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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/291

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DUE

Alphonse VI, roi de Castille, voulant abolir dans ses états l’office mosarabique pour y substituer le romain, et n’ayant pu y faire consentir le clergé, la noblesse, ni le peuple ; pour décider la chose on fit battre deux chevaliers l’un pour soutenir l’office romain, l’autre le mosarabique : le champion de l’office romain fut battu. On ne s’en tint pas pourtant à cette seule épreuve ; on en fit une autre par le feu en y jetant deux missels : le romain fut brûlé, et le mosarabe resta, dit-on, sain, ce qui le fit prévaloir sur le romain.

En France, le Duel était pareillement usité pour la décision de toutes sortes d’affaires civiles et criminelles, excepté néanmoins pour larcin, et quand les faits étaient publics. Il fut aussi défendu de l’ordonner à Orléans pour une contestation de cinq sous, ou d’une moindre somme.

Il avait lieu entre le créancier et le débiteur et aussi entre le créancier et celui qui niait d’être sa caution, lorsqu’il s’agissait d’une somme considérable, entre le garant et celui qui prétendait que la chose garantie lui avait été volée, entre le seigneur et le vassal pour la mouvance.

On pouvait appeler en Duel les témoins ou l’un d’eux, même ceux qui déposaient d’un point de droit ou de coutume.

Les juges même n’étaient pas exempts de cette épreuve, lorsqu’on prétendait qu’ils avaient été corrompus par argent ou autrement.

Les frères pouvaient se battre en Duel, lorsque l’un accusait l’autre d’un crime capital ; en matière civile ils prenaient des avoués ou champions qui se battaient pour eux.

Les nobles étaient aussi obligés de se battre, soit entre eux, ou contre des roturiers.

Les ecclésiastiques, les prêtres, ni les moines étaient pas non plus exempts ; seulement, afin qu’ils ne se souillâssent point de sang, on les obligeait de donner des gens pour se battre à leur place ; comme l’a fait voir le père Luc d’Achery, dans le VIII tom. de son Spicilége. Ils se battaient quelquefois eux-mêmes en champ clos ; témoin Regnaud Chesnel, clerc de l’évêque de Saintes, qui se battit contre Guillaume, l’un des religieux de Geoffroi, abbé de Vendôme.

On ne dispensait du Duel que les femmes, les malades, les méhaignés, c’est-à-dire, les blessés, ceux qui