Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/88

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imagiii ;! df paralyser la résistance des lions on leur jelanL un voile sur les yeux’ ; on vil aussi des ours aballus par un coup de poing qui leur brisait le crâne-. Souvent l’animal n’était mis à mort qu’après d’émouvantes péripéties prolongées à dessein ; de là les tourniquets à cloisons, dressés au milieu de l’arène pour servir d’abris aux cliasscurs [cochlea, fîg. U)86, 1087] ; cet appareil était déjà en usage au temps de Varron ’. Plus on avance dans l’histoire de l’Empire et plus on

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Fi^. 7370. — Acroliates au milieu «les bûtes fauves.

voit se miillijdier, au milieu des rono/ioiirs, les tours d’acrobatie qui tenaient on éveil la curiosité du public ; avant de donner aux bètes fauves le coup de mort, les chasseurs rivalisaient de souplesse et d’agilité pour les agacer le plus longtemps possible, sans cesser d’i-luder leurs atteintes {cluderp,(’)'t(xlrare /’cras] ’.Celui-ci esca- ladait un mur {■cstyoZâ-c-rfi, lichobates)’ celui-là, au moment d’être happé, se jetait décote en faisant la roue ; un autre échappait par un bond énorme à l’aide d’une longue perche, comme s’il etH exécuté le « saut de rivière » lCONïomo.nûbolon, fig. I !tl6] ; un troisième se blottissait, roulé sur lui-même, dans un panier sphérique qui lui donnait l’apparence d’un hérisson ( ?/•/(•/«. ?), etc.. Plusieurs diptyques byzantins (fig. 737G) nous ont con- servérimagedeces exercices pi’rilleux sous une forme un peu barbare, qui rend quelquefois l’interprétation hasar- deuse [cf. nii-TYciiON, fig. SttC]*. On peut voir aussi à l'article SKAi>ERri. (fig. (i’i82) une lampe romaine dont le sujet a sans doute été inspiré par une scène analogue’. Commode, qui fut, comme on sait, passionné pour les venationes, voulut un jour tuer lui-même les animaux à coups de flèches du iiaut du podium ; on avait divisé l’arène en quatre compartiments par des cloisons qui se coupaient à angles droits, pour que l’empereur pfit abattre de plus près toutes ses victimes ; il transperça ainsi cent ours dans la journée’". Ce n’était pas là une simple fantaisie, mais plutôt une tradition du pouvoir impérial : car un de ses prédécesseurs les moins popu- laires et les moins friands de spectacles, Tibère, déjà

I Hin. Aat. liM. VUI. .H. — 2 IbU. UO. — 3 Vair. //. >•. III, V., i. - 4 Vopisc. Carin. ’l : Corp. inser. lat. XII, 533. — 5 Vopisc. (. c. — « (issiod. ’ar. V, li ; Crud. Hamartiijen.’iZl. — "ï Noire fig, 73"Gd"pprcsGori, T/iei. diptych.i’et. I.p. 28i’, pi II. — « Autres exemples /4id. pi. i.ïMclxi = iUycr, Àbhandl.d. Ùaijer. Akad., pliilos. hisl. hiasse, XV, p. 05 ; Verzetchn. d. ani. Dipl. n" 7, 10 (ans 50C-.Î17 ap. J.-C), llonimc dans un tonneau poursuivi par un ours, curieuse gravure sur marbre au musée de .Narbonnc : de Castellane, Mi’m. de la Soc. arch. du midi de la France, Il IIS3C), p. i30, mieux reproduit que par Md-rimcc, liée, arch. Vil" ann^’e (IS3)), p. et>>, pi. 133 ; cf. VIII, p. 31 = Corp. imcr. lat. XII, 44-^i. Uériinùe raconte qu’il a encore vu à Home des jeux analogues, appelés Uijiotlra. Merlin, Ùiill. arch. du Comitr. 191^, p. Wl, pi. iiiix. — 9 | ;ap-

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vieux et malade, lança d’en haut idesuper) des javelots sur un sanglier lâché dans l’arène ; il espérait donner le change sur son état de santé ; l’efTort qu’il fiU’ag- grava encore ". Quand le combat avait pris fin, il arri- vait quelquefois que le peuple était admis à descendre dans l’arène pour ramasser les bètes abattues, qu’on lui abandonnait ; on lui offrit même des bêles de somme, des bêtes inofTensives ou apprivoisées, qu’il emmenait vivantes : cela s’appelait piller l’arène (diripcre). Pour éviter le désordre, on distribuait d’abord sur les gra- dins des bons, représentés par des jetons [missilia, tes- seisa], qui donnaient droit à une pièce déterminée’- ; mais parfois aussi on se dispensait de cette sage précau- tion ; car les auteurs parlent de mêlées générales, dans lesquelles chacun choisissait lui-même son butin ’^

Procenance des animaux. — Le pays qui fournissait le plus grand nombre d’animaux pour l’arène fut de tout temps l’Afrique ; après les grands félins, plus spé- cialement désignés, comme nous l’avons dit, sous le nom de ferae Libijcae, il y a lieu de citer, parmi les aniinauxoriginaires de cette région, l’éléphant, l’hyène, l’onagre, l’antilope, la gazelle et l’autruche ". 11 ne faut pas oublier l’ours, quoique Pline r. cien affirme qu’on n’en trouvait pas en .Afrique ’^ ; il est contredit, non seu- lement par des textes remontant à l’antiquité même ’", mais aussi par les observations des voyageurs moder- nes ; ce qui est vrai, c’est que Vu7 :9us Numidicus a fui pou à peu devant l’homme et qu’il s’est retiré de plus on plus dans les altitudes boisées, particulièrement au Maroc, oi’i on le rencontre encore aujourd’hui ’^ Quanti les Romains furent entrés en relations avec l’iîgypte, ils en firent venir pour leurs venationes l’iiippopotame, le rhinocéros, le crocodile ; la haute Egypte et l’Ethiopie leur envoyèrent la girafe et diverses espèces de singes ; l’Inde leur fournit des tigres. Mais on ne se fît pas faute de mettre aussi à contribution les provinces euro- péennes : on demanda des ours à la Dalmatie et à i’Kspagne, des élans et des loups à la Gaule ; l’Italie avait encore dans ses montagnes assez de gibier pour n’avoir pas besoin d’emprunter au dehors les espèces plus communes : le cerf, le chevreuil, le sanglier, le lièvre, et enfin les taureaux, qu’elle nourrissait dans ses pâturages, pouvaient encore lui procurer des spectacles fort appréciés, comme le prouvent les monuments ".

Capture et transport des animaux. — La passion des Romains pour les venationes de l’amphithéâtre, ([ui s’est soulenue pendant sept siècles environ, avait donné naissance à un trafic très important ; il n’était point de magistrats, depuis les premiers de l’État jus- qu’à ceux des petites villes, qui ne pussent avoir besoin de se procurer vivants des animaux sauvages en vue des jeux auxquels ils présidaient ; souvent il était de leur intérêt de les avoir vite et en grand nombre. Pour satis- faire à leurs demandes on avait organisé des battues

prochez le diptyque de Cori reproduit d.ins la (ig. 7376. — «0 Dio Cass. LXXII, IS. — Il Suct.’ ri/<. -±, 2. — ’2 flart. lipiijr. VllI, 78, 10-12 ; Suet, Ner. i. — 13 Lamprid. Uelioijah. S : .. Cenos populo d’tripieniox objecH. >• Vopisc. Prob. 19 : « linpuit quisque quod voluit. » Voir encore i ;a|jilolin. Cordian. 3 ; Saumaisc ad Vopisc. (. c. — " V. les références de l’riedl.ïnder, (. c. Anhang, p. 537 sq. — ’i Hlin. Sat. tiist. VlU, 131. — iSHerodot. IV, 191 ; Mart. I, lOt, 5 ; Juv. IV, 90 ; l)io Cass. MU, i’ ; Solin. Sii. — i’ Aux écrivains allemands cités par Kriediiinder, l. c. p. 5*0, ajoutez Cli. Tissot, Géogr. comparée de la prou. rom. d Afrique- ’ (lS8i ;, p. 3»l. Pour les autres espèces v. ihid. p. 377, 379, etc. Cf. Merlin, /. c. —’8 V. le tableau de Clautlien, (Junsul. Slilich. III, Slli-Sil. Pour le

détail, Fricdl.nnder, /. c. p. 537.

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