Page:Dictionnaire des Apocryphes collections de tous les livres apocryphes de l’Ancien et du Nouveau Testament tome 1 1856.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
571
572
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.

Fils de Dieu ; qu’il annonce sa venue et sa mort, la conversion des gentils, la prédica tion des douze apôtres et l’établissement de l’Eglise ; qu’il reconnaît que le péché d’Adam a corrompu toute sa postérité ; qu’il établit la nécessité des secours de Dieu, le petit nombre des élus et le grand nombre des réprouvés, la résurrection des morts et le jugement dernier ; qu’enfin, il emprunte les propres termes des évangélistes, de l’apôtre saint Paul, et surtout de saint Jean dans son Apocalypse ; d’où l’on doit conclure que l’auteur de ce livre, a vécu vers la fin du 1er ou du moins au commencement du n siècle de l’Eglise. On croit même qu’il vivait encore, sous l’empereur Domitien, du règne duquel, aussi bien que de ceux de ses prédécesseurs, quelques interprètes prétendent qu’il a parlé clairement aux chap. xi, 14 et suivants. En effet, II Paraît, dès le temps même de saint Irénée, de Clément d’Alexandrie et de Tertullien, que le livre de cet auteur avait déjà reçu quelque autorité, puisque c’est sans doute sur la foi de cet auteur que les premiers Pères de l’Église ont cru que le véritable Esdras avait recouvré les saintes Écritures qu’ils prétendaient avoir été brûlées et entièrement perdues dans l’embrasement de Jérusalem, sous le règne de Nabuchodonosor.

Quoique l’auteur de ce livre ne soit pas le véritable Esdras, comme II Paraît évidemment par tout ce que l’on vient de dire, et qu’il soit vrai qu’il a affecté d’emprunter ce nom qui ne lui appartient pas, qu’il ait, à ce dessein, daté son livre de la trentième année de la captivité de Babylone, et qu’il ait même emprunté le nom de ce prophète, on ne doit pas absolument le regarder comme un faussaire ; car, si l’on considère le génie et le caractère de la nation juive, surtout dans les derniers temps, où étant accoutumée, depuis longtemps, au style prophétique, appliquée à suppléer à la cessation des prophéties, et dans l’usage d’instruire le peuple sous l’autorité des révélations, on ne sera plus surpris que cet auteur ait suivi cet exemple, en voulant s’insinuer plus aisément dans l’esprit de ses frères, dont il désirait la conversion, et qu’il se soit conformé à leur goût, dans le dessein qu’il avait de rendre ces instructions plus efficaces et plus utiles, et de les porter plus aisément à embrasser la religion de Jésus-Christ, et les disposer, par leurs bonnes œuvres et par la patience dans leurs maux, à profiter des nouvelles lumières qu’il leur offrait, afin d’éviter la colère de Dieu au dernier jour de ses vengeances. C’est, en effet, tout le dessein de cet ouvrage qui est rempli de force, d’énergie et de belles instructions. C’est ce qui a déterminé les fidèles à ne le pas rejeter absolument comme un écrit entièrement faux et fabuleux, mais à le séparer du canon de la Bible, et à l’imprimer souvent en caractères différents, afin d’avertir les fidèles de la distinction qu’ils doivent mettre entre les Écritures divinement inspirées et les écrits des simples particuliers qui n’ont pas reçu la même autorité.

REMARQUES DE DOM CALMET SUR LE IVe LIVRE D’ESDRAS

I. Témoignages en faveur du quatrième livre d’Esdras. — II. Motifs qui portent à rejeter comme apocryphe le quatrième livre d’Esdras. Premier motif : Ce livre n’a jamais été unanimement reçu comme canonique, ni chez les Grecs, ni chez les Latins. — III. Second Motif : Ce livre est rempli d’erreurs. — IV. Traits qui caractérisent l’auteur de ce livre, et qui donnent lieu de croire que c’était un chrétien qui vivait dans le second siècle de l’Église.

I. Les sentiments ont été assez divers sur le IV livre d’Esdras. Quelques textes de ce livre ont été employés, et se trouvent encore dans l’office même de l’Église. Cette antienne de l’office des martyrs au temps pascal dans l’usage romain : Lux perpetua lucebit sanctis tuis, Domine, et æternitas temporum, paraît être prise de ce texte du iv livre d’Esdras : Parati estote ad præmia regni, quia lux perpetua lucebit vobis per æternitatem iemporis[1]. On doit dire la même chose de poris l’introit du mardi de la semaine de la Pentecôte Accipite jucunditatem gloriæ vestræ, gratias agentes Deo qui vos ad cœlestia regna vocavit. Ces expressions se trouvent dans ce texte du IV livre d’Esdras : Accipite jucunditatem gloriæ vestræ…… commendatum donum accipite, et jucundamini gratias agentes ti qui vos ad cœlestia regna vocavit[2]. Et de même dans l’office des apôtres, à la fin d’un répons, on a mis ces paroles : Modo coronantur, et accipiunt palmam. Cela est pris du IV livre d’Esdras, où on lit : Hi sunt qui mortalem tunicam deposuerunt, et immortalem sumpserunt, et confessi sunt nomen Dei : modo coronantur, et accipiunt palmas[3]. Enfin, dans l’office des morts, ce verset si souvent répété : Requiem æternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis, est imité du IV livre d’Esdras, où on lit : Requiem æternitatis dabit vobis…… lux perpetua lucebit vobis[4].

Saint Barnabé, dans son épître[5], cite ces paroles du IV livre d’Esdras, comme d’un livre inspiré : Et quand ces choses se-

  1. IV Esdr. 11, 35.
  2. Ibid., vers. 36, 37.
  3. IV Esdr 11, 45.
  4. Ibid. , vers . 34 , 35.
  5. Barnab. Ep. , c. xii : ’Opsiog ráhev nepi τοῦ σταυροῦ ὁρίζει ἐν ἄλλῳ προφήτῃ λέγοντι · Καὶ