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orientaux qui leur donne une physionomie toute spé- ciale’. La série parliculière des grandes jarres de Géré, en argile rougeàlre, porte ordinairement un décor en petites frises poussées au cylindre et procède sans doute de modèles venus des pays grecs, mais influencés par l’art oriental ’ ; on les décore plus rarement d’ap- pliques estampées (fîg. 28 :25).]

^L’Attique est restée étrangère à tout ce mouvement durant le vu» et le vi« siècle ; elle se confine dans la fabrication des vases peints. C’est à peine si, vers la fin du vi* siècle, on voit Nikosthénès, le plus ionisant de ses fabricants, se hasarder à mettre quelques têtes en relief sur l’oriiice de ses œnochoés (tig 7333) ’. Nous avons noté avec quelle ardeur les céramistes d’.thè- nes s’adonnent ensuite à la produc- tion des vases plastiques ; mais le vase à relief reste très rare. Quel- ques fragments recueillis sur l’.-Vcro- Fig. 7333 - lEnocboc Qie d’.lhènes ou à Eleusis, une

de NiliostliCDcs, *^ ^

coupe à relief représentant .Xrtémis (fig. 2354), témoignent qu’on ne l’ignorait pas’ ; mais la peinture absorbait tout. C’est seulement au iv« siècle que la vogue croissante de la vaisselle de métal, et peut-être aussi une certaine fatigue dans la production des vases peints, amenèrent une vive réaction en faveur du décora relief. On voit se dessiner cette évolution sur des vases qui conservent encore des personnages peints, tandis que les autres sont en relief, comme dans la Dispute d’Atliénè et de Poséidon sur une hydrie attique trouvée à Kertch, en Crimée (fig. .5031), et dans le vase célèbre signé par l’athénien Xénophantos (lécythe trouvé à Kertch), représentant une chasse où sont mêlés des noms asiatiques à des noms grecs, des animaux fantastiques à des fauves ^ Les reliefs sont d’abord faibles, revêtus de vives couleurs, et même dorés’ ; ils prennent peu à peu l’importance de véritables petits bas-reliefs, par exemple sur les lécythes représentant la toilette d’Aphrodite ’. C’est encore la métallurgie qui entraine ici à sa suite la céramique. On en a la preuve dans les vases dits de Cumes, où non seulement la panse est décorée de reliefs, mais où le vase lui-même, dans sa structure générale, avec sa panse toute noire et luisante, souvent cannelée, ses oves guiliocliés autour de l’embouchure, rappelle la technique du métal ’Caelatira, lig. 975 à 981]. Les guirlandes incisées qui entourent le col, les reliefs dorés en zones de personnages ou d’animaux, véritables copies des crustae et cmbleinaln des modèles métalliques, accentuent la ressemblance : c’est une transposition du niiHal dans l’argile*. Le plus beau spécimen de cette catégorie est l’hydrie de Cumes, au musée de Saint-

[■ MarOia, L’Art étrusg. p. 46i sq. ; PoUicr, Va^es aiititj. du Louvre, t. tù s(. — - l’oUicr, Cata’og. des vas. p. 3Si sq. ; Vases autiq. pi. i cl pi. 3ti s(|. ; .M.irlliï, 0/1. l. p. t3ii si|. — 3 l’oUicr, Vases anlii/. Il, p. 106, !■’ 110 cl 117. I.a lig. 7333 d’apris Perrol, X, p. iôS, fig. 161. — * Voir la lislc dans .Von. puOl. par Assoc. Étud. grecq. iSSS, p. 57. — 6 KayolCulligiioii, fig. 100- 101. — Voir au Louvre une œnoctioé do Uyr6iiaïi|uc avec roprcscntalioii de pèclieurs ; article hrte, fig. 5λ33, — 7 Arch. Zcilunfj, 1872, pi 60 ; àth. /uni. 1907, p. 80 ; cf. la lislc de Milchliu-fcr drus Jahrbuch Jnsl. 1891, p. 6Î, cl Hriickncr, dans 6i» Winckelmann’s Proijrannn, 190V. — u Itayct-Colli- gnon, p. 366. — 9 Furtwaeagler a bien distingui^ une cal^goric grecque cl une ilaliote : Vasensamml. Oertin, n» -761 s,). ; cT. n" 3838 sq. — io /tùm. uni. XII, 1897, p. SS3. — Il Tii. Kcinacli, Lllist. par les monnaies,

Pétersbourg, où sont représentées les divinités d’Eleusis (fig. 3924 = fig. 733i) Le point de départ est certainement en Grèce, comme le montrent beaucoup de vases d’argile rose attique, revêtus de cet engobe noir luisant’, et nous avons déjà indiqué (p. 650) que le potier aihénien Thériclès, contemporain d’.Xristophane, fut sans doute le créateur de cette nouvelle méthode qui, peu à peu, devait sup- planter le système du dé- cor peint ’tuericlea vasaT.

La commodité et la ra- pidité d’exécution favori- sèrent la diffusion de cette mode, car il suffisait de surmouler des pièces de vaisselle précieuse pour obtenir des appli- ques de très beau style pour les vases d’argile ; on possède des matrices antiques faites en vue de cet outillage ’". On surmoulait aussi des monnaies (|u’on appliquait au fond des coupes". Toute la beauté de la po- terie consistait dans l’éclat métallique du noir qui faisait ressembler le vase à du bronze ’^ On cherchait aussi à lui donner l’aspect de l’or et de l’argent. L’hydrie de Lampsa- que, avec son fond doré, ses reliefs blancs rehaussés de couleurs vives (chasse du sanglier de Calydon), estle plus beau spécimen connu ". . côté se placent des vases moins importants, à couverte argentée ’* ; on sait que jusqu’à l’époque romaine cette fabrication a dû subsister, comme en fait foi un texte d’Athénée sur Naucralis d’Egypte ’^ Pour l’épO(]ue hellénistique, en Italie et en Sicile, on peut citer d’intéressants vases du Louvre avec reliefs peints et dorés sur fond bleu (amphore avec Combat de Grecs et d’Amazones ; vasque ornée de masques de Silène et de Méduse, petites figures d’.phrodite et d’Éros dans des rinceaux) "^. Ces vases rappellent beau- coup les beaux cratères et amphores de marbre sculpté qui décoraient alors les parcs des riches Grecs et Romains ; ils en sont comme une image réduite ".]

[C’est surtout au iii« siècle et au n^av. J. C. que la pote- rie à reliefs prend un développement intense dans tous les pays grecs et en Italie, une fois que la fabrication des vases peints est, sinon complètement tarie, du moins diminuée dans des proportions considérables. On n’a pas encore pu déterminer avec exactitude l’emplacement d’une fabrique grecque qui a répandu un peu partout, à .Vthènes, à Mégare, en Béotie, à Hélos, des vases en forme de bols à couverte brune ou noirâtre, ornés de re- liefs ; on les appelle provisoirement « bols de Mégare » ".

p. 89, pi. 3 : l’agcnslcclu-r, lt,lie,aernmik, p. 10. — 12 M. l’agcnslcclicr, ibid. p. 119. adtncl que l’on niùlail de la plombagine à ce noir ; mais cela semble peu vraisemblable, car, à la cuisson, la plombagine se volatiliserait. — <3 AJon. et J/i’m. Fond. Piot, X, 1903, p. 39, pi. 6 et 7. — I* Marllia, Art éirusq. p. *95 ; Haycti ;ollignon, p. 3)1 (provenances de Bolsena el d’Oibetellol. — ’• Allien. XI, p. 480 E ; Diinionl Cbaplain, Cérnmii/. I, p. 309, note 5. — "’ Bull, Napolelnno, Nouv. série, IX, pi. i ; Kcliule, Terrakotl. ron Sicilien. f. 59, p. 83 ; cf. itùm. mil. 1897, p. iOi. — n Collignon, Sculpt. grecq. Il, fig. 339, 358. — 18 Sur celte catitgoi’ie voir Uonndorf, Uriech. u. Sicil. Vaienbilder, II, pi. 39 à 61 ; Uumonl-Cbaplain. Céramiq. I, pi. 30, 31, 33, 40 ; 11, p. 62 ; KayelCollignon, p. Soi ; Walters. //is(. of anc. l’otleni. I, p. 499 ; Dragciulorfl’, dans /Jonner Jtthrbùclier, 1893, p. : :8. ;