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rrgiilièrcs et un commerce s’élail créi’, qui enlrelenail de lous côtés des agents chargés de centraliser la mar- chandise dans des parcs spéciaux [vivahilmj ’. Les gou- verneurs des provinces lointaines étaient souvent pris pour intermédiaires, par leurs amis de Rome, dans ces sortes de négociations et ils leur prêtaient leurs bons offices d’autant plus volontiers qu’eux-mêmes pouvaient éprouver bientôt après les mêmes besoins, quand ils poursuivraient ailleurs leur carrière : ainsi, en l’an 52 av. J.-C, par plusieurs lettres écrites du mois de juillet au moisde septembre, Caelius, candidat à l’édilité, presse Cicéron, gouverneur de la Cilicie, de lui chercher des panthères pour les Jeux qu’il doit donner l’année sui- vante- ; un certain Patiscus, particulièrement au fait de ce commerce ^ en avait récemment envoyé dix d’Asie Mineure à leur ami Curion, qui les avait jointes à dix autres venues d’Afrique. Caeiius ajoutait que Cicéron pourrait toujours en trouver non loin de sa province, en Pamphylie et dans la campagne de Cibyra (Phrygie), où elles abondaient. Au mois d’avril de l’an 31, Cicéron répond de Laodicée que les panthères en elTet sont rares en Cilicie pour le moment, mais il s’occupe acti- vement de l’adaire avec l’aide de Pati.scus’. Dans l’in- tervalle Curion avait fait cadeau de ses vingt panthères à Caelius, dont l’impalicnce se trouvait ainsi un peu calmée, mais qui n’en stimulait pas moins le zèle de son correspondant. En l’an ’tOl de notre ère, Symmaquc, étant préleur, éprouvait encore les mêmes angoisses dans des circonstances analogues ; il demandait instam- ment qu’on voulût bien lui envoyer d’Orient des gazelks et des antilopes ; sinon ses jeux auraient été fort com- promis".

Pour capturer les animaux vivants, ou les attirail dais des pièges à l’aide d’un appât, ou bien on les faisait tomber dans des fosses [foveae), recouvertes de bran- chages ; on se rendait maître de certaines espèces avec le filet ou le lasso [laqueus) ^ ; lous les moyens étaient bons [vE>:.Tio, p. 688^, pourvu que la bêle ne fût pas endom- magée. On l’enfermait ensuite dans une cage construite en madriers solides ’ et on l’expédiait à destination, non sans acquiller à la frontière de l’Empire un droit de douane de 2 l/ :2 p. 101) qui frappait cette marchan- dise* ; cependant les personnages de rang sénatorial pouvaient la faire passer en franchise [pohtorh’m] ; le port et l’entretien étaient encore pour eux une charge assez onéreuse . Caelius a bien soin d’avertir Cicéron qu’il n’aura pas à s’occuper personnellement de ces délails, quand il expédiera les panthères demandées ; car justemenlCicéron a auprès de lui, en Cilicie, des gens de Caelius, qui mettront le convoi en route, et celui ci oll’rc même d’en fournir d’autres, s’ils ne sont pas en nombre suflisant’". Le transport parterre s’elfectuait sur

  • Marchands d’ours, vrsoritm ncgotiatorcs : Symni. Epiit. Ci. Posscssur

leoparilorum dans une ioscr. d’Espagne : Engcl, /(eo. arch. XV (1800), p. 33s. — 2 Cic. Ad fam. VIII, 2, i. G, 8 cl ». — 3 TrH prohalilnmciil un officier de la maison du gouverneur. Cf. Cic. A’I fam. XII, 15, 2, cl i’Onomasticon Tullia- num d’Orclli, j. c. — ’ Cic. Ad fam. II, 11. Cf. l’iut. Cic. 30. — i Symm. Jifiitt. IX. 123 ; cf. Il, 70 ; V, il2 ; Vil, 122 ; IX, 117. — 6 Clandian. CoksiiI. Slilieh. III, 303, 322, 339-341 ; Dii/. IX, 2, 28 ; Aeliau. /Jilt. an. XIII. 10 ; XIV, 7 ; Oppian. IV, 320 ; Acli. Tal. IV, 2 ; l’ausan. X, 13,2 ; Arrian. l’en. XXIV, 3 ; l’Iin. Aal. hist. Vlll, 51, 06, cic. Barloli cl Bellori, Piclur. ant. seiiulcri Aa «ouior., dans Graevius Tlies. ant. 1. XII, p. 1035, pi. ir ;p. lOOG, pi. xxvn ; p. 1007, pi. XXI i !i, xix ; Ganckler, Jnmnt. (les mas. tic la Ti(nUic, n. 007 ; do l’aclilirc nianl. de» mas. de l’AUjéiie, n. 43 ; Kricdlrtndcr, (. c. p. S40, Aniwuij >. -- 7( ;laudian. /. c. 322, 325. — «licscrit de Marc-Auréle el de Connnoilc. Duj. XXXIX, V, 11., §7 ; l)irck»en,.lt/iua.«. d. Uei-hn. AUd.. tiUil. hUl. C/iisjf. Isi :i,

lie lourds chariots traînés par des bonifs" : mais la plu- part du temps il fallait y ajouter un trajet sur la mer ou sur les tleuves ’^. Pasilèle, sculpteur grec contemporain de Cicéron, s’étant un jour embarqué sur un des navires destinés à cet usage, étudiait d’après nature un lion d’Afrique, quand une panthère, échappée d’une cage voisine, se jeta sur lui et faillit le dévorer ". Au cours de ces longs voyages, à supposer que la cargaison ne fit pas naufrage ou qu’elle n’arrivât pas trop lard, on devait encore compter avec les maladies, qui souvent la décimaient ou la rendaient inutilisable ".

Le seroire impérial. — Ce fut pour les empereurs une nécessité absolue de prévenir de tels dangers dans la préparation des spectacles qu’ils offraient à la foule, eux ou leur famille ; il fallait qu’ils eussent sans cesse à leur disposition, dans la capitale, un nombre d’animaux et un personnel suffisants pour répondre sans délai à toutes les exigences. De là le service impérial dos rcnn- liones.

L’armée en était un des rouages essentiels. Une inscription récemment découverte à Cologne nous apprend que les soldats de la légion I Minervia, com- mandés par un centurion, avaient capturé en six mois, sans doute les mois d’hiver, une cinquantaine d’ours "" ; ainsi s’explique le titre d’ursarius lecjionis porté par un soldat de la légion XXX dans la même contrée, à Vêlera (Xanlen) " : les ursarii de Cologne étaient les pourvoyeurs de la ménagerie {vivarium), dépendance de ramphithéàlre voisin ’". Par des battues régulière- ment organisées, ils débarrassaient les cultivateurs des hôtes malfaisants qui s’abritaient dans les forêts de la (îermanie Inférieure ; c’était pour eux un service com- mandé, aussi utile aux populations voisines que la construction des ponts ou des roules. Les liommes de troupe qu’on y employait étaient dispensés des exercices ordinaires du soldat ; les venatores comptaient parmi les iM.ML’.N’ES de la légion". Une partie des animaux captu- ri’S étaient abattus dans l’amphithéâtre le plus proche ; il n’est pas douteux en effet que l’on donnait aux sol- dats des spectacles de chasses dans les camps ou auprès des camps, autant pour les distraire que pour entretenir en eux les vertus guerrières ; il est même assez probable qu’ils y jouaient parfois un rôle actif" ; de là vient que certains amphithéâtres, comme ceux de Lambèse ou de Carnuntum, sont beaucoup plus rapprochés du camp que de la ville -". Cependant d’autres animaux devaient être envoyés plus loin, et même jusqu’à Home, par les procurateurs de chacune des grandes circonscriptions régionales instituées pour alimenter les mimera impé- riaux [gladiator, p. 1o8()J ; nous voyons, dans la capi- tale même, des soldats de la garde, venatores illumines, en rapport avec une ménagerie, consacrer un autel à

p. 59-lOS. — 1 Symm. Episl. V, 02. — 10 Cic. Ad fam. Vlll, 9. — n Claudian. /. c. 32S-332. — 13 Jbid. 325-328. — 13 Plin. XXXVI, iO. - H l’Iin. Epist. VI, 34,3 ;Symm. Epist. Il, 70 ; IX, 117 ; Apiil. Metam. IV, 72. — li Domasiewski, nûmiich-germanisclws Korresponden :l.lall, 1909, p. 63. — l» Corp. inscr. lai. XIII, 8039. Uu mfnie coup lombc l’Iivpolliisc de L. Renier, tiiill. de la Soc. det aniiquaires de /■>. 1S3S, p. 149. Cf. Borgliesi, Iscriz. rom. del Jleno, p. S.

— n Corp. inscr. lai. XIII, 8172, 8173, 8174, cl Domaszewski, /. c. Aulres iiisani : y6irf. XII, .i33 ; XIII, 3213. — 1» Cor/), inscr. lat. III, 7449 ; XIII, 8174. Ùig. L, G, 7 ; Domaszewski, /langordnung des r. Ueeres, Bonner Jalirb. {MIerIh. Freunde im Jllieinland.), Hefl 117 (1908), p. 20, 40. — 19 Corp. inscr. Int. VII, 1.133, 3 ; [faux : Chabouillcl, Camées, p. 333, n. 3140) ; Bahclon et i.liMichcl, Bronzes de la Bibl. Mat. n. 1303 ; Gagnai, Ilei : arcli. 1893, I, p. 213.

— aiMisull,,l/..ii. rom. de l’Algérie, I, p. 202 ; Xubilscliok, t’ùhrer diirch Cnrnun- Inm J, p. 5.1. I.Wmph. casirenst de lionif a eu une anlre deslinalion ; v. plus l,as-