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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/165

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CHE

valeur par de belles actions, et à qui la chevalerie avait été conférée avec certaines cérémonies dont nous avons le détail dans des monuments ; anciens que nous appelons cérémoniaux.

Les nobles seuls pouvaient être Chevaliers de droit ; car, « si quelqu’un s’était fait armer Chevalier, sans être gentilhomme de père, quoiqu’il le fût par sa mère, le Roi ou le baron de qui il relevait, le pouvait faire prendre, trancher ses éperons sur un fumier, et saisir ses meubles ».

Le parlement même porta la sévérité jusqu’à prononcer une amende contre le Chevalier qui avait eu la témérité de donner l’accolade à un roturier, parce qu’il n’y a que le roi qui puisse faire d’un roturier un Chevalier.

Nous en avons un exemple. Le comte de Flandres et le comte de Nevers son fils, ayant fait Chevaliers deux roturiers frères, le parlement les condamna chacun à une amende, par arrêt de la Toussaints 1279 et de la Pentecôte. Il condamna pareillement, par arrêt de la Saint-Martin 1281, chacun de ces roturiers à mille livres tournois d’amende envers le Roi. Cette somme excède seize mille livres de notre monnaie actuelle. Si la première fois que l’on a recherché les usurpateurs de noblesse, on les avait traités aussi sévèrement, le nombre en serait moins grand aujourd’hui.

2° Les nobles seuls combattaient à cheval, soit en duel, soit à la guerre : les roturiers ne pouvaient, en aucuns cas, combattre qu’à pied ; car vilain ne sait que valent éperons.

« S’il arrivait qu’un roturier accusât un Chevalier, ou̟ un gentilhomme qui dût être Chevalier, de meurtre, de vol de grand chemin ou de quelqu’autre crime qu’on punit par la mort du coupable ; il était permis au gentilhomme de se battre à cheval, s’il le voulait ; mais si c’était le gentilhomme qui se portât accusateur, il était obligé de combattre à pied ».

Voilà le seul cas d’exception à la règle générale : Beaumanoir nous en apprend la raison ; c’est dit-il, « parce que s’avilissant jusqu’à appeler en duel une personne d’aussi basse extraction, il perdait le privilége attaché à sa dignité ; et, dans ce cas, il devait se servir d’armes telles que celui qu’il avait appelé pouvait avoir de droit. Ç’eût été une grande cruauté de laisser à un gentilhomme,