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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/1

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DICTIONNAIRE DES SYNONYMES
DE LA LANGUE FRANÇAISE
D’APRÈS LES OUVRAGES LES PLUS ESTIMÉS.


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Nota. La synonymie de la langue française fêtant une partie très-étendue, nous ne donnons ici que les acceptions les plus générales pour ne point dépasser les bornes que nous nous sommes imposées dans ce Dictionnaire ; nous renvoyons à l’excellent ouvrage de M. Guizot, intitulé Nouveau Dictionnaire universel des synonymes de la langue française, gros volume in-8o de plus de mille pages.

ABAISSEMENT, BASSESSE. L’abaissement volontaire où l’âme se tient est un acte de vertu, l’abaissement où on la retient est une humiliation passagère qu’on oppose à sa fierté, afin de la réprimer ; mais la bassesse est une disposition ou une action incompatible avec l’honneur, et qui entraîne le mépris : l’abaissement de la fortune, de la condition des hommes, est l’effet d’un événement qui a dégradé du premier état ; la bassesse est le degré le plus bas et le plus éloigné de toute considération : ainsi les mendiants sont au-dessous des esclaves ; car les esclaves ne sont que dans l’abaissement, et les mendiants sont dans la bassesse. L’abaissement du ton le rend moins élevé, moins vif, plus soumis ; la bassesse du style le rend populaire, trivial, ignoble.

ABAISSER, RABAISSER, RAVALER, AVILIR, HuMILIER. Abaisser signifie au propre et au figuré, pousser en bas, mettre plus bas, au-dessous ; diminuer le prix, la valeur, la considération, etc. : son action est modérée. Rabaisser est abaisser davantage ; il s’emploie aussi pour abaisser ce qu’on élève trop : se dit du ton, de l’arrogance, de l’orgueil. Ravaler se dit d’un abaissement profond, de l’action de jeter dans la bassesse un objet qui était dans une certaine élévation. Avilir est abaisser jusqu’à l’état le plus abject, rendre vil, méprisable. Humilier dit proprement abaisser jusqu’à terre ; par extension, rendre honteux, confus. Le grand homme peut être humilié, ravalé, mais non pas avili : sa gloire le suit dans l’humiliation, sa grandeur le relève quand on le ravale, sa vertu le défend de l’avilissement. On est abaissé par la détraction, rabaissé par le mépris, ravalé par la dégradation, avili par l’opprobre. L’homme modeste s’abaisse, le simple se rabaisse, le faible se ravale, le lâche s’avilit, le pénitent s’humilie.

ABANDONNEMENT, ABDICATION, RENONCIATION, DÉMISSION, DÉSISTEMENT. L’abandonnement, l’abdication et la renonciation se font ; le désistement se fait et se donne ; la démission se donne. On abandonne ses biens, on fait abdication de sa dignité, de son pouvoir ; on renonce à ses droits et à ses prétentions ; on se démet de ses charges ; on se désiste de ses poursuites.

ABANDONNER, DÉLAISSER. Nous abandonnons les personnes et les choses dont nous n’avons pas besoin ; nous délaissons les malheureux à qui nous ne donnons aucun secours.

ABANDONNER, QUITTER. On quitte un ouvrage pour se reposer et dans le dessein de le reprendre ; on l’abandonne pour s’en débarrasser, et ordinairement pour n’y plus revenir.

ABATTEMENT, DÉCOURAGEMENT, ACCABLEMENT.

L’abattement, causé par la maladie, le chagrin, etc., a une action momentanée et qui cesse avec la cause du mal ; l’accablement est plus profond, c’est une sorte d’anéantissement qui conduit au découragement, état de langueur et d’inaction absolue où l’on semble renoncer à tout.

ABATTRE, DÉMOLIR, RENVERSER, RUINER, DITRUIRE. Abattre, c’est jeter en bas ; démolir, c’est rompre par morceaux la liaison d’une masse construite ; renverser, c’est coucher par terre ce qui était sur pied ; ruiner, c’est faire tomber par pièces ; détruire, c’est dissiper entièrement l’apparence et l’ordre des choses. On abat une maison, on démolit des palais, on renverse des murailles ; les édifices, les États, la santé se ruinent ; on détruit des villes, des empires.

ABDIQUER, SE DÉMETTRE. Abdiquer ne se dit que des postes considérables, et suppose de plus un abandon volontaire ; se démettre peut s’appliquer aux petites places comme aux grandes, et suppose parfois la contrainte.

ABHORRER, DÉTESTER. On abhorre ce qu’on ne peut souffrir ; on déteste ce qu’on désapprouve et ce que l’on condamne. Le malade abhorre les remèdes ; le malheureux déteste le jour de sa naissance.

ABJECTION, BASSESSE. La bassesse se trouve dans le défaut de vertu, de naissance, de mérite, de fortune ; l’abjection est le fruit de l’inconduite, du libertinage et de l’abrutissement.

ABOLIR, ABROGER. Abolir se dit des coutumes, et abroger, des lois. Le non-usage suffit pour l’abolition ; il faut un acte pour l’abrogation.

ABOMINABLE, DÉTESTABLE, EXÉCRABLE. Ce qui est abominable excite l’aversion, la terreur ; ce qui est détestable, la haine, le soulèvement ; ce qui est exécrable, l’indignation, l’horreur. L’hypocrisie est un vice abominable ; l’avarice est un vice détestable ; le fanatisme barbare est un vice exécrable.


ABRÉGÉ, SOMMAIRE, ~ÉTITOME. L’abrégé est la réduction d’un ouvrage ; le sommaire indique les principales choses contenues dans l’ouvrage ; on le place ordinairement à la tête des chapitres ou divisions ; l’Épitome est plus succinct que l’abrégé.

À L’ABRI, A COUVERT. On se met à couvert du soleil, pour éviter l’éclat de ses rayons ; des regards de l’intrigue, de tout ce qui peut nuire sans toucher ; à l’abri de la pluie, des coups, de tout ce qui peut atteindre.

ABSOLU, IMPÉRIEUX. L’homme impérieux commande avec hauteur, et souffre à peine qu’on lui résiste ; l’homme absolu ordonne avec calme, mais on ne peut lui résister.

ABSOLUTION, PARDON, RÉMISSION. Le juge absout un accusé., le prêtre un pénitent ; on pardonne une offense ; le prince accorde la rémission d’un crime.

ABSORBER, ENGLOUTIR. Le premier a rapport à la consommation, à la destruction progressive ; le second exprime quelque chose qui enveloppe et fait disparaître. Le feu absorbe, l’eau 'engloutit.

ABSTENTION, RENONCIATION. La renonciation suppose un droit auquel on renonce : l’abstention, une faveur dont on ne veut pas profiter, ainsi, la renonciation se fait par l’héritier naturel ; l’abstention, par celui à qui l’hérédité est déférée par le testateur.

ABSTRAIT, DISTRUT. Les idées intérieures absorbent notre attention et la détachent des objets extérieurs, nous sommes abstraits ; mais, occupés d’objets extérieurs, un autre vient nous en détourner, nous sommes distraits.

ACADÉMICIEN, ACADÉMISTE. Les sciences, le bel-esprit, et les beaux-arts sont le partage de l’académicien ; les exercices du corps occupent l' académiste.

ACCABLER, OPPRIMER, OPPRESSER. On est accablé de maux, de bienfaits, lorsqu’on ne peut supporter les premiers, et reconnaître suffisamment les seconds : opprimer indique la violence : un tyran nous opprime ; oppresser ne se dit que des effets physiques : un poids sur le corps, uue douleur qu’on ne peut supporter, nous oppressent. Un peuple accablé d’impôts est opprimé par son souverain ; on ne dit pas que l’oppresseur est celui qui, oppresse, c’est celui qui opprime.

ACCÈS (AVOIR), ABORDER, APPROCHER. On a accès où l’on entre ; on aborde les personnes à qui l’on veut parler ; on approche celles avec qui l’on est souvent.

ACCIDENTELLEMENT, FORTUITEMENT. On trouve fortuitement un protecteur que la bonne fortune nous donne ; on perd accidentellement un ami. Ce qui est accidentel arrive contre votre attente ; ce ce qui est fortuit est imprévu.

ACCOMPAGNER, ESCORTER. On accompagne par égard ou par amitié ; on escorte par précaution. Escorte s’entend toujours d’un nombre de personnes ; un homme seul accompagne, et n’escorte pas. On dit, avoir avec soi une nombreuse compagnie, et une forte escorte.

ACCOMPLI, PARFAIT. Ce qui est parfait a toutes les qualités nécessaires ; ce qui est accompli a, de