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MÉTHODE PARTICULIÈRE DE PONCTUATION. XXXII


Que j’aime, que tu aimes, qu’il aime ; que nous aimions, que vous aimiez, qu’ils aiment.

Imparfait du subjonctif.

Il y a quatre terminaisons ; aise, isse, usse, insse, tie cette manière : J’aimasse, tu aimasses, il aimât ; nous aimassions, vous aimassiez, ils

Je finisse, tu finisses, il finisse ; nous finissions, vous finissiez, ils finissent.

Je reçusse, tu reçusses, il reçût ; nous reçussions, vous reçussiez, ils reçussent. Je devinsse, tu devinsses, il devint ; nous devinssions, vous devinssiez, ils. Remarquez que les secondes personnes plurielles des verbes ont ordinairement un e à la fin.

Remarques sur l’orthographe des pronoms, adverbes, et autres mots. Leur ne prend jamais de 5 à la fin, quand il est joint à un verbe ; alors il signifie à eux, à elles : ces enfants ont été sages, je leur donnerai un prix.

Leur, suivi d’un nom pluriel, prend un s : alors il signifie d’eux, d’elles : un père aime ses enfants, mais il n’aime pas leurs défauts.

On ne met point d’accent sur o dans notre, votre, quand ils sont devant un nom ; votre père y notre maison ; mais on met un accent accent circonflexe sur ô dans le nôtre, le vôtre, la nôtre, la vôtre ; exemple : Mon livre est plus beau Que lè vôtre.

On met un accent grave sur là, adverbe de lien : allez là ; on n’en met point sur la, article : la fille, ni sur le pronom féminin la : Je la connais.

On met un accent grave sur où, adverbe de lieu : Où allez-vous ?

On n’en met point sur ou, conjonction : C’est vous ou moi.

On met un accent grave sur à, préposition : Je vais à Paris.

On n’en met point sur a, troisième personne du verbe avoir : Il a de l’esprit.

On met un accent circonflexe sur dû, participe du verbe devoir : Rendez à chacun ce qui lui est dû ; on n’en met point sur du, article : La lumière du soleil.


MÉTHODE PARTICULIÈRE DE PONCTUATION.


Notions générales et élémentaires.


Nota. Tous les exemples cités dans cette méthode particulière de ponctuation sont précédés d’un —.

LES différentes tournures que l’on emploie dans la composition des phrases, et les circonlocutions variées du style de chaque auteur, présentent beaucoup de difficultés pour placer à propos les signes de ponctuation : et l’on ne peut acquérir cette facilité qu’après avoir mis toute son application sur les divers sens qui en constituent l’assemblage. On trouvera peu de ressources dans les livres imprimés, parce que, d’un côté, cette partie, de tout temps négligée, n’a pas stimulé l’attention de ceux qui étaient chargés de la lecture des épreuves ; et, d’un. autre côté, elle a langui dans les ténèbres, couverte de la livrée dç l’ignorance. Il est essentiel de se former soi-même dans ce genre utile, tâcher d’en bien comprendre le sens, la raison et le fondement, étudier de bonne foi les degrés de ponctuation que comportent les phrases, afin de pouvoir en appliquer le principe dans tous les cas particuliers qu’il est impossible de donner en exemples. D’abord il faut saisir les endroits les plus faciles, ceux auxquels l’on ne peut former des pauses d’une autre manière, c’est-à-dire que, si l’on place une virgule, un point-virgule, après tel mot, l’elève le moins avancé ne pourrait la placer différemment. Ensuite, en fructifiant dans ses observations, on sera à même de sentir mieux, et l’on se familiarisera à les saisir au premier coup d’œil. Il est inutile que je présente des vues nouvelles sur cette partte élémentaire ; je vais citer les passages de M. Boiste, le seul qui ait bien raisonné les notions utiles à la ponctuation.

« Le choix des ponctuations dépend de la proportion qu’il convient d’établir dans les pauses ; et cette proportion dépend de la combinaison de trois principes fondamentaux : 1° le besoin de respirer (i) ; 2° la distribution des sens partiels qui constituent un discours ; 3° la différence des degrés de subordination qui conviennent à chacun de ces sens partiels dans l’ensemble du diséours. j --> -

Il est d’une nécessité évidente de distinguer les sens partiels, de faire attention aux différents degrés de subordination qui doivent les rénnir, de combiner ces deux points de vue vraiment analytiques avec les besoins naturels de la respiration, et de tenir compte de tout dans la ponctuation par une gradatipn proportionnée dans le choix des signes. En général on ne doit rompre l’unité du discours qne le moins qu’il est possible, et qu’autant qu’il est exigé par l’un des trois principes précédents : il faut n’accorder à la faiblesse de l’organe et de l’intelligence que ce qui est indispensablement nécessaire, et conserver, le plus scrupuleusement qu’on peut, la vérité et l’unité de la pensée dont la parole est l’image fidèle.

(1) Suivant l’opinion de quelques grammairiens, ce motif entre pour peu dans e choix des placements des signes : il n’est guère important de le présenter comme première base de la ponctuation.


« Ainsi la ponctuation la plus faible, la virgule (2), doit être employée seule partout où l’on -ne fait qu’une division des sens partiels, sans aucune sous-division subalterne : s’il y a dans nn sens total deux divisions subordonnées, il faut employer les deux ponctuations les plus faibles, la virgule et le point avec une virgule : il faut ajouter les deux-points, s’il y a troisdivisions subordonnées, et ainsi de suite. Dans tous ces cas, la ponctuation la plus forte doit distinguer entre elles les parties principales ou de la première division, et la ponctuation la moins forte distinguer les parties subalternes de la première sous-division ; parce les parties subalternes doivent d’abord être réunies, avant de constituer des touts qui deviennent partie d’un ordre supérieur, et que par conséquent elles ont ent-re elles plus d’affinité par les parties principales, et doivent être moins désunies.

« On ne doit rompre l’unité de la proposition entière que le inoins qu’il est possible ; mais on doit préférer la netteté de l’énonciation orale on écrite à la représentation trop scrupuleuse de l’unité du sens total, laquelle, après tout, subsiste toujours, tant qu’on ne la détruit pas par des repos trop considérables, ou par des ponctuations trop fortes. Or la netteté de l’énonciation exige que la subordination respective des sens partiels y soit rendue sensible, ce qui ne peut se faire que par la différence marquée des repos et des caractères qui les représentent.

« S’il n’y a donc dans un sens total que deux divisions subordonnées, il ne faut employer que deux sortes de ponctuations, parce qu’on ne doit pas employer plus de signes qu’il n’y a de choses à signifier : il faut employer un point avec une virgule pour distinguer les parties principales ou de la première division ; et la simple virgule, pour distinguer entre elles les parties subalternes de la, sous division. Ces deux ponctuations sont les plus faibles, afin de rompre le moins qu’il est possible l’unité du sens total ; et la plus faible des deux sépare les parties subalternes, parce qu’elle sont plus intimément liées entre elles que les principales.

« La même proportion qui règle l’emploi respectif de la virgule, et du point avec une virgule, lorsqu’il y a division et sous-division de sens partiels, doit encore décider de l’usage des deux points, pour les cas où il y a trois divisions subordonnées l’une à l’autre.

« Le point est sujet à l’influence de la propçrtion qui a réglé jusqu’ici les autres signes de ponctuation : ainsi il doit être mis après une période ou une proposition composée, dans laquelle on fait usage de deux points. Il s’emploie encore après toutes les propositions qui ont un sens absolument termine : telle est, par exemple, la conclusion d’un raisonnement., quand elle est précédée des prémisses (3) qni en constituent la preuve. En un mot, il se place à -la fin de toutes les phrases indépendantes de ce qui suit, ou du moins qui n’ont de liaison avec la suite que par la convenance de la matière et l’analogie générale des pensées dirigées vers une même fin ? »

Si la manière dont M. Boiste développe les différents endroits qui doivent recevoir une légère ou une forte pause ; si l’intérêt qu’il a mis à ne rien oublier de tout ce qui rectifie l’ensemble et la contexture d’une phrase pour la ponctuation, peuvent fixer le goût, l’attention et l’étude dans cette partie, qui pourrait ne pas connaître combien elle a été négligée ?

Il n’est pas question de se renfermer dans son goût particulier, ou dans une mauvaise routine : celui qui est chargé de -lire une épreuve ne doit voir que le besoiu, là régularité, la faiblesse et la force du discours, et les rapports qui existent dans les phrases entrecoupées. L’écolier commencera par les plus légères phrases, afin de contracter une habitude réglée lorsqu’il se présentera de hauts sujets à son imagination. Pour le faciliter, nous avons donc pensé que-sa mémoire s’ouvrirait plus facilement à ce travail ; en lui donnant nos principes par demandes et par réponses.

Afin que les principes que je vais développer puissent servir utilement à l’instruction, j’indiquerai par gradation la faiblesse et la force des pauses ; ce qui nous conduira naturellement à-la recherche des passages les plus difficiles, et à l’emploi le mieux approprié pour ce qui regarde les phrases les plus compliquées. On me pardonnera si dans ces citations je n’embrasse pas toutes les difficultés : qui peut contester que les variétés de langage, les nombreuses situations des pensées, les tours et les renversements de phrases, ne soient une excusé légitime ? Il faudrait des volumes pour en faire mention ; il suffira, je crois, d’en trouver ici une certaine quantité d’exemples : l’intelligence et l’habitude supplééront au reste. Un enfant,

(2) Communément la virgule est regardée comme -le signe le plus faible, ou dont on peut se passer le plus facilement : c’est une erreur. À la vérité elle marque la pause la plus légère ; mais, sous tous les autres rapports, c’est le signe le plus distinctif des pensées, le plus utile pour le sens, etc. Après avoir coupé une phrase, elle sert comme de point de ralliement pour former un tout intelligible ; elle donne de la force et de l’extension aux idées, et jette de la clarté dans le discours. Tous ces membres de phrases partiels qu’elle a formés, elle les intéresse tous l’un par l’autre, et les fait dépendre les uns des autres par les divisions et les subdivisions adroitement ménagées ; enfin la virgule, donnant du pied et de la facilité à l’éloquence, est aussi le soutien d’une tournure élegante et de bon goût.

(3) Ce sont les deux premières propositions d’un syllogisme, qui n’est lui-même autre chose que la formation de trois propositions coïncidentes l’une à l’autre, et dont la troisième termine le sens du raisonnement : ou bien c’est un raisonnement calqué sur trois propositions,