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luUent contre des adversaires ;peut-élres"agi l-ild"Érich- thonios livrant combat sous l’œil des dieux pour la possession dWlIiènes ’. Car les légendes des héros poliades comptent parmi les principaux thèmes d’inspi- ration locale ; nous en retrouvons un autre exemple à Pergame, où toute la frise d’un portique voisin du grand autel est consacrée à Télèphe, légendaire fondateur de la cité des Attalides ^ Au temple d’Athèna Nikè (Victoire Aptère), les souvenirs contemporains se dissimulent à , peine sous l’idéalisme généralisateur du v» siècle. Nous y voyons les Athéniens aux prises avec des cavaliers asiatiques (face nord et sud) et avec d’autres Grecs (face ouest), probablement les Béotiens alliés des Perses à la bataille de Platées ’. Ce sophoi’os, postérieur seule- ment d’une vingtaine d’années à la fin des guerres médiques, nous apparaît ainsi comme une glorification des victoires athéniennes ; il rend en môme temps un pieux hommage à la déesse poliade, en lui réservant la place d’honneur dans le groupe des Olympiens, sur la façade principale*. A Pergame, la Gigantomachie du grand autel de Zeus est une allusion au triomphe d’At- tale sur les Galales (fig. 3564). A Xanthos, pour décorer le temple-tombeau dit des Néréides, un artiste ionien adapte un thème classique à des événements locaux : le combat entre Grecs et Amazones devient un combat de Lyciens et d’ennemis ; le siège et la prise de Troie se transposent en épisodes de l’histoire lycienne ; des défilés de tributaires, des sacrifices et des banquets après la victoire complètent cette illustration des hauts faits d’un chef. Certaines frises de l’époque hellénis- tique, comme celle du monument do Paul-Émile à Delphes, nous préparent aux bas-r( !liefs historiques de l’KinpIre romain. Sur les quatre faces de ce monument, une frise continue raconte les péripéties de la bataille de Pydna et de la défaite du roi Persée (167 avant J.-C.) ; il n’y manque ni le bouclier rond des Macédo- niens, ni les auxiliaires thraces ou gaulois, ni l’épisode du cheval échappé, prélude du combat de cavalerie qui décida la victoire". Enfin un dernier thème à signaler, et qui relie étroitement la décoration du cophoi’os à la destination du monument, est celui des scènes rituelles : cortèges °, sacrifices’, banquets, danses*, jeux ous en avons déjà constaté l’emploi sur une frise de Xanthos et à l’héroon de Trysa. On en a surtout tiré parti dans la sculpture funéraire. Mais l’art atlique du v* siècle sut aussis’en inspirersur l’Acropole ; et c’est en raffinant sur ce thème qu’il a produit l’une de ses plus nobles et l’une de ses plus gracieuses créa- tions. Sur la frise continue du Parlhénon, le motif du cortège se localise et en même temps s’amplifie pour devenir la procession athénienne des Grandes Panathé- nées (fig. 726, 27K1, 4162, 48’tl, r ;022, 54 !)6-ria00) ’» ; sur

avec sujet central cl i sujets ^■pisodi()tics. — i D’aprè.s Sauer, Pas sogenannte Thctuion, 1399 ; et. Apollod. I, î, i. — î Minutieuses ^tuiles de C. Roliert dans Jahrliiieh d. Imt. Il, 1S87, p. ïtV-i59 ; 111, ISSS, p. «-65 et 87.105, et de 11. Sclirader, ibid. XV, 1900, p. 97.|3i et pi. i ; Collignon, op. cit. Il, p. 5iC- 5JU et tig. i’Z-ilCi ; ColliFnon.l’onlrcmoli. Pcnjamc, p. 90-98 ; S. fteioacli. op. cit. I, p. Îl7-il9. — ! Cf. Furlwacnglcr, .Vcislcnivrkc.p. îtl ; S. Keinacli. * l^onze-llauscr-Renndorr, op. cit. pi. rui-x, temple à Samothracc, frise de danseuses, cf. S. Ueinach, op. cit. Il, p. :f08, :î.3 ; ibid. I, p. ViX’Vfîl, à Trysa, lianipiels avec llûlislcs et danseuses ; p. is5, 487, .i Xanlhos. — V Course de chars, au iMausnIuc d’Ilalicarnassc. ibid. p. 45G ; jeoi funéraires

la balustrade du temple d’Athèna Nikè, véritable zopho- ros où semble s’achever la scène qui occupe la frise de l’ordre, c’est le motif du sacrifice que reprend le chœur des victoires ailées ".

Ainsi donc le zophoros représente en Grèce une part très considérable de la sculpture monumentale. De la frise archaïque du trésor des Siphniens aux frises hel- lénistiques de Cos et de Téos, où se déroulent des scènes dionysiaques, et à la frise de Lagina, imitation de Per- game qui n’est pas antérieure au " siècle avant notre ère, on peut suivre à travers l’histoire du :ophoros ionique toute l’histoire du bas-relief grec. Toutefois il importe de tenir compte non seulement de l’évolution de la plastique, qui tend de plus en plus à exagérer la saillie du relief et à s’encombrer d’éléments pitto- resques ’-, mais aussi des conditions spéciales d’éclai- rage et de visibilité. Au Parthénon, où il s’agit d’une ordonnance intérieure, les ressources du bas-relief s’accommodent aux effets d’une lumière de reflet. Au temple d’Athèna Nikè, la faible hauteur (0 m. 448) de la frise imposait le parti de projeter vigoureusement les ombres, en faisant saillir les figures ; mais au monument choragique de Lysicrate, qui n’est qu’un gra- cieux ex-voto, le relief de la frise circulaire reste léger et délicat, comme il convient à une « vignette de marbre » ". Au Mausolée d’Halicarnasse, une course de chars, qui paraît avoir appartenu à la frise du soubassement, est d’un relief assez plat ; mais le combat des Amazones, qui constituait la frise de l’ordre, accentue ses reliefs et détache ses ligures sur le fond pour s’accommoder aux exigences de l’éloignement. D’autre part, issue de la décoration pcnnte, la frise sculptée reçut longtemps une polychromie dont il subsiste encore des traces. Celle du trésor des Siphniens était toute peinte, sur fond bleu ; on y retrouve des traces de couleur rouge sut les cheve- lures, sur le cimier des casques, sur la caisse des chars, sur la tunique d’Héraclès". Celle du Théseion conserve des restes de peinturesbleues, vertes et rouges. A l’Érech- theion, nous avons vu que les figures blanches s’enle- vaient sur un fond en marbre bleu d’Éleus^s. Au Mau- solée, la polychromie soulignait aussi les effets. Les couleurs dominantes furent toujours le rouge et le bleu. Enfin on rehaussait les sculptures d’ornements en métal doré, comme en témoignent le trésor des Siph- niens, le Théseion ot le Parthénon.

Zop/ioros corinthien. — De l’ordre ionique la frise passa dans l’ordre corinthien, qui en est une variété. Au monument choragique de Lysicrate, dédié en 333-334, un des rares exemples du corinthien en Grèce avant l’Empire et le plus ancien comme application régulière de cet ordre à l’extérieur, nous retrouvons l’entableinent ionique à son état d’entier épanouissement, avec la frise

au monunicitl des Néréides, p. 4SI. — <*> Hauteur du champ 1 m., loui ;ucur 160 m. environ. Le cnrté^’e avait son point de dépari à l’angle sud-ouest du lempto et se divisait en dt-ux longues liles parallèles pour ahoulir à ta farade orientale ; voir le plan de la frise dans Collignon, Le Ptirthi-non, Paris, Hachette, 19tV, p. 175, lig. 67, et la description, p. 173-191 ; cf. von Premerslein, Dcr l’arthenonfrio dans ^ ien. Jahrcshefto, XV. I91i, p. 1 sq. et yCiir lieulnng det /•or/Acnon/'ri>j(s,dansA(A. .l/i«/ieiM913, p.2D9-ii3. — iilillespriparcntlesacri. ficc do la victime rituelle, une génisse, en l’honneur d’Athèna iNikè, (|ui préside à CCS apprêts. Un ’suppose que la balustrade, postérieure au lomplc, commé- morait les campagnes il’Alciliiado en 411-410. — 12 l,a frise de Télèphe à IVrgamc est conçue comme un laldeau ; la rupture avec les anciens procédés du bas-relief e«l consommée. — H Collignon, /list. de In sculpture iir. Il, p. 366. — H Voir dans Fouille» de Delphes, IV, les planches en couleurs