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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/228

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CRÉ

quefois obligés de donner des gages pour la sûreté du payement.

Il est parlé de ce droit de Crédit dans plusieurs anciennes chartes, entr’autres dans celles que Philippe-Auguste accorda, en 1209, pour l’établissement de la commune de Compiègne. Il ordonne que les habitants feront Crédit à l’abbé, pendant trois mois, de pain, chair et poisson, et que s’il ne paye pas au bout de ce temps, on ne sera pas obligé de lui rien donner qu’il n’ait payé.

Robert, comte de Dreux et de Montfort, seigneur de Saint Valery, ordonna, par des lettres de l’an 1209, que toutes les fois qu’il séjournerait à Dieppe, on serait tenu de lui faire Crédit, pendant quinze jours, de 10 livres de monnaie usuelle.

À Boiscommun et dans plusieurs autres endroits, le roi avait Crédit pendant quinze jours, pour les vivres qu’il achetait des habitants ; et celui auquel il avait donné des gages pour sa sûreté, et en général, quiconque avait reçu des gages de quelqu’un, pouvait, en cas qu’il ne fût pas payé, les vendre huit jours après l’échéance du payement, comme il paraît par des lettres du roi Jean, du mois d’avril 1351.

Plusieurs seigneurs particuliers avaient droit de Crédit pendant le même temps, tels que le comte d’Anjou, le seigneur de Mailli-le-Château et sa femme, et le seigneur d’Ervy.

Ce qui est de singulier, c’est que, dans quelques endroits, de simples seigneurs avaient pour leur Crédit un terme plus long que le roi ne l’avait à Boiscommun, et autres lieux du même usage.

Par exemple à Beauvoir, le dauphin avait Crédit pendant un mois, pour les denrées qu’il achetait pour la provision de son hôtel ; mais il était obligé de donner au vendeur un gage qui valût un tiers plus que la chose vendue.

Quelques seigneurs avaient encore un terme plus long.

Les seigneurs de Nevers avaient droit de prendre dans cette ville des vivres à Crédit, sans être obligés de les payer pendant quarante jours, passé lesquels, s’ils ne les payaient pas, on n’était plus obligé de leur en fournir à Crédit, jusqu’à ce qu’ils eussent payé les anciens. Il en est parlé dans une ordonnance de Charles V, alors régent du royaume, du mois de février 1356.