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des collVels en ivoire ’, des sarcophages en pierre- elles passèrent bientôt à la décoration des églises elles-mêmes. On yolTrait, à sainte Eustatlie d’abord, puis àsainl Hubert, les prémices apportées Jadis à Diane et à Pan.

AïKiipiii ; Reinacii.

La venatio dans Ces jeix de l’amimuthéathe (Kuw^y^ciov, xuv/|Yia, x.uwTi-(ioy) ’.

Historique. — Les Homains eux-nièmes avaient enregistré avec soin la date où une représentation de celte sorte fut ofTerte au peuple pour la première fois dans la ville de Rome : ce fut en l’an 186 av. J.-C, lorsque M. Fulvius Nobilior célébra par de grandes réjouissances la victoire qu’il avait remportée sur l’Éto- lie ■’. A celle époque il y avait déjà près de quatre-vingts ans que les combats de gladiateurs passionnaient la multitude [(.ladiator]. On suppose avec apparence de raison que les Romains prirent l’idée des veiuiliones en Afrique, après Zama, lorsqu’ils y eurent assisté à la chasse des grands fauves et que, répandus dans le pays autour de Carthage vaincue, ils purent se procurer plus facilement les animaux qui leur étaient nécessaires. Fulvius avait fait venir des lions et des panthères. « Parleur richesse et leur variété, observe TiteLive, ces jeux égalaient presque ceux que l’on célèbre de nos jours». » En 169 av. J.-C, dans ceux que donnèrent les édiles curules P. Cornélius Scipion Nasicael P. Lentulus, on put voir soixante-trois « bêtes d’Afrique ■>, c’est-à-dire des panthères, plus quarante ours, et aussi des élé- phants ". Le goût pour ces hôtes dangereux s’était si bien répandu, même chez les particuliers, que le Sénal s’émut ; il défendit par un sénalus-consulte d’en impor- ter en Italie ; mais, sur la proposition du tribun Cn. Aufidius, le peuple excepta de cette prohibition les animaux destinés aux jeux publics’. On en vil encore à Rome en 146, lorsque Scipion Émilien eut renversé Car- thage «. A la fin de la République, les grands personnages de l’État firent assaut de prodigalité dans ce genre de spectacles ; ce fut à qui exhiberait le plus grand nombre d’animaux, et les plus rares ; les historiens ont retenu surtout le nom de M. Aemilius Scaurus, qui, étant édile en .o8 av. J.-C, en fit paraître 150 de toute espèce dans l’arène ; il semble avoir cherché la nouveauté en mellanl surtout à contribution la faune de l’Egypte, peu connue jusqu’alors en Italie ; il montra un hippopotame et cinq crocodiles, pour lesquels il avait fait creuser un bassin tout exprès ^ Lorsque Pompée inaugura son théàlre, en 5.J, le peuple put admirer, au milieu d’une fcnatiu

1 A. VeiUuri, Slovia delV arte italiana, 1. ng. JS2-3, <n- :,. — ’^ Ils soiil nomlireux dans Le lilml. Sarcophages chrétiens de la Gaule : J. Hckcr, iJie altchristUchen BMwerke im Muséum des Laterans (1S901, i-l 0. Mai’iicclii, / monmnenti del museo crisliano Pio-Lateranense (1010). — Bini.Hu.iiAPHiiî. Sans remonlcr aii ouvrages antérieurs au xix’ s. (le plus ancien csl, je crois, .Nalali9(’.onies,/.i(.ri/V de Venatione, Cologne, lfi3C), on peulciler huit opuscules : Lauchcrt. ^a» Vei(/ut’i/.- i/tr /(«mer (Rollwcil, 1848) ; G. Bagneuault «le l’ucliesse, IJevenalionc apud tloman^s (Paris, 1869) ; M. Miller, Uns Jagdwcsen dcr alten Griechca und liômer (Munich, 1883) ; 0. Manns, Uel ;er die Jaijd bei den Griechen, 1 (Cassel, I8881, Il (ibid. 188 !>) ; B. von Khyaer, Jagd and Jagdrecht in nom (Tubinguo, 1895) ; H. Johannds, De studio venandi npud Giaeeos et liomanos (Goellingiie, 1907) ; I.. Pschorr, Beilraege zur antiken Jagdkunde (MiJlir. Trubau, 1910). Do ces huit programmer ou dissertations je n’ai pu me procurer que celles de Bagucnault de l’uchcsse, de Slanns cl de Pscliorr ; celle de Manns est la plus utile. Je publie dans L’Ethnographie, 191V, des rcclierches pins développées sur divers points i|ue je nai pu qu’indiquer ici. Cf. Orth, art. Jngd ap. f’auly-Wissovva-Kroll, llenieiieyclopCidie d. Altert. Wissensch. IX, p. 508-r.O* (19H). — 3 Cic. Ad fam. Vil, 1 ; T. Liv. X,IX, 2i ; XXXIX, 2i, 2 ; Suct. Claud. 21 ; Cassiod. Vnr. V, « ; Gagnai el Lafaye, Inscr. gr. ad ret rom. perlin. III, n. IIS, 38i, «S, 500, 527, 780 ; Ducange, Gloss. med. et inf. graeeit. s. v. — ’ T. Liv. XXXIX,

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somptueuse, un rhinocéros, un loup cervier venu de Gaule et un singe rare {cepus), venu d’Ethiopie’". Jules César- fit sensation à son tour, en amenant pour la pre- mière fois une girafe dans la capitale, ii l’occasion de sou triomphe (iOav. J.-C) ". La figure 7309 reproduit un de- nier de L. Livineius Regulus, frappé en l’an 42 av. J.-C ; ce magistraty a faitreprésenter deux chasseurs aux prises avec des bêtes fauves, en mémoire des venatioîies a.u- quelles il présida pendant sa préture’^ Auguste, dans le fameux monument d’Ancyre, où il récapitule les grandes actions de son principal, se glorifie d’avoir donné vingl- six fois des chasses en spectacle, tant en son nom qu’au nom de ses fils et de ses pelits-fils ’^ ; les auteurs ont gardé la mémoire de celles qui eurent lieu pendant les an- nées 11, 2 av. J.-C et 13 ap. J.-C*. Les successeurs d’Auguste se conformèrent jusqu’au bout à la tradition qu’il avait ...

• ^ tig. 7309. — enatio

établie, la considérant comme une des sur un denier ro- condilions principales de leur popula- ’"*’"■ ri té, quoique personnellement ils n’y fussen l pas tous atta- chés par un goût aussi vif ’. Commode, gladiateur déter- miné, prit part avec passion aux venationes de son temps el tua de sa propre main, en public, plusieurs milliers d’animaux sauvages’". .u contraire Marc-Aurèle n’assis- tait à ces tueries qu’avec répugnance ’^ ; mais il fut, en somme, dans la longue série des empereurs, une exceplion. Organisalion. — Quoique la venatio puisse être com- prise dans cet ensemble de réjouissances qu’on désignait sous le nom général de ludi[wm, p. 1371]", elle est plus étroitement rattachée au munus, ou combat de gla- diateurs, si bien que tout ce qui a été dit de l’organisa- tion du munus et des règlements qui s’y rapportent [gladiaïor] doit s’entendre aussi de la venatio. A partir du jour où elle entre dans les mœurs, elle n’est pas l’accompagnement régulier et obligatoire de tout munus, quel qu’il soit ; car parmi les personnages qui font les frais de ces jeux sanglants, il y en a de plus riciies que d’autres et ils ne peuvent pas toujours, au moment voulu, se procurer un nombre suffisant d’animaux ; aussi voyons-nous que, dans les annonces des muncra, on a soin d’ajouter sous une rubrique spéciale, pour stimuler la curiosité du public et pour lui donner une plus haute idée de la fête, qu’il y aura une venatio, comme on ajoute qu’il y aura un vélum et des distributions de ciidoaux [sparsio]’^ Toutefois un munus, sous l’Empire, ne paraissait complet el normal [justum atcjue legiti-

il, i, cl Wcissenborn ,ii( h. L ; cf. Plaul. Pers. Il, i, 17 ; III, 3, 31,

— j T. Liv. /. c. Eu 17* av. J.-C-, les travaux des censeurs dans les cai^eae se rapporleul peut-êlre aux venat. T. Liv. XLI, i7, 6, passage altéré. — 6 T. Liv. XI.IV, 18, 8. — 7 Plin. Nat. hist. Vill, Gt. On ignore les dates de ces deux mesures ; mais elles semblent bien avoir été prises vers le milieu du u" siècle av. J.-C. V. Klebs »p. Pauly et Wissona, Reitlencyelop. H, p. 2i8S, s. v» Aufidius, a. 5.

— s Val. Max. Il, 7, 13 ; T. Liv. Epil. 51. — Plin. K. H. VIII, fit et 96 (= Solin. 32,31) ; Amm. XXII, l’i, îi. Cf. Mominsen, iUonn. rom. p. 6i7, n. «8. — 10 Dio Cass. XXXIX, 38 ; Plin. .V. H. VIII, 33, 70, 71. — " La ven. de César dura cinq jours : Suct. Caes. 3’J ; Oio Cass. XLIII, ii-ti ; Plin. N. U. .Vlll, 09 ; Varr. /.. /. V, iO ; llor. A’/). U, 1, ItU. Sur les rcnit. dj Sylla el autres v. Senoc. Ijree. lit. 13, 0 ; Plin. jV. h. Vlll, 10, 17 ; llenzcn, Dissert, d.ponlif. Accad. di archeologia, Xll(i8ji)p.75. — 1 2 iNotrelig. 7309, d’après Babelon, J/onnaifi rfe ta républ.rom. II, p. IH, Lioineia, n. i. — " Gagnai et Lafaye, Jnscr. gr. ad res rom. pirr(in. 111, n. 139, texte lai. chap. IV, ligue 39. — ’4 Suct. Aug. 43 ; Dio Gass. LIV, »’i ; LV, 10 ; LVI, 27. — 1^ llcnicn, t. c. p. 79-80, les a étudiés à ce point do vue d après les textes des auteurs anciens. — ’GLamprid. Co-n-n. I2lâ ; Dio Cass. LXXII, 10, 2-3 ; 17,3 : l8-SI ;llcrodian.l, 13,10 ; Amm. Marc. XXXI. — 17 Capilolin. .1/. Anton. i. — 1» Aiosi dans T. Liv. XXXlX, 22, 2 ; XLIV, 18, 8 ; Plin. ;V. U. Vlll, OV, 69.

— 19 t’oi-p. inwr. lut. IV, 1177, 1179, 1180,1181, 1183-1187, 1189, 1190, 1192, 1199, 1201. 1Î02, 1989, 3881.388* ; Mau, Dult. d. ht. arch. di lioma, 1888. p. 115.