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palais royaux, mais qui, dans la Grèce classique, n’auraient plus été que de l’exotisme. C’est en Asie Mineure qu’il faut chercher une survivance de cette tradition orientale ’, à laquelle se rattachent les scènes de chasse, particulièrement chères à l’ait ionien -.

La frise historiée emprunte généralement ses thèmes à la mythologie et aux légendes héroïques de la Grèce ^. Sur l’épistyle zoophorique d’Assos, c’est Héraclès qui rem- plit de ses exploits tout le champ (fig. 3766). Au Trésor del- phiquedes Siphniens, la frise nord montrait une Gigan- tomachie, la frise sud l’enlèvement des Leukippides par

ture et de la peinture décoratives ", un certain nombre de sujets devenus classiques. Le thème traditionnel par excellence, dans la décoration du sophoros, est celui des combats corps à corps et de la furieuse mêlée ; il permet d’accumuler autant d’épisodes qu’en nécessite la longueur du bandeau (174 mètres à Magnésie du Méandre), et il peut se renouveler aisément par la diver- sité même des scènes, des attitudes, des contrastes dra- matiques et des détails accessoires. Il se présente sous plusieurs aspects : lutte des Dieux et des Géants ■", lutte des Centaures et des Lapithes ’, lutte des Grecs et des Amazones’, lutte des Grecs et des Troyens’", lutte des

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Fig. 7003. — Disposilion de

les Dioscures, les frises est et ouest des scènes de l’Iliade ’ (luttes autour du corps d’Euphorbe ou de Patrocle, devant les dieux assemblés, et vengeance d’Achille). Cette variété de scènes disparates sur un même édifice n’est pas rare ° ; on en retrouve d’autres exemples au Théseion, aux temples de Phigalie et de Lagina, au Mausolée d’Halicarnasse, à l’hérôon de Trysa.Ce dernier (fig. 7603) nous offre une vaste compila- tion, où se succèdent des Centauromachies, des comltats d’Amazones, des épisodes de la guerre des Sept contre Thèbes et de la guerre de Troie, le massacre des Prélen- danls, les exploits de Thésée, l’enlèvement des Leukip- pides et la chasse de Méléagre, sans compter les scènes de chasses, de sacrifices et de banquets ; nous y saisissons sur le vif la pratique d’un répertoire, où figuraient en esquisses, d’après les grandes compositions delasculp-

1 Architrave historiée d’Assos (vi* siècle) avec spliÏQx affrontés, laureaux et luttes délions contre des quadrupèdes, S. Reioach, Répert. reliefs, 1, p. 4 à 6 ; Sarliaux, Seuipt. et restauration du temple d’Assos, fig. 32 el 50. Cf. S. Reinach, op. cit. I, p. WS.à l’acropoledeXanlhos (fauves, coqs et poules) ; 11, p. 99, théâtre d’Aiianoi. — 2 Cf. une frise de l’hasos en terre cuile, avec le motif de la chasse au lièvre ; C. r. Acad. Inscr. 191*, p. 294 sq. et Gg. 7 = Ilev. éludes grecques, 1916, Ijg. à la p. 102. Voir aussi les chasses à l’ours el au sanglier sur des monuments de Xaiilhos, dans S. Reinach, op. cit. 1, p. 483 et 4SS, et les scènes de chasse sur les sarcophages de Sidon, tiid. p. 404, 405, 407. 411. — 3 Aui thèmes signalés infra, ajouter ; naissance de Zeus ? à Lagina, cf. S. Reinach, op. cit. I, p. 171 ; nais- sance de Dionysos, frisedu théâtred’Atbènes, ibid. p. 44 ; scènes dionysiaques, aux temples de Cos et de Téos, ifnd. p. 114 et 420-424 ; victoire de Dionysos sur les pirates tyrrhéniens, au monument de Lysicrate, ibid. p. 14 : Déméter, Perséphone, flarpies ou Sirènes enlevant des âmes, au monument des Harpies (Xanthos), ibid. p. 471 ; Bellérophon et la Chimère, à Ihérôon de Trysa, ibid. p. 462. — * Poulscn, Lafriseouest du trésor de Cnide. dans Bull. corr. hell. 1908, p. 177-187, montre qu’elle continue le thème de la frise orientale. — & De même dans ta décora- tion des monuments doriques, où le morcellement des métopes se prête à cette diversité des sujets figurés : cf.au temple de Poséidon à Sunium, Gigantomachie, Centauromachie et Thésèide. — «> -Notre fig. 7603, d’après Benndorf et Niemann, Dos Heroon vonGJôlbaschi-Trysa.pi. iv, fig. 2. Sur la part d’éléments empruntés aux grandes peintures de Polygnote et de Micon (combat des Amazones, enlèvement des Leukippides, llioupersis, massacre des Prétendants, etc.), cf. iioliignon, Bist. de la sculpture gr. Il, p. 208. — 7 Trésor des Siphniens Delphes temple

la frise dans l’Hérôon de Trysa.

Grecs et des Perses". Dans les derniers cas, un thème connexe est celui de l’assemblée des Dieux, venus pour assister au combat et aussi pour assurer le triomphe de la Grèce ’-. Leur intervention ajoute à la scène guerrière un caractère de solennité religieuse, qui convient à la décoration d’un édifice sacré. Mais des liens plus puis- sants encore, créés tantôt par la légende et tantôt par l’histoire, souvent par l’une et l’autre, peuvent rattacher la composition sculpturale au temple et à la cité. Au Tfiéseion, sur la frise ouest, les Athéniens prêtent assis- tance aux Lapithes dans leur lutte contre les Centaures ; on croit reconnaître Thésée lui-même dans le groupe de droite’^. Ce combat n’est donc ici qu’un épisode de la Thésèide et nous reporte aux origines de la cité athé- nienne. Sur la frise du pronaos, quelle que soit l’inter- prétation qu’on en donne "’, ce sont des Athéniens qui

dAthèna à Priène (S. Reinach, op. cit. 1. p. 229), grand autel de Pergame, temple de Zeus à Terraessos (Lanckoronski, Les villes de Pamphylie et Pisidie, II, 1893, p. 50), fontaine à Aphrodisias de Carie (S. Heinach, op. cit. I, p. 2). — 8 Théseion, temple de Phigalie, Mausolée d’Halicarnasse, héroon de Trysa. — 9 Temples de Phigalie, de Priène (Wiegand el Schrader, Priene. lig. 87-89), Artémision de Magnésie du Méandre, temple d’Hécate à Lagina, édifice à Alabanda en Tarie (C. r. Acad. Inscr. 1903, p. 458 el pi. ; S. Reinach, op. cit. I, p. I), Mauso- lée (cf. l’étude de Wolters et Sieveking dans Ârch. Jahrbuch d. Inst. XXIV, 19UD, p. 171-191), hérôon de Trysa. Ce thème a passé dans la décoralion des sar- cophages. — *0 Trésor des Siphniens, héroon de Trysa. — n Temple d’Allièna .■Nikè ; sarcophage à Sidon (combats d’Alexandre). — 12 Trésor des Siphniens (sur la frise ouest les dieux arrivent ; Atlièua, du parti des Grecs, et Aphrodite, du parti troyen, descendent de leur char ; sur la frise ouest, ils sont assis, Zous au centre, comme arbitre entre les dieux hostiles et les dieux favorables à la Grèce), temple d’Athèna Nikè, Théseion. On retrouve le motif de rassemblée des dieux au Parihénon et à l’Érechtheion. — ’» Guerrier armé d’un grand bouclier rond ; dans le groupe de gauche, Piritliotis porte secours à Kaineus ; cf. S. Reinach, op. cit. I, p. 49-50. Les métopes de la péristasis sont consacrées aux exploits de Thésée et à ceux d’Héraclès, ami de Thésée. On croit reconnaître aussi des scènes de la Thésèide sur les fragments d’une frise attique, aux musées de Vienne et de Berlin ; cette frise proviendrait du temple voisin de l’ilissos : brueckner dans Wien. Jahresliefte, Xlll, 1910, p. 50-62, fig. 29-39, et Studnicika dans Winckelmnnns Fesie des arch. A’c/imars, Leipzig, déc. 1910. — li Bibliogra- phie dans Collignon, op. cit. Il, p. 82, n. 2. La frise est divisée comme un triptyque.