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des statues et des ex-voto de toute espèce’. Il ligure comme éponyme dans tous les actes intéressant le culte qu’il sert, nouvelle preuve de la durée assignée à ses pouvoirs et de leur importance -.

Dans les temples les plus fréquentés, ou tout simple- ment là où le zacoral était conféré honoris causa, il fal- lait plusieurs zacores pour que la fonction fiit remplie convenablement. Il y en avait deux dans l’Asclèpieion de Smyrne au temps d’Aelius Aristide ’■'. Ils étaient plusieurs à Épidaure, au dire d’Hippys * ; mais un seul peut-être portail le titre, tandis que les autres n’étaient que ses aides. A Lesbos, ils formaient une sorte de collège qui avait son héraut (tspoxàpuxa tûv Upéwv Çoxopuv SacoTïjooç ’AffxÀTjiti’o)) ’ Quand les zacores étaient ainsi deux ou plusieurs, le principal d’entre eux était quel- quefois appelé archizacore : à Laodicéc, on connaît un àp/iCixopoç Toû [AeyiXou SapœTiiSoç ^. Quelquefois aussi l’assistant se contentait du modeste titre d’hypozacore ", qui pouvait être donné, comme celui de zacore, à une femme ’. Sur les listes éphébiques d’Athènes, l’hypo- zacore figure parmi les dignitaires nommés à vie, après les archontes, les stratèges, les sophronisles etl’hypo- sophroniste, le pédotribe, le grammate, l’hoplomaque, le prostate, l’hègémon, l’hypopédotribe, mais avant le didascale, le médecin, l’hypogrammale. le kestro- phylax, le kapsarios, le directeur du Diogéneion et le lentiarios’. L’hypozacore ne semble pas, au reste, dilférer notablement du zacore : il est également éponyme ’" ; il reçoit les mêmes honneurs du Conseil et du peuple". Gustave Glotz.

ZAGREUS. — I. Zagieus ou Dionysos Zagreus ’ est le grand dieu des Orphiques [orpuici]. La plupart des auteurs qui nous renseignent sur lui sont de basse époque ; ils ne nous ont transmis que des données éparses et difficiles à relier. Le mythe qu’ils nous font connaître est le suivant.

Zeus et Rhéa, unis sous la forme de serpents, avaient eu une tille, Perséphonè, être monstrueux qui avait quatre yeux el des cornes. S’étant une seconde fois métamorphosé en serpent, Zeus fit violence à, sa fille, et de cette union naquit Dionysos Zagreus, qui, comme sa mère, avait des cornes ; Nonnos l’appelle xepoEv Ppé-io ;, le petit cornu. Craignant pour lui les pièges de Hèra, Zeus lui donna c.omme gardiens les Curetés [r.UKETEs’, qui l’avaient gardé lui-même dans son enfance ; néanmoins le jeune dieu fut surpris par les Titans envoyés par Hèra, qui l’amusèrent en lui présentant des jouets. Il chercha à leur échapper, en se transformant successivement en lion, en tigre, en cheval, en serpent, en taureau ; mais il fut lue par eux, el ses meurtriers, après l’avoir dépecé, en dévorèrent les morceaux. Zeus ordonna à Apollon de recueillir el d’ensevelir ses membres ; le dieu de Delphes les ensevelit à côté du

I Inscr. gr. l. ill, add. 11° 6S e (Alhèncs) ; Corp.inscr. gr. n» C002 ^Inscr. ijr. t. XIV, II» 1020 — JnacT. gr. ad tes rom. pert. 1. 1, n« 103 (Rome). — 2 Inser. gr. l. III, ii"MCi, 403, 831, 378, UiS.add.n" 181 c, 774a, 780 6, 89*a ; ’E.,^. «pymoX. 1913. p. 1S7, 11» li (Athènes) ; Corp. hiscr.gr. n» 2i !l6 (Athènes el Délos). —3 Aol. Aristid. Oral. I. p. 473. — * Hippys, /. c. — 6 inser. gr. t. XII, 11, n» 484 = .Samnitlmg lier gr. Dialektinschr . n" 2ri5. I. 21-23. — G Corp. inscr. gr. n’ 4470. —^ Inscr. gr. t. ill, add. n» 894 ii ; n°’ 1193, col. I, 1. 28-29 ; U’JU, col. I, 1. 28-Î9 ; 1202, 1. 29 si|. (Alhèncs). - 8 Corp. inscr. gr. n« 1634 = Jiiscr. gr. I. VII, n" 2.123 iThèbcs). — « Celle hiérarchie soniblc liie d’après les inscriptions n" 1193, 1109 et 1202 citéen p. 1033, D. 9. Il n’y a de doulc que pour l’hypogrammate qui vsl placé deux fois après et une fois avant l’hypozacore. — lu/njcr. gr. I. III, add. n»894n. — " Voir p. 1033, n. 10. — Bibi.io(.nAPHii ;. l’aul

trépied. Qiianl au cœur, resté intact, Pallas remporta el le remit à Zeus qui, après l’avoir absorbé, donna nais- sance à un second Dionysos, destiné à partager désor- mais la gloire et la souveraineté de son père. D’après une variante de la légende, Sémélè aurait avalé le cœur de Zagreus, et aurait enfanté ainsi le second Dionysos, le Dionysos thébain. Les Titans furent préci- pités dans le Tartare, réduits en cendres, et de leurs cendres naquit le genre humain".

II. — Tel est le mythe que l’orphisme, né du culte de Dionysos, s’appropria, lorsque celte secte se constitua autour des mystères et des légendes du dieu roHi’Uici, p. 250]. Or, parmi les différentes légendes relatives à Dionysos, celle de Zagreus était celle qui répondait le mieux aux idées essentielles des Orphiques, el c’est pourquoi ils l’adoptèrent, en y rattachant, par une inter- prétation symbolique et philosophique, toute une doc- trine morale. Dionysos fut pour eux l’expression du principe vilal ; « il réunit en lui la source élhérée de vie qui lui a été transmise par Zeus son père el la source infernale qui lui vient de sa mère Per- séphonè ^ » 11 règne souverainement sur les Enfers el il est même parfois conçu comme un fils de lladès, ou comme un autre Hadès*. Mais il partage aussi le trône céleste de Zeus^ Il est le dieu premier-né’^ ; avant sa mort comme après sa résurrection, il est associé au pouvoir souverain de son père ; il est le monarque universel, le maître de tous les immortels . Il est l’àme du monde et en assure la perpétuité. Sa lutte contre les Titans, sa mort, sa résurrection expri- ment les vicissitudes de la vie dans la nature, dans le monde physique el moral. Car il est aussi le principe du bien, tandis que les Titans représentent l’énergie des- tructrice du mal ^ C’est pourquoi l’homme, né des cen- dres des Titans qui s’étaient nourris de Dionysos, est un composé du bien et du mal. Il doit expier la peine du crime de ses ancêtres déicides, s’affranchir de ce péché, dégager en lui les bons éléments en se consacrant à Dionysos. Tel est le but de l’initiation orphique’.

Celle initiation comprenait différents rites, que nous connaissons fort mal. Des gâteaux en forme de cœur, que l’on portait dans une ciste, rappelaient la légende d’après laquelle Pallas avait emporté dans une ciste le cœur palpitant de Zagreus. Quelquefois on portait dans la ciste les jouets mystérieux de l’enfant divin ;’cista, p. 1206]. Mais la cérémonie la plus importante du culte orphique de Zagreus était le repas où les fidèles dépe- çaient et mangeaient la cliair crue d’un taureau, qui, divinisé par les apprêts du sacrifice, devenait le symbole même de la passion du dieu. C’était l’omophagie, par laquelle on s’identifiait, en quelque sorte, à Zagreus, rite connu au cinquième siècle par des textes d’Eu-

Uirard, L’Asclèpieion d’.itliines, Paris, 1881. p. 2T-29 ; Jlartlia, /.es sacerdoces a(Mnicns, Paris, 1S8I, p. 95-96 ; Franz. Poland, Ge.’ichichie des griechischen Verrinsmesens, Leipzig, 1909, p. 313-314, 349, 387.417. /.AGRKUS. — 1 Etym. magn. s. v. (Z«Yçtù« 5 ûiivuoo ; ,i«o» ?«■ ; TioiT^aT ;, Soxir

ï«po 7,îCl( |i.Y*iva, Tîj ntç»loov>,, t ; îiî 5 ySivio ; A,o»u»o() ; Plut. Oe .1 dp. Detpli. 9.

— 2 On trouvera tous les textes, relatifs à ce mythe, cités et reproduits dans Lobcck, Aglaophamus. I, p. 547-576. — 3 J. Girard, Le sentiment religieuï en Grèce (3» éd.), p. 220. — tHeraclit.dansles AVnpm.p/ii/os. gr. éd. ilullach(Didot), I, p. 320, n. 81 : Eli/m. magn. s. v. ; Etym. Gud. s. v ; Anecd. Oxon. 11. p. 443 Cr. (cité par Maas. Orphetis. p. 82, note) ; Euripid. Fragm. 912. —S Euripid. ibid.

— 6 Hyir.n. orpli. XXX, 2. — ’ Lobeclc, op. l. p. 553 ; Nonn. Dionys. X, 297.

— » J.Girard, op. i. p. 211-212.— 9 J. Girard, ibid. Lobcck, op. /. p. 563-6.