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figurés ’ ; mais tous sont inspirés de représentations grecques. Cette fonction n’est pas essentielle au dieu romain : elle est un apport grec, opéré du reste anté- rieurement à l’époque de l’influence hellénique, par l’in- termédiaire des Étrusques, comme nous l’avons dit àpro- pos de Sethhlns. Au contact d’Héphaistos, Volcanus cesse d’être un dieu lanceur de la foudre : il en devient le simple fabricateur, opifex fulminis"^ : il l’apprête dans ses forges de l’Etna ’ et des îles Lipari *. Comme Athénè est associée àHéphaistos, Minerve est naturelle- ment associée à Vulcain forgeron ’.

A titre de dieu de la forge et d’artisan du métal, Vul- cain est considéré chez les Romains comme présidant à la frappe des monnaies. On trouve en etîet représentés, sur les deniers de T. Carisius, les attributs du dieu, enclume, marteau, tenailles el pileus (fig. 4041 =5107) ^ Dans une fresque de Pompéi, figurant un atelier où des Amours battentmonnaie, un des fourneaux est surmonté d’un buste de Vulcain ^

F. Le dieu guerrier. — Le rôle de Volmnus dans la guerre doit être mis en rapport non pas avec son rôle de fabricant d’armes, mais avec l’action dévastatrice du feu, moyen puissant de nuire à l’ennemi. L’habitude d’honorer le dieu du feu, après le combat, en brûlant une partie du butin, et en particulier les armes prises à l’ennemi, remonte aux premiers temps de Rome : elle fut inau- gurée, si l’on en croit Servius, par Tarquin l’Ancien ’. Avant lui déjà, Romulus, vainqueur des Camerini, avait consacré sur le Volcanal un quadrige en bronze’. Le sacrifice du butin [spolia, trop.aeuMj fut pratiqué pen- dant toutes les guerres delà République’". Cette cou- tume était en honneur chez d’autres peuples guerriers, en particulier chez les Gaulois". Sous l’Empire, au temps de Galba, on frappa deux types monétaires semblables, dont l’un portait J/«/’s Vltor, l’autre Volka- iius Vllor’-. Plusieurs calendriers de Rome et d’Ita- lie signalent, à la date du 23 mai, un tubilustrium célébré sous l’invocation de Vulcain ’^ ; deux mois aupa- ravant, .jour pour jour, semblable purification des trom- pettes de guerre avait lieu sous l’invocation de Mars ’*. C’est le rôle de Vulcain comme dieu guerrier qui explique ses rapports avec Quirinus, le Mars sabin. Le jour des Volcanalia, on offrait un sacrifice à Quirinus sur le Quirinal ’^ Sur cette colline, près du temple de Quirinus, Domitien consacra un autel à Vulcain ".

2" Le culte. — A. A Rome. — Le plus ancien monument du culte de Vulcain à Rome est Varea du Volcanal. On trouvera les renseignements concernant le Volcanal à l’article FORi M. 11 faut seulement ajouter qu’on a décou- vert en 1902, entre l’arc de Septime Sévère et les Rostres, un autel creusé dans le tuf même du Capitole, portant des traces d’embellissement postérieur, et en particulier d’un

1 Cf. in/’ra, p. 1001. — 2 Son. t’haed. IS’.i. — 3 Id. ibid. I.ï6 ; Juv. Sal. I, 7 sq.

— » Virg. Aen. VIII, 410 S(|. — 5 .ugusliji. De civ. Dei, IV, 10 : cooperarius Minervae. Saiul-Augustin Iraduil Platon, Politicus, 273, 4 c : *i «Ovuyvoî ’Hçhîstoi,.

— ’ Cf. Babeloo, Traité des monn. gr. et rom. 1" parlie. I, p. 900-902. 7 Cr.

1.1. ibid. p. 901. fig. 19. — » Serv. m Virg. Aen. Vlll, 562 : cf. Liv. I, 37, 5.

— ’ Uionys. AiUiq. rom. Il, 54 ; Plul. /toïniil. XXIV, 8. — 10 Liv. VIII, 10, 13 (340 av. J.-C) ; XXIII, 46, 6 (Marccllus, 21.i av. J.-C) ; XXX, 0, 9 (Scipion vain- queur lie Scvpha», i03 av. J.-C) ; XLI, li. 6 (Scinpronius en Sardaigne, 177 av. J.-U.) — ’I Florus, Epitome, ,iO,â. — ’SEckhel, Doclr. numm. VI,p.96, ctMomni- son, dan» Corp. inicr. lat. I, i’ éd. p. 320, les dalaicnl d’Auguste. Pour la nou- velle attribution, cf. Cohen, lUonnaiet impériale», î" (il. a’ t07 sq. et Matlingly, Xamitm. chronicte, 1914, p. 113. — >^Corp. inicr. lat. I, i’ 64. p, 221 (A’. Vcnii- tini) : ibid. p. 224 (F. Maffeiani) ; ibid. l, p. 3I0(^’. Esr,„ilim) : ibid. 1, 2- M. p. 243 (F. Amitemi) : cf. Varro, De I. I. VI, 14, el Fcsius, o. e. p. 352. — il Corp.

79. — Temple de Vulcain, k Ron

enduilrougevif . Lacouleur de cel enduit signifiaitpeut- ètre celle de la flamme ; pareil symbolisme était com- mun : nous verrons tout à l’heure que certain sacrifice à Vulcain comportait l’immolation d’un veau « rouge ». Du temple de Vulcain à Rome, il ne reste pas de trace. 11 était en dehors de l’enceinte de Servius", dans la partie méridionale du Champ de Mars, appelée Campus Flaminiusou, du nom du cirque qui s’y trouvait, Circus Flaminius. Les Fasti Vallenses nous apprennent, en effet, qu’on sacrifiait à Vulcain, le jour des Volcanalia, in Circo Flaminio ". Il est possible que ce temple ait été bdti en 221 av. J.-C, en même temps que le cirque, par le censeur C. Flaminius Nepos. Nous savons en effet par Tite-Live que dès 214 il existait ua temple de Vulcain i ?i Campa -" ; et le nom de famille du person- nage {Flatninius, fla- men) est de nature à justifier sa dévotion à Vulcain. Verres, letrop fameux gouverneur de la Sicile, se fit élever près de ce temple des

statues équestres^’. On ne sait rien de son architec- ture : signalons cependant qu’une monnaie de Valérien et Gallien, portant la légende Deo Volkano, offre, avec l’image du dieu, celle d’un temple létrastyle (fig. 7379)-^. A partir d’Auguste, les différents quartiers de la ville élevèrent, pour conjurer le danger d’incendie, des autels dédiés à Volcanus Quietus et à Stata Mater : les dédi- caces qui nous sont parvenues les montrent tantôt sépa- rés, tantôt réunis ^^ Domitien, pour accomplir un vœu fait à la suite de l’incendie de Néron et trop longtemps négligé, consacra à Vulcain, en plusieurs endroits de Rome, des areae et des autels. On ne sait s’il en con- struisit dans les XIV régions de Rome, ou seulement dans celles que l’incendie avait éprouvées. Ce qui est sûr, c’est qu’il en existait au moins trois, dont les dédi- caces, toutes pareilles, ont été retrouvées’^*. L’emplace- ment du premier de ces autels expiatoires est incertain ; le deuxième était sur le Quirinal : on en a découvert des vestiges en 1888 : il était entouré d’une area pavée et reposait sur un soubassement à deux degrés ; construit en blocs de travertin, il était autrefois orné d’une double corniche ^^ de marbre ; le troisième était sur l’Aventin, à l’endroit où avait éclaté l’incendie de 64-". Il était défendu de bâtir, commercer, planter dans les limites de ces areae ; on devait chaque année, aux Volcanalia, sacrifier sur l’autel un vitulus roheus et un verrat.

La fête de Vulcain {Volcanalia), se célébrait le 23 août-’. Outre les sacrifices de quartier, il y avait ce

inscr. lat. I, p. 304, 315, 33S ; cf. Ovid. Fast. III, S49. — i» Corp. inser. lat. VI, 32482 (Acta Arvalium). Cf. inféra. — ’6 Cf. in/’ra. et Huclscn. Bull. ass. arch. rom. 1914, p. 114. — 17 Cf. I.anciani, Bull. corn. 1902, p. 130. — ’« Vilr. De arch. 1, 7, 1 ; Plul. ()"at’s'. /’om. XLVII. — " Corp. inscr. lat. I, 2* éd. p. 240. Sur l’usage de l’expression in Circo Flaminio comme indication topograpliique, cf. Liv. III, S4,,1.S ; JordanHuelscn. Topogr. der Stadt Hom im Alterl. I, 3, p. 4»4. — 20 Liv. XXIV. 10,9. — 21 Cic. in Verr. act. sec. 11,61, 130. — 22 Cf. Eckhel, o. c. VII, p. 3S4 ; Cohen, .Uomi. imp( !rio/es, IV, p. 498. Notre fig. 7579 d’après uneicmplairo du Cabinetdcs médailles. — 23 Corp. inscr. lai. VI, 701 , 766, SOI, «02 ; cf. Galli, BuU. corn. 1906, p. 1S6-I97. — S» Corp. inscr. lat. VI, 30837. — 2i Lanciani, Bull.com. 1889, p. 331 sq.,379st(. ; lluelsen, /fém. jVi/(A. 1891, p. 116 sq. ; cf. supra et note 16. — ’26 Cf.Tac. /tim. XV, 3« : Iluclsen. Bôm. Mitth. 1894, p. 94-97. —21 Corp. inscr^ lat. VI, 2295 = .i24S2 {Acta Arimlium) : ibid. I, 2’ éd. p. 240 {Fasti Vallenses) ; ibid. I, p. 298 [Fasti Pinciani) ; ibid. I, 2- éd. p. 223 {Fasti Maff’ciani).