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comme de ce qu’il voyait pratiquer à Sparte et sur la Pholoé et l’Érymanthe, où il allait chasser dans sa pro- priété de Scillonte’. Cette idée de la valeur éducative de la chasse était peut-être chère aux conservateurs athé- niens : Aristophane voudrait envoyer à la chasse tous ceux qui perdent leur temps à faire de la politique ou à apprendre la rhétorique-. Elle est reprise aussi par Platon ; dans les Lois, il condamne la chasse aux oiseaux, « qui ne convient pas aux iiommes libres », celle qui se l’ail de nuit « et qui n’est bonne que pour des oisifs i>, celle qui « prend comme à la main les bêtes les plus féroces, en les enveloppant de filets et de toiles, au lieu de les vaincre à force ouverte, comme doit faire un cliasseur infatigable » ; mais il loue « celle où l’on poursuit les bêtes à quatre pieds avec des chevaux, des chiens, et où le chasseur s’expose lui-même, poursuit sa proie et s’en empare à force de traits et de bles- sures » ^.11 veut qu’on interdise la chasse avec des toiles, qu’on n’autorise la chasse aux oiseaux que sur les terres incultes, mais qu’on permette partout « cette chasse vraiment sacrée ». Xénophon, lui aussi, pré- fère manifestement aux grandes battues la chasse où le veneur n’a d’autre compagnon qu’un piqueur pour tenir sa meute, s’il chasse le cerf à courre ; un jeune garçon pour garder les tilets, s’il tient lui-même ses deux ou trois chiens en poursuivant le lièvre’ ; seule la périlleuse chasse au sanglier réclame une troupe de veneurs.

Thessaliens-’ et Macédoniens" pratiquaient la chasse à courre, presque inconnue dans le reste de la Grèce. Comme son père Philippe, Alexandre fut un chasseur passionné ; on connaît les noms de deux de ses chiens, le PéonienTriakos et l’Indien Périttas’,et deuxde ses aven- tures dans la chasse au lion *. Ses goûts cygnégétiques furent partagés par beaucoup de ses successeurs’. A en

1 Dans le premier pa5sa ;;e ciU^ île Xénophon, on Irouve les niiîmes considé- rations sur la chasse comme école de la guerre que dans la Cynégrtique, 1, IS, XII et XIII. C’est une des nombreuses concordances (pii porlenl à croire que ce traité est hien de XéuophoD ; mais il a dû 6tre remanié à l’époque aictandrine ; c’est seulement alors qu’on a pu y introduire l’éloge des chiens indiens. L. KadeV- inacher a attafjué, surtout par dt.-s arguments de style, rautliculicilé de la C’i/n^v’"'- (1711e, lllicin. Mus. 1S96, p. 5%-Ci ;i, et 1897, p. 13-41 ; elle a été défendue par J. Jlervall, Bernus, 1911, p. 70. Je n’ai pas vu le travail de H. .Nevill Sanders, The Cynegeticus (Baltimore, Hopkins Univcrsity, 1903). Sur les chasses de Xénophon à Scillonte et dans la Hlioloé v. Xeu. Anab. V, 3. Xénophon s’établit sans doute à Scillonle en 39C. Les dépouilles d’un cerf de l’Erymanthe et de la Pholoé dans Antk. l’ai. VU, 111. — 2 .ristoph. Eq. l3Si. — 3 liai. Lerj. VII, SÎ40. Dans De Rep. 535 d. Platon se montre moins favorable à la chasse : mais il y a peul-étre là quchpic polémique personnelle, si le ji/iS^ço ; visé est Xénophon. — S Xen. Cyn. VI, 1 et 18 ; IX, 1. Des stèles montrent un jeune cavalier à cheval, suivi d’un pii|ueiir à pied qui porte le gibier ; S. Reinach, Rép. reliefs. II, p. 419 ; MI, p. 104.

— » Voir les monnaies de Thcs^alic citées p. 684, note 4, et les laurokathapsics. p. 681, note 10. On entend aussi parler de chasse à courre en Arcadie ; Antk. Pnl. VI, 112. — 6 Atben. II, IS a ; dans les banquets macédoniens les jeunes gens qui avaient tué un sanglier avaient seuls droit à un lit. Les rois de Macédoine avaient des réserves de gibier ; Polyb. XXXII, 15 ; Plin. Vlll, 50 ; dans leurs chasses il était défendu de frapper avant eui l’animal ; Arrian. Anab. IV, 13, i. Une dédicace des cornes d un bœuf de l’Orbélos (sans doute un bison de Péonie, voir p. 691, n. 30), longues de 14 palmes (0",iiO) à Héraklèspar Philippe se retrouve en trois versions dans VAnth. Pal. VI, 114-C. 11 s’agit peut-être de Philippe V.

— 7 Pollux, V, 4Î et 46. — 8 plut. Al. 40 ; Ij. Curt. VIII, I, i. Voir p. 0S8, n. 49. Paul Emile donna au futur Scipion Kmilien les équipages de chasse de Perséc, xjvr.Yol .3a»axoi, Polyb. XXXll, 15. On trouve le nom de Ka/a ;. ;; porté par un Spartiate {Jnscr. gr. V, 1, 8i9) et par un Macédonien (Dittenberger, Orient, gr. inter. tel. a. 235 ;.— 3 On peut citer Kraléros lAMicD. XII, 339 d), Lysi- roaquc (IJ. Curt. Vlll, I, i). Démétrios Poliorcète (Atlien. 1, 18 a), Ptolémécll (Diod. III, 36), Plolémée IV (Polyb. XXIII, 18), Mithridate (J.ust. XXXVIf, i). — 10 On peut citer entre autres des épigramnies de l.éonidas de Tarenle, Antli. Pal. VI, 13, 35 ; de Callimaquc, ibid. 121 ; d’Anlipalros de Sidon, iijid. 14, 110, 111 ; de Rhianos de Crète, ibid. 34 ; d’Archias d’Héiaclée, ibid. 16 et 179-81. Tourner en vers élégants une dédicace de chasseurs fut alors un exercice en vo^ue ; sur Fei-volo à Pan de trois frères d’Arcadie, qui ont chassé, Damis sur terre, Kleilur

croire les épigrainmesde V Anthologie grccque^’^ et quel- ques épitaphes trouvées en place ", le goût de la chasse se développa à l’époque hellénistique : ce fut désormais un titre d’honneur que de pouvoir se dire xuvifiYÔi ;’-ouci.t>o- xùv-riYoç ’■' et il se forma des associations de chasseurs ; on se fît représenter en chasseur sur son tombeau"’ ; être un bnu chasseur passa pour une preuve de cou- rage viril ’". C’est alors que les Grecs firent connais- sance avec les chasses exotiques, dont les captures vin- rent enrichir les ménageries royales, notamment celles de Ptolémée II et de Ptolémée III ", organisateurs de la chasse aux éléphants en Ethiopie ’* ; V [listoire des animaux, que compose à leur époque Arciiélaos d’Alexandrie", a servi de source, avec un livre d’.pollo- dore -", à la série des Theriaca inaugurée par Nican- dre-’ ; avec le traité de Xénophon qui, sans doute, fut alors remanié, c’est à cette zoologie, qui ressemblait plus à celle d’Élien qu’à celle d’Aristote, qu’ont proba- blement puisé les auteurs des Ci/negétirjues versifiés que Grattius, Némésien et Oppien ont dû avoir pour modèles --.

En Italie, la chasse n’avait été longliMiips pratiquée que dans la mesure nécessitée par l’alimenlalion ou la sauvegarde des troupeaux ^^ Bien que les Étrusques y eussent pris grand plaisir (fig. 2782, 278 ;!)', Sallusle considère encore la chasse et l’agriculture comme des scrrilia officia-’. Mais, dès le début du ii" siècle av. J.-C, sous rintluence des notables Grecs gardés à Koine en otage, — tels le SéleucideDémétrius’" et surtout Polybe- — le goût de la chasse se répandit. Scipion lîiuilien fut un fervent de la chasse-* ; le vieux Caton lui-même l’approu- vait comme un bon exercice pour les heures de loisir ^ . Cicéron en faisait l’éloge^" ; Varron, en composant un poème sur la chasse de Calydon, contribuait à donner aux Romains un vocabulaire cynégétique ^’ ; de grandes

sur les Ilots, l’igrés dans les airs, il ne nous est pas parvenu moins de 12 épi- grammes ; .4n(/i. Pal. VI, 11-16, 182-7.— n Voir pour la Crète Spratl, Travels, II, p. 420 ; Halbherr, .l/iis. Ital. III. p. 35, n. Il, n. 162. — 12 Voir les inscr. citées note 10. — a ■l>ào«i.r,- ;o ;, cn Chersonèse de Thrace ; Ath. .Vitl. IX, p. 77.

— 14 Voir le xoiv^v xu-«Ti^<7,v de PhiIippO[)olis (Dumont-IIomoIlc, MéUuujes, p. 336, n. 42), la «aoTi.* ;» »jv,,Y.»,’i„v de Tomes (.l/oim(s4< ;r. Berl. Ak. 1861, tOiO), Tif/i- «u-r,Yi ; d’ilion (Le Bas-WadJington, 1743 a), les ivOr.fot de Pergame (Ath. Mitt. XXXIII, p. 409). Cf. Inscr. jr.’lX, 2850 (’rjitilTDf. ; ivios ;) ; Corp. inscr. gr. 1106 (la.iSo ; tS-j «uï>iy".»). Ces inscr. sont du premier siècle de l’Kinpire ; mais l’usage doit remonter plus haut d’après les monuments. — ’3 Voir par ex. la stèle d’Artémidoros fonçant avec son chien sur un sanglier ; S. Keinach, /Irp. Reliefs, II, p. 381, I, ou la stèle de Tanagra où le chasseur s’est fait représenter à cheval, suivi d’un piqueur portant lagobolofi et gibier ; I.ebas-Foucart, Inscript. 1076. Voir p. 688, note 1-2. — 16 Polvb. X, 2’, 4 ; XXIII, 1,9 ; XXXII, 13, T. — 17 Voir 0. Loisel, Uistoire des ménageries, I (1912). — 1» Voir p. 689, note 32. — 19 Sur les ’lHt’^z-j7, d’Arciiélaos l’Égyptien, voir l’art. Archclaos 34, ap, Pauly-Wissowa, lleal Encyelopaedie. — 20 u s’agit de r.4po//n(i’orus qui de bestiis venenulis scripsit ; voir l’art. Apollùdoros, 69, ibid. — ^1 G. Pasquali vient de montrer que .Mcandre de Colophon était contemporain d’Attale III de Pergame {."itudi ititt. di filol. class. 1913). — 2i Plutarque, De /lun. IV, 2, cite le livre III des Cynei/e- tica de Callisthénès, sans doute C. de Sybaris, conlemporain d’Attale M.

— 21 Voir llcibig, Oie Italiker in der Poebene, p. 15, 20, 74. Helbig fait remar- quer la rareté des ossements d’animaux sauvages dans les terramarcs ; il ajoute que les Latins ont appliqué aux animaux sauvages des noms donnés d’abord aux animaux domestiquts, que l’Une (Vtll, 210) ne connaît pas d’auteurs plus anciens que Catou qui mentionnent le sanglier mangé à table. Cependant Virgile sans doute n’a pas eu tort de parler des populations chasseresses de l’Italie primitive ; Aen. VII, 746 ; Vlll, 318 ; IX, 605. — a Voir p. 690, note 23. — 2i Sali. Cultl. IV, I. — 26 Polybe chassait avec lui, XX.l, 19 et 22. — 27 Polyb. XXXII, 15.

— 28 Polyb. i«ii/. ; Plul. Aem. 6. — 29 Cic. Cat. maj. XVI, 56. Cf. Ter. Andr. 55 ; Pkorm. 0. Calilina aurait gagné des jeunes gens en leur donnant des chevaux et des chiens de chasse ; Sali. Cat. XIV. — M Cic. De senect. XVI ; De nat. deor. Il, 44 _ 31 II s’agit de la .Meleagris, dont les fragm. on( été réunis dans les.S’tt(. Menipp. reliquiae, publiées par Ochler (1844), puis par Hiese (1805), et à la suite do Pétrone, éd. Buecheler. Plusieurs expressions techniques, conservées par Nouius. ont été citées plus haut (p. 683-0) ainsi qu’un vers de l.ucilius : (ii>n sparii, tum ramicea portantur, tragula porro (v. 1313 Slarx).