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Page:Dictionnaire des Apocryphes collections de tous les livres apocryphes de l’Ancien et du Nouveau Testament tome 1 1856.djvu/359

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PART. I. — TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT. — ESDRAS IV.

était écrit dans le livre de la loi[1], afin que les hommes puissent marcher dans vos voies et vivre jusqu’à la fin des siècles, s’ils le veulent.

23. Et le Seigneur me répondit : Va, assemble ce peuple et dis-lui qu’il ne te cherche point pendant quarante jours[2].

24. Prépare plusieurs tablettes de buis, et prends avec toi Sarias, Dabrias, Sélémias, Echanus et Aziel, qui tous écrivent avec beaucoup de vitesse et de légèreté.

25. Reviens ensuite ici, et je ferai luire dans ton cœur la lumière d’intelligence, et elle ne s’éteindra point que tu n’aies achevé d’écrire toutes les choses que je te dirai.

26. Tu en découvriras quelques-unes aux parfaits et tu en diras d’autres en secret aux sages ; demain, à cette même heure, tu commenceras à les écrire.

27. Je m’en allai comme il me l’avait ordonné, et ayant assemblé le peuple, je lui parlai en ces termes :

28. Israël, écoute ce que je te vais dire !

29. Nos pères furent autrefois étrangers en Égypte, et ils en sortirent enfin.

30. Ils reçurent une loi de vie, mais ils ne la gardèrent pas, et vous l’avez violée vous-mêmes après eux.

31. Vous partageâtes au sort la terre de Sion, mais vous et vos pères, vous avez commis l’iniquité, et vous n’avez point marché dans les voies que le Très-Haut vous avait marquées.

32. Mais comme il est un juge équitable, il vous a ôté pour un temps ce qu’il vous avait donné[3].

33. Maintenant vous voilà tous assemblés ici, et il n’y manque aucun du peuple.

34. Si donc vous vous élevez au-dessus de vos pensées terrestres et charnelles, et que vous remplissiez votre esprit d’intelligence, vous vivrez, et après votre mort, vous Obtiendrez miséricorde.

35. Car nous serons tous jugés après la mort, lorsque nous revivrons[4] de nouveau ; alors, les noms des justes seront manifestés et on exposera au grand jour les œuvres des impies.

36. Qu’aucun de vous ne s’approche de moi et ne me cherche pendant quarante jours.

37. Je pris ensuite cinq personnes[5] avec moi, selon l’ordre que j’en avais reçu, et étant tous arrivés au lieu d’où j’étais venu trouver le peuple, nous nous y arrêtâmes.

38. Le lendemain, la voix m’appela et me dit : Esdras, ouvre la bouche, et bois ce que je te présente.

39. J’ouvris donc la bouche, et l’on me présenta un vase rempli d’une liqueur ; elle était semblable à celle de l’eau et elle avait l’éclat du feu.

40. Je pris la coupe, et aussitôt que je l’eus bue, je sentis naître dans mon esprit une foule de pensées, la sagesse croissait en moi, et ma mémoire me retraçait diverses choses.

41. Ma bouche fut ouverte et elle ne se ferma plus.

42. Le Très-Haut remplit aussi d’intelligence les cinq hommes que j’avais choisis ; et ils écrivaient les merveilles qui leur étaient dictées dans le silence de la nuit ; mais ils ne les comprenaient pas.

43. Ils prenaient quelque nourriture pendant la nuit, et pour moi, je parlais le jour, et je parlais la nuit.

44. Et dans l’espace de ces quarante jours, ils remplirent deux cent quatre volumes[6].

45. Et quand ce temps fut expiré, le Très-Haut fit entendre sa voix et me dit : Publie ceux de ces livres qui ont été écrits les premiers, afin qu’ils soient lus de ceux qui en sont dignes et de ceux qui ne le sont pas.

46. Mais tu réserveras les soixante-dix derniers pour les donner aux sages de ton peuple.

47. Car, en eux se trouve une source d’intelligence, une fontaine de sagesse, et un fleuve de science ; et je fis ce que la voix m’avait ordonné.

CHAPITRE XV.

Prédiction des calamités qui doivent se répandre un jour sur la terre.
1. Va annoncer à mon peuple les prédic-
  1. Cette histoire du recouvrement des Écritures est une fable, établie sur quelque fausse tradition des Juifs, et sur quelques faits approchants, mais mal entendus, du recouvrement de quelques exemplaires des livres de la loi par le grand prêtre Helcias, sous Josias (IV Reg. xxiii), et de la lecture qu’Esdras fit de la loi devant tout le peuple, après leur captivité (II Esdr. viii, 2 et seqq.). L’auteur de ce livre la rapporte sous le nom d’Esdras, ainsi qu’il l’avait appris de ses pères ; et le récit qu’il en fait ici a servi à tromper plusieurs des anciens Pères, qui, prenant l’auteur de ce quatrième livre pour le véritable Esdras, ont cru que les livres de la loi avaient tous été brûlés ou perdus dans la destruction de Jérusalem, sous Nabuchodonosor. Ainsi, saint Irénée (1. u, c. 25), Eusèbe (v Hist., 8), Clément d’Alexandrie (I Strom., 25), Tertullien (1 De habilu mulier,, c. 3), saint Basile (Epist. ad Chilon.), et une intinité d’autres, depuis, ont suivi les sentiments de ces premiers Pères ; mais, saint Jérôme, saint Chrysostome et saint Hilaire soutiennent qu’Esdras ne fit autre chose que rassembler et décrire dans un seul volume tous les différents livres qui composent aujourd’hui ce que l’on appelle le Canon des Écritures reçues par les Juifs ; qu’il les récrivit en d’autres caractères, et corrigea sur les divers exemplaires les fautes que les copistes y avaient faites. Voy. saint Chrysostome, hom. 8 in Epist. ad Hebr., saint Hilaire dans son Prologue sur les Psaumes, Théodoret dans sa préface sur le mème livre.—Voy. la note sur le verset précédent.
  2. A l’imitation de Moïse. (Exod. XXXIV, 28.)
  3. Les tables et les livres originaux de la loi ; ce que les Juifs regardaient comme leur plus précieux trésor.
  4. Au grand jour, où tous les morts ressusciteront.
  5. 1323
  6. Des rouleaux, espèces de morceaux de parchemin ou d’écorces d’arbres, dont on compo-