. Le dieu du foyer. — Les antiques légendes du La-

I Feslus, De rerb. signif. s. v. Statua, p. 290 éd. Mûller. — 2 Aul. Uell. .Voct. Att. IV, 3.-3 Festus, o. c. s. v. Scribonianum, p. 333. — ’ Cf. Ealielon, Let monn. di la Rép. rom. I, p. 122-123 ; 11, p. 427-428. — 3 Vitr. De arch. I, 7, 1 ; Hlul. Quaest. Rom. XLVII. — 6 Liv. XXIV, 10, 9 ; XXXII, 29, 1. — 7 G. Wissowa, Deferiis anni Rom. Id. Bermes. XXVI (1891), p. 141, note t ; Id. Religion u. KuU. der Romer, p. 183-186. — 8 Cf. Toulain, Let culles patent dans l’Emp. rom. 1, p. .189 sq. ; Domaszewski, Abhatxdl. zur rôm. Religion, p. 109 cl 172 ; Campanile, dansfluil. eom.l 914, p. 183-184. —9Cf. infra.f.iWi,LecuUe. — IOCorp.inser. lai. I, 2« éd. p. 380, ilenol. rust. Colotianum et ilenol. rust. Vallense ; ibid. p. 253, Fasti Guidizzolemet. — " Piin. iat. hist. XI, 40 ; XVII, 260 ; XVIII, 132, 314 ; XIX, 83. — <2 Marlin. Bracar. De correct, ruttic. 16. — 13 A. (iell.

IX.

tium présentent Vulcain sous cet aspect. Caeculus, fondateur de Préneste, fils du dieu, fut trouvé devant le foyer". Servius Tullius naquit du dieu et d’Ocrisia, servante de Tarquin l’Ancien : l’époux merveilleux s’étant manifesté à la jeune fille dans la flamme du foyer, elle s’assit en habits de noces près du feu, et le futur roi fut conçu ^". On notera que la civilisation de l’antique Préneste est à demi étrusque et que les Tarquins étaient originaires d’Étrurie ; peut-être y avait-il chez les Étrusques un dieu du foyer qui fut assimilé à Vulcain.

Ce rôle du dieu explique son association avec vesta. Leur union paraît ancienne : on ne peut prétendre avec Wissowa 2’ qu’elle soit due à l’influence grecque. D’une part, en effet, il n’y a dans la religion grecque aucune trace de rapports entre Hestia et îléphaistos ; d’autre part, comme nous venons de le voir, les légendes qui montrent dans Vulcain un dieu du foyer appartiennent aux origines mêmes de Rome. L’influence de la religion grecque eut pour résultat de fixer Vesta et Vulcain dans des rôles déterminés, et, en ce sens, bien loin de les unir, elle contribua à les séparer : Vulcain fut le dieu du feu violent ; Vesta, la déesse du feu doux et utile, auxiliaire delà vie domestique -^ Mais, en même temps, les habitudes anthropomorphiques apportées par les Grecs tendaient à établir entre les deux divinités ainsi distinguées un rapport précis : Vulcain devint l’époux de Vesta ; c’est à ce titre que le premier lectisternium des douze grands dieux, pendant la deuxième guerre punique (217 av. J.-C), associe Vesta et Vulcain sur le même pulvinar^^. Le couple Vesta-Vulcain entre ainsi dans la religion romaine officielle ; on les trouve réunis dans une fresque de Pompéi’-' ; une double dédicace les associe sur l’autel de Rome et d’Auguste, élevé au con- fluent du Rhône et delà Saône ^’ ; on les retrouve égale- ment, à côté de Mars, dans une inscription de Sens^°.

C’est probablement à titre de dieu du foyer que Vul- cain fut invoqué par Romulus et Tatius comme garant de leur union-’, et honoré, soit par l’un, soit par l’autre, d’un autel nommé Volcunal [forum, p. 1286]. Le Vol- canal, autel primitif du dieu, passait, de ce chef, pour un symbole de la concorde publique : c’est à côté de cet autel que le dictateur Camille éleva, en 367 av. .I.-C, le premier temple de la Concorde [concordia]. En 304, l’édile Cn. Flavius élevait à la Concorde, sur Varea même du Volcunal, une chapelle d’airain-’ ; aussi, au siècle suivant, cette place est-elle appelée indifférem- ment area Concordiae ou area Volcani et Concor- diae ^’. Les deniers de Scribonius Libo portent à l’avers l’effigie de la Concorde et au revers le puteal Libonis orné des attributs de Vulcain’". Une ornemen- tation pareille à celle du puteal se retrouve sur un autel de V’éies consacré à la déesse pietas ^’.

E. Le dieu forgeron. — C’est dans ce rôle que Vulcain est constamment représenté par les monuments

0. c. XIII, 23 (22), 2. — li Macrob. Saturn. I, 12, 18. — 15 Corp. inscr. lat. VI, 2293 = 32482 {Acta Arvalium). — 16 Wissowa, Rel. u. Cuit, der Rômer, p. 168.

— 17 Cf. Campanile, /. c. — ’» Uomaszewski, o. c. p. 109. — ’9 Virg. Aen. VII, 678 sq. — 20 Dionya. Antiq. rom. IV, 2 ; Ovid. Fast. VI, 625 sq. ; Plin. Nat. hist. XXXVI, 27 (70) ; Plut. De fort. Roman. 10. — SI Wissona, o. c. p. 186. — 2S Augustin. De cio. Oei, VU, 16, 20. — 23 Liv. XXII, 10, 9. — u Hei- big, Wandgemâlde, n» 63. — 2.= ; Corp. inscr. lat. XIII, 1676. —26 Jbid. 2940.

— 27 Cf. Ovid. Fatt. VI, 91 sq., 93 : Et lare communi soceros generotque receptos.

— 28 Liv. IX, 46, 6 ; Plin. Nal. hist. XXXIII, 1 (6), 19. — «9 Liv. XXXIX, 56, C ; XL, 19, 2. — 30 Cf. Babelon, o. c. l. l. — 3< Helbig, Fûhrer, 3e éd. 1210 ; Wis- sowa, dans Roscher, Ausf. Lexik. art. Pietas ; cf. Corp. inscr. lat. XI, 3779.

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