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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/70

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ARM

cottes d’armes, pour distinguer les familles, ou accordées par le souverain en récompense de quelque exploit militaire, ou de quelque service considérable rendu à l’état.

Les auteurs anciens et modernes ne s’accordent point sur l’origine des Armoiries ; quelques-uns la fixent au temps des tournois et des croisades ; d’autres qui ont confondu les emblêmes avec les Armoiries, la font remonter au déluge. Néanmoins, l’usage des Armoiries ne fut guère pratiqué qu’au dixième ou onzième siècle ; les tombeaux des princes, des seigneurs et des gentilshommes faits avant ce temps-là, ne portent aucune empreinte, aucun vestige d’Armoiries ; les plus anciens n’ont que des croix et des inscriptions gothiques, avec la représentation de ceux qui y sont enterrés. Clément IV, qui mourut en 1268, est le premier de tous les papes qui ait des armoiries sur son tombeau, à Viterbe ; et s’il y a quelques tombeaux qui paraissent plus anciens que le dixième siècle, et qui ayent des Armoiries, on reconnaîtra, en les examinant avec attention, qu’ils ont été refaits, et que les Armoiries en sont apocryphes.

Les sceaux et les monnaies sont encore une preuve de cette vérité : on n’y voit point d’Armes que depuis le onzième siècle. Louis-le-Jeune, qui régnait l’an 1150, est le premier des rois de France qui ait eu un contre-scel d’une fleur-de-lys, et il choisit cet emblême par allusion à son nom de Loys, ou bien parce qu’on le nommait Ludovicus florus. Le plus ancien sceau des comtes de Flandres, est celui de Robert-le-Frison, attaché à un acte de l’an 1072, et aucun auteur, au-dessus du onzième siècle, n’a fait mention de l’art du blason. Il faut donc considérer comme fables tout ce qu’ont dit certains auteurs, qui prétendent que les Armoiries sont aussi anciennes que le monde, et qui en donnent gratuitement aux enfants de Caïn, de Seth et de Jacob, aux Grecs, aux Perses et aux Romains.

L’opinion la plus raisonnable est celle qui fixe l’origine des Armoiries à l’époque des tournois, c’est-à-dire, vers le onzième siècle. Les chevaliers qui assistaient à ces sortes d’assemblées, étant armés de toutes pièces, c’est-à-dire couverts de fer et d’acier, prenaient diverses couleurs et divers signes pour se reconnaître, et les portaient sur leurs boucliers et cottes-d’armes ; ainsi, le soleil, les étoiles, les lions, les aigles et autres pièces qui se voyent dans les Armoiries, représentent ce que les chevaliers prenaient pour