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correspondance, telle qu’elle est donnée au complet par Manilius et partiellement en grec par Vettius Valens et d’autres auteurs[1], est la suivante :


Bélier : Athéna-Minerve. Balance ; Héphaistos-Vulcain.
Taureau : Aphrodite-Vénus. Scorpion : Arès-Mars.
Gémeaux : Apollon. Sagittaire ; Artémis-Diane.
Cancer ; Hermès-Mercure. Capricorne : Hestia-Vesta.
Lion : Zeus-Jupiter. Verseau : Héra-Junon.
Vierge : Déméter-Cérès. Poissons : Poseidon-Neptune.

Un marbre de Gabies, conservé au musée du Louvre, nous offre une représentation plastique de cette théologieFig. 7595. — Autel (cadran solaire) de Gabies.
Fig. 7595. — Autel (cadran solaire) de Gabies.
astrale (fig. 7595[2]. La partie supérieure est creusée au centre d’un cercle concave qui a probablement servi de cadran solaire. Sur le bord plat de cette cavité sont sculptés, dans un ordre dont la raison nous échappe, les bustes de douze divinités : Jupiter avec le foudre, Minerve casquée, Apollon la tête ceinte du strophium, Junon avec la sphendonè, Neptune avec le trident, Vulcain coiffé du pileus, Mercure avec le caducée, Cérès et Vesta sans attributs, Diane avec le carquois, Mars casqué, Vénus avec l’Amour. La tranche de cette table circulaire est décorée des signes du zodiaque, accompagnés de l’emblème de celui des douze dieux qu’on lui associait[3] : la chouette de Minerve avec le Bélier, la colombe de Vénus avec le Taureau, le trépied d’Apollon avec les Gémeaux, la tortue de Mercure avec le Cancer, l’aigle de Jupiter avec le lion, la corbeille de Cérès avec la Vierge, le bonnet de Vulcain avec la Balance, la louve de Mars avec le Scorpion, le chien de Diane avec le Sagittaire, la lampe de Vesta avec le Capricorne, le paon de Junon avec le Verseau, le dauphin de Neptune avec les Poissons. Le choix de la louve pour représenter Mars et le diamètre du marbre, qui est exactement d’une coudée romaine (44 cent.), prouvent que ce monument, trouvé à Gabies, a été exécuté en Italie.

Monuments religieux. — La religion astrale, née en Babylonie, se répandit dans tout le monde romain depuis le début de notre ère pour y devenir prédominante au iiie siècle. Nous avons signalé ailleurs la diffusion de ce panthéisme astrologique, qui avait pour centre l’adoration du Soleil [sol, p. 1385], mais qui vénérait aussi les autres planètes et les signes du zodiaque comme les plus puissantes des divinités sidérales.

Parmi les cultes orientaux les mystères de Mithra sont ceux où nous pouvons le mieux constater la puissance de cette foi astrologique[4]. Sur les grands bas-reliefs de Mithra tauroctone, les douze signes occupent d’ordinaire, en Germanie, le bord incurvé de la grotte, où le taureau est immolé[5] ; on regardait cette grotte comme un symbole du monde et son sommet cintré comme celui de la voûte céleste. Ailleurs les mêmes signes entourent


Fig. 7396. — Bronzes d’Angleur
Fig. 7396. — Bronzes d’Angleur
Fig. 7396. — Bronzes d’Angleur.

entièrement le dieu sacrificateur, tantôt enfermés dans une bordure circulaire, tantôt plus librement disposés autour de lui [mithra, fig. 5092]. Cette composition rappelle comment la ceinture mobile du zodiaque embrasse l’univers, six signes se trouvant toujours au-dessus de la terre et six au-dessous[6]. Parfois ces signes encerclent de même l’image du Kronos mithriaque, dieu du Temps infini, ou bien ils sont gravés sur le corps de ce dieu léontocéphale entre les replis du serpent qui l’entoure [mithra, p. 1951], le reptile figurant, suivant le symbolisme des mystères, la marche du soleil à travers les constellations de l’écliptique[7]. Un curieux morceau de sculpture trouvé au nord de l’Angleterre nous montre la bande zodiacale formant un encadrement ovoïde autour de Mithra naissant[8]. Enfin on avait coutume de reproduire en mosaïque ou en peinture le zodiaque avec les planètes sur les parois des temples. Parfois on coulait les signes en bronze et ces appliques de métal rehaussaient la richesse de l’ornementation (fig. 7596)[9]. Ils sont souvent groupés trois par trois suivant les Saisons auxquelles ils correspondent et dont le culte était associé à celui qu’on leur rendait [mithra, p. 1952].

Le symbolisme que nous trouvons mis en œuvre dans les monuments des mystères de Mithra inspire aussi d’autres œuvres qui ne se rattachent pas directement à cette religion. Comme Mithra, dieu solaire perse, Hélios apparaît souvent entouré de la bande zodiacale, route dont il franchit chaque mois une des douze étapes. Tantôt il est monté sur son quadrige, qui rappelle la rapidité de sa course, tantôt debout, tantôt représenté par un simple buste[10]. Parfois quelques

  1. Manilius, II, 439 sq. ; Vettius Valens, I, 2, éd. Kroll : cf. Boll. Sphaera, p. 473 sq.
  2. Clarac, Mus. de sc. pl. clxvi = S. Reinach, Répertoire stat. I, p. 64 ; Millin, Galerie mythologique, pl. xxviii-xxix, nos 85-89 ; Duruy, Hist. d. Romains, I, p. 517. V. notre fig.  7595 ; cf. Fröhner, Sculpture du Louvre, n° [illisible] p. 9 sq.Mrs. Strong me signale un bassin de marbre autrefois chez le duc de Sutherland, à Trentham Hall, et aujourd’hui au British Museum (cf. Archäol. Anzeiger. 1908, p. 421, no IX, 2), qui est décoré sur son pourtour des signes du zodiaque, tandis que sur ses pieds sont sculptées en style archaïsant quatre divinités. La signification de ces bas-reliefs et la destination même du monument, fortement restauré, n’ont pas encore été suffisamment expliquées. C’était peut-être un cadran solaire analogue au marbre de Gabies.
  3. Ces emblèmes sont placés à la gauche des signes, non à leur droite, comme tendraient à le faire croire les dessins publiés ; cf. Boll, op. l. p. 474.
  4. Cumont, Textes et mon. relatifs aux myst. de Mithra, t. I, 1900, p. 109 sq. ; cf. le curieux bas-relief de Modène, Rev. archéol. 1902, I, pl. 1 = S. Reinach, Rép. rel. III, p. 61, 1 ; cf. mes Mystères de Mithra, 3e éd. p. 107, n. 3 ; p. 109, fig. 11.
  5. Par ex. à Heddernheim, op. cit. mon. 251 et pl. vii.
  6. Manilius, III, 240 ; Aratus. Phaen. 553.
  7. Mon. myst. Mithra, t. I, p. 80.
  8. ibid. t. II, mon. 273.
  9. Bronzes d’Angleur (Liège) : ibid. p. 428.
  10. Mosaïque de Sentinum ; Sol debout dans la bande du zodiaque ; à côté de lui la Terre et les Saisons (Engelmann, Archäol. Zeitung. XXXV, 1877, pl. iii = Mon.