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mum) ques’il comportait une venatio ; Suétone a soin de dire que l’empereur Claude en donna de l’un et de l’autre genre ’. Il suit de là que les chasses peuvent être orga- nisées dans toutes les occasions où le peuple est convié à un combat de gladiateurs, si l’organisateur ne recule pas devant la dépense ; les jeux funèbres ne font pas exception : Jules César ofl’ril aux Romains le spectacle d’une chasse splendide en mémoire de sa lille Julia, exemple que des particuliers même ont très souvent imité depuis ^ Il faut avoir soin de distinguer de ces luttes meurtrières les expositions d’animaux rares qui eurent lieu à Rome à diverses époques et dans divers monuments pour l’instruction du public ; les auteurs anciens qui en ont conservé le souvenir ne sont pas tou- jours très explicites sur ce sujet, d’autant plus qu’eux- mêmes n’ont pas toujours trouvé dans leurs sources les moyens de s’éclairer^ : la plupart des renseignements relatifs à ces expositions temporaires, sur lesquelles nous ne pouvons nous étendre ici, ont été rassemblés dans l’article bestiae mansietae, cicures*.

Le lieu et l’heure de la représentation. — Les chasses, à l’origine, se donnaient au Forum", coutume qui se per- pétua jusque sous l’Empire ; Vitruve prévoit encore le cas où les villes voudraient faire servir aux mimera leurs places publiques et indique les proportions qu’on devra leur donner en vue de ce besoin*. Le Cirque y fut aussi aflecté assez souvent’, quoiqu’il eût été spécialement construit, comme on sait, pour les courses de chars [ciBCUSj. Auguste déclare que parmi ses venationes y)u- sieurs eurent encore lieu dans le Forum et dans le Cir- que’. En pareille circonstance on fermait toutes les issues par des grilles [cancelli, clatiiri]’, pour éviter les accidents ; au Forum, les spectateurs prenaient place comme ils pouvaientsurle faite etles balcons des éditices voisins Tmaeniamm] ’". Mais à partir du moment où il y eut des amphithéâtres, c’est-à-dire, pour Rome, depuis l’an 46 av. J.-C. ; ampiktueatrim] ", ces édifices devinrent le lieu le plus ordinaire des vénal iones, comme des com- bats de gladiateurs. Elles jouent au Colisée un rôle si important qu’un auteur, parlant de cet édifice, l’appelle le « théâtre des chasses » (OéaTpov xuvïiYETixdv)’-. Les anciens ont parlé quelquefois des bétes féroces qui appa- raissaient brusquement, par bandesenlières, àla vue des spectateurs émerveillés ; on eût dit qu’elles « émer- geaient » du sol de l’arène ’^ L’étude des subslructious (ÛTrôyoïa) de plusieurs amphithéâtres, à Rome, à Fouz- zoles, à Capoue, a confirmé ces témoignages ; les ani- maux, comme tous lesaccessoires ellesdécorsnécessaires à la représentation, pouvaient être, grâce à des souter- rains, beaucoup plus commodément réunis, préparés et

1 Suel. Clnud. i : Corp. inscr. lat. IV, J8S4. — 2 Dio Cass. XLIII, Si. Cf. LVlll, ii ; l’Ua.Epist.W^ 34, el les autres exemples réunis par HeDzeD,p. 76. — 3.otez l’em- barrasde l’iin. JV. H. VIII, 17. — * V. Plin. iV. U. l. c ; Suct. Aug. 43 ; Friediaoder. Sitteaçpsch. Aomj,8«éd. l. Il (1910) p. 402. V. s.vecll»res lcdi, lig. COi), uu hippopo- tame, qui parulaui jeui de l’au i :46ap. J.-C. — â Vilr. X, praef.î ; DioCass. XXXVII, 58. — 6 Vilr. V, I. — 7 Plin. N. H. VIII, 20, 53, 69 ; Suel. Caet. 39 ; S. Reinacli, Bépert. de reliefs^ III, p. 270, n. 1. — ** Mon. Ancyr. ap. Gagnai et Lafaye, l. c. —9 Cic. pro Sest. 58, 124 ; Plin. jV. H. VIII, 21. — 1’) l’iin. .V. a. XXXVI, 24 ; Dio Cass. XLIII, 23. — il .^jouiez les i-ludes plus récentes sur le Colisée : Parker, Archaeoîogy of Rome^ VII, The fiaviim ampkitheater (1876) ; Guadet. Élude sur ta construction et la disposition du Colisée (1878) ; Lanciani, Bull. d. commis», arch. comun. di Jtoma, VIII (1880), p. 21I-2S2 ; Ruins and excavations of nnc. /(orne (1697), p. 369 : Jonlan el Hûlsen, Topoijr. d. Sta’lt Hom, I. 3 (1907), p. 282 ; Meier, art. Ampkitheatrum (1894), et (Jall, art. Flavium Amphiclieatrum (1909), ap. Pauly et Wissowa, Real-Encyclop. I, p. 1939 ; VI, p.îil» ;i :olagrossi. iAii/S/ea/roAVaiio(l913). — 12 DioCass. LXVI,2.- ; LXXVIll, 23, Iraduisaal theatrum venatorium. — ■’■ Herodian. 1, 13, 13 ; Uio Cass. LXXVI, I ;

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dérobés aux regards jusiju’à l’heure fixée pour le spec- tacle ; on s’accorde aujourd’hui à reconnaître les coulisses de l’amphithéâtre dans les restes de constructionsqueles fouilles ont mis ànuau-dessousdela surface de l’arène’*. Si par exemple on jette les yeux sur celle du Colisée, on aperçoit dans le sous-sol, exploré jusqu’au fond en 1874 (fig. 7370), trois corridors parallèles au grand axe, établis entre quatre rangs de cellules voûtées ; tout autour régnent deux autres corridors, suivant la forme ellip- tique du podium. Si cet ensemble de subslructious pou-

vail être destiné en partie à la manœuvre des machines, personne ne doute qu’il ait servi aussi à enfermer les animaux rassemblés pour la renalio ; ces longues ran- gées de cellules, toutes semblables, semblent convenir parfaitement pour un pareil emploi’". On a constaté aussi l’existence de trois passages souterrains qui met- tent le sous-sol de l’arène en communication avec l’exté- rieur ; un de ces trois passages devait aboutir imLudti.s Mar/nus, d’où l’on amenait les gladiateurs [oladiator, p. 1579] ; il est bien probable qu’il donnait accès égale- ment au Ludus des chasses, et ainsi les animaux ne restaient cachés sous l’arène que pendant le temps stric- tement nécessaire, en attendant que leur tour de paraître en public fût venu ’". On s’accorde enfin à penser qu’ils étaient soulevés avec leurs cages [cavea] ’% au moyen de chaînes et de poulies, jusqu’au niveau de l’arène, où des trappes leur livraient passage. On observe en effet dans les angles de chaque cellule des rainures verticales qui ont pu être creusées en vue de cette manœuvre". Mais en somme nous manquons des documents qui nous seraient indispensables pour préciser davantage, et il entre encore une grande part de fantaisie dans les hypo- thèses que l’on a faites sur ce sujet ’".

Calpurn. £•£(. VII, 69 ; Haupt, /nrfe.i (ecfion. Berolin. 1834,2, p. 31 ; Vopisc. Prob. 19 : Friediânder, op. cit. p. 407. — H Cf. Dio Cass. LXI, 1 ; LXIX, 4 ; Scnec. Epist. 88, 22 ; Runca, Dell’ uso de’ sotlerranei anfiteatrali [Mem. delV .cad. Ercolan. IV, Naplcâ, 1851) et Suit ipogeo delV Anfileatro Puteoiano ; Parker, p. 47, pi. m, IV à VIII, XVI, xvii, XXVII, el Colagrossi, p. 35 et 231, doivent être coiisullés avec beaucoup de précaution. — ’5 Notre fig. 7370, d’après Colagros§i, p. 232. Cf. AMPHiTHEATRLM, fig. 272. V. sur l’ampli, de Pouzzoles Cli. Dubois, Pouzzoles antique (1907), p. 317 : Le souterrain, i|ui cite Schcrillo, Dell’ arena nerjii an/i- teatri. — 16 Lanciani, Iluins and excavations (1897), p. 370 et 385. 3X7 : Jordan et Hiilsen, Topor/r. d. Stadt Rom, I, III (1907), p. 291. Ce passage est creusé sous la cinquième arclie du portique, à droilc de la grande entrée de l’Ouest. Il est figuré dans Lanciani, op. c. p. 370. Sur le J.udus matutinus v. plus bas. - 17 Vopisc. Prob. 19. Le texte le plus explicite est Herodian, I. 15, 13 ; « /..i,-

T»v 5f loit ! ; C-^oval™-’ "«"V 4v«fî,, = 9.--.T,... ;<iajllj.oi ; ««vT,’., ; itivia ; àr.’x-

,,,v,,. „ _ 18 Jordan et HDIscn, ;. c. — Voir notamment Parker et Colagrossi. A ce problème s’en raltaclie nn autre, non moins obscur, celui des portes (portae, postica), par où ont pu passer les animaux. V. Plaul. fers. III, 3, 30 ; Corp. inscr.