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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/263

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DEU

place une de crêpe noir. Le comte de Merci, général des Impériaux, ayant été tué à une bataille, les drapeaux pris à celle de Guastalla, et qui ont été exposés dans Notre-Dame à Paris, avaient de ces écharpes noires on signe de tristesse.

Pendant le Deuil qui a été porté en Angleterre pour la reine, épouse du roi Georges II, les drapeaux des gardes à pied de ce royaume, qui montaient la garde au palais, étaient couverts de crêpe noir. Les officiers de ces gardes faisaient en même temps le service d’ordonnance de Deuil. J’appèle ainsi l’habillement singulier que ces officiers surent se faire : car en ajoutant à l’habit rouge, qui doit être leur uniforme ordinaire, des parements, des boutons et des boutonnières noirs, et en joignant à cela une écharpe aussi noire, ils se firent par ce moyen un Deuil convenable au sujet qui le faisait prendre, sans pour cela cesser de paraître officiers.

L’usage chez les étrangers de faire prendre le Deuil aux enseignes de guerre, montre qu’on y est plus attentif qu’en France à faire choix de la chose qui mérite le mieux de recevoir sur elle la marque de l’affection générale où se trouve un peuple fidèle à la mort de ses rois.

Il est vrai que les gardes du corps, en conduisant un roi de France au tombeau, ont une écharpe noire qui croise leur bandoulière ; mais ils ne l’ont que pendant l’action. Il est encore vrai que les officiers des gardes-françaises et suisses sont en habit noir tant que dure le grand Deuil d’un roi. Mais malgré cela les enseignes pouvant être plus propres qu’aucune autre chose à faire connaître les causes de joie et de tristesse qui peuvent affecter un peuple ou une armée, pourquoi n’en pas profiter en y plaçant la marque qui peut faire ressouvenir ce peuple ou cette armée de la perte de son roi ou de son général, soit en la joignant à la place de la marque désignative de la nation, qui, sous le nom de cravate, se voit continuellement sur ces enseignes, ou en la lui faisant prendre pour un temps ou l’on ne soit pas en guerre ? Quant au Deuil militaire du goût de celui porté par les officiers anglais, peut-être le trouve-t-on étranger et commun, parce que nos paysans par ménage se fabriquent un semblable Deuil ; mais il doit paraître noble et touchant. Le Deuil complet observé parmi nos officiers est trop courtisan, et n’est pas assez guerrier. Un habit noir rend le personnage qui le