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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/2

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2 DICTIONNAIRE DES SYNONYMES.

plus, toutes les qualités accessoires. Une femme belle et instruite, qui est bonne épouse, bonne mère, bonne ménagère, est une femme parfaite ; l’esprit, les talents, les grâces, etc., joints à ces qualités, en font une femme accomplie.

ACCORDER, CONCILIER. Accorder suppose la contestation ; concilier ne suppose que diversité de vues, d’intérêts. On accorde les différends, on concilie les esprits.

ACCORDER, RACCOMMODER, RÉCONCILIER. On accorde les personnes qui sont en contestation ; on raccommode celles que des différends ont séparées ; on réconcilie les ennemis.

ACCUSATEUR, DÉNONCIATEUR, DÉLATEUR. L’accusateur révèle, poursuit un crime par intérêt personnel : il se nomme hardiment ; le dénonciateur, par amour de sa patrie, par humanité, il ne se cache pas ; le délateur, par vengeance ou méchanceté, il se cache avec soin.

ACHEVER, FINIR, TERMINER. L’idée caractéristique d’achever est la conduite de la chose jusqu’à son dernier période ; celle de finir, l’arrivée de ce période ; celle de terminer, la cessation de la chose.

ACQUIESCER, CÉDER, SE RENDRE. On acquiesce par amour de la paix ; on cède par déférence ou par nécessité ; on se rend par faiblesse ou par conviction.

ACQUITTÉ, QUITTE. On s’acquitte du premier paiement ; on est quitte quand on les a tous faits.

ACRE, ÂPRE. Le premier exprime une impression piquante ; le second dit quelque chose de rude qui provient d’un défaut de maturité.

ACRIMONIE, ÂCRETÉ. Acrimonie exprime une qualité active et mordicante des humeurs ; âcreté convient à plusieurs sortes de choses : c’est une sorte de saveur qui produit une impression trop piquante.

ACTE, ACTION. Acte dans une pièce de théâtre, et même dans une acception plus étendue, n’est qu’une partie de l’action : la prise d’une ville est un acte de Y action de conquérir.

ACTEUR, COMÉDIEN. Au propre, acteur s’applique à la tragédie et à la comédie, mais plus particulièrement à la première ; l’acteur tragique n’est appelé comédien que par mépris ; l’acteur comique ne peut s’offenser de l’épithète, mais le nom d’acteur lui donne un grand relief. Au figuré, l’acteur agit ; le comédien imite, contrefait.

ACTION, ACTE. L’acte est le produit de l’action. Action se dit indifféremment de tout ce qu’on fait ; l’acte se dit seulement de ce qui est remarquable.

ACTIONS (BONNES), BONNES ŒUVRES. Les bonnes actions sont faites par un principe de vertu ; les bonnes œuvres ont pour principe la charité envers le prochain. Toute bonne œuvre est une bonne action ; mais toute bonne action n’est pas une bonne œuvre.

ACTUELLEMENT, À PRÉSENT, PRÉSENTEMENT, MAINTENANT. À présent indique un temps présent, par opposition à un autre plus indéfini ; présentement signifie dans le moment, ou sans délai ; actuellement exprime l’instant où l’on parle, où l’action se fait ; maintenant désigne la continuation d’une chose, la liaison d’une partie à une autre.

ADAGE, PROVERBE. Le proverbe est une sentence populaire, ou un mot familier et plein de sens ; l’adage est un proverbe piquant et plein de sel.

ADHÉRENT, ATTACHÉ, ANNEXÉ. Les branches sont adhérentes au tronc ; les voiles sont attachées au mat ; il y a des emplois que l’on a annexés à d’autres, pour les rendre plus considérables.

ADJECTIF, ÉPITHÈTE. L’adjectif est nécessaire pour compléter le sens de la proposition ; l’épithète n est souvent qu’utile ; elle sert à l’agrément, à l’'énergie du discours. L’adjectif appartient à la grammaire et à la logique ; l’épithète appartient à la poésie et à l’éloquence.


ADMETTRE, RECEVOIR. On admet quelqu’un dans une société particulière ; on reçoit à une charge. On admet dans sa familiarité et sa confidence ; on reçoit dans les maisons et-dans les sociétés. Les ministres étrangers sont admis à l’audience du prince, et reçus à sa cour.

ADMINISTRATION, GOUVERNEMENT, RÉGIME. Le gouvernement dirige la chose publique ; le régime est la règle établie par le gouvernement ; l’administration est la manière d’exécuter ce qui est ordonné par Je gouvernement, et réglé par le régime.

ADORER, HONORER, RÉVÉRER. On adore Dieu, on honore les saints, on révère les reliques. On adore Une niaitresse, on honore les honnêtes gens, on révère les personnes d’un mérite distingué.

ADOUCIR, MITIGER, MODÉRER, TEMPÉRER. On adoucit, en introduisant quelque chose de doux ; on mitige, en rendant moins sévère ; on modère, en retenant dans les limites ; on tempère, en diminuant l’excès.

ADRESSE, DEXTÉRITÉ, HABILETÉ. La dextérité a plus de rapport à la manière d’exécuter les choses ; l’adresse en a davantage aux moyens d’exécution ; l’habileté regarde plus le discernement des choses mêmes.

ADRESSE, SOUPLESSE, FINESSE, RUSE, ARTIFICE. L’adresse emploie les moyens ; la souplesse évite les obstacles ; la finesse insinue d’une façon insensible ; la ruse trompe ; l’artifice surprend.

ADROIT, HABILE, ENTENDU. On est adroit de la main, dans l’action ; habile dans un art ; entendu dans les affaires. La nature nous fait adroits ; l’étude, l’expérience, habiles ; l’une et l’autre, entendus, lorsque l’intelligence les seconde.

ADROIT, INDUSTRIEUX, INGÉNIEUX. Celui-ci imagine, le second trouve les moyens d’exécution, et le premier les emploie et réussit, guidé, secondé par les autres.

ADULATEUR, FLATTEUR, FLAGORNEUR, LOUANGEUR. Le louangeur loue pour louer ; le flatteur, pour plaire ; l’adulateur met dans la flatterie de la fausseté ; le flagorneur loue à chaque instant et avec maladresse.’

AFFABILITÉ, CIVILITÉ, TOLITESSE. L’affabilité est dans l’air, le geste ; un muet, un aveugle, peuvent être affables ; la civilité y ajoute les discours, et la politesse réunit quelquefois le tout ; plus souvent elle est froide et supprime l’affabilité. Un bourreau peut être très-civil, très poli sans affectation ; il ne peut être affable sans une atroce ironie.

AFFECTATION, AFFÉTERIE. L’affectation a pour objet les pensées, les sentiments ; Y afféterie ne regarde que les petites manières. L’affectation est souvent contraire à la sensibilité ; l’afféterie est toujours contraire au simple et au naïf.

AFFECTER UNE CHOSE, SE PIQUER D’UNE CHOSE. On se pique en soi ; on affecte au dehors. Celui qui se pique d’être brave, croit être tel, a telle opinion de lui-même ; celui qui l’affecte vent le paraître. On peut se piquer et affecter tout ensemble ; on se pique aussi sans affecter, et l’on affecte sans se piquer.

AFFECTION, DÉVOUEMENT. Le dévouement est un effet de l’affection, et n’a jamais lieu sans elle : l’affection vient du cœur, elle est involontaire ; le dévouement vient de l’esprit, de la volonté déterminée par le sentiment.

AFFERMER, LOUER. Affermer se dit des biens ruraux ; louer se dit des logements, ustensiles et animaux de labour.

AFFERMIR, ASSURER. On affermit par de solides fondements ; on assure par la position.

AFFLICTION, CHAGRIN, PEINE. La mort d’un père nous afflige ; la perte d’un procès nous donne du chagrin ; le malheur d’une personne de connaissance nous cause de la peine. L’affliction abat,


le chagrin rend sombre, mélancolique ; la pein attriste, fait souffrir dans le moment.

AFFLIGÉ, FÂCHÉ, ATTRISTÉ, CONTRISTÉ, MORTIFIÉ. On est affligé de la perte de ce qu’on aime d’une maladie ; on est fâché d’une perte au jeu d’un contre-temps ; on est attristé des accident, qui arrivent sous nos yeux ; on est contristé d’une calamité générale ; on est mortifié par on déplaisir des mépris, des ironies.

AFFLUENCE, CONCOURS, FOULE, MULTITUDE. Lorsque le peuple afflue dans une place publique d’une ville par diverses rues, il en résulte un concours d’hommes qui bientôt se pressente en foule, et leur réunion forme la multitude. Foule et multitude n’amènent ni l’idée de mouvement, ni celle de repos ; affluence et concours emportent l’idée de mouvement.

AFFRANCHIR, DÉLIVRER. Un maître affranchie son esclave ; un tiers le délivre. On délivre un captif ; on affranchit un peuple de la tyrannie.

AFFRES, TRANSES, ANGOISSES. Les affres sont produites par l’aspect d’un objet affreux, par le sentiment profond du danger de la mort ; les transes sont causées par l’extrême appréhension d’un fin prochaine, sans idée de secours ; les angoisses sont causées par une inquiétude excessive.

AFFREUX, HORRIBLE, EFFROYABLE, ÉPOUVANTABLE. Ce qui est affreux inspire le dégoût ; un chose horrible excite l’aversion ; l’effroyable fa peur ; l’épouvantable cause l’étonnement, la terreur.

AFFRONT, INSULTE, OUTRAGE, AVANIE. L’affront est un trait de reproche ou de mépris lancé en présence de témoins j l’insulte est une attaque faite avec insolence ; l’outrage ajoute à l’insulte un excès de violence ; l’avanie est un traitement humiliant qui expose au mépris public.

AGITATION, TOURMENT. L’homme du monde est agité par le tourbillon des plaisirs ; le pauvre est tourmenté par la misère.

AGITÉ, ÉMU, TROUBLÉ. Le cœur est ému par un sentiment, agité par plusieurs, troublé par le désordre. La compassion émeut ; l’indignation d’un crime, la pitié pour le coupable agitent ; l’amour et la jalousie troublent le cœur et la raison.

AGRANDIR, AUGMENTER. Agrandir, rendre plus grand en étendue ; augmenter, rendre plus considérable en nombre, en élévation en puissance

AGRÉABLE, DÉLECTABLE, DÉLICIEUX. Agréable convient pour ce qui satisfait la volonté, pour ce qui plaît à l’esprit ; délicieux, pour ce qui produit un grand plaisir, une jouissance entière, paisible voluptueuse ; délectable exprime le milieu entre l’agréable et le délicieux ; il ne se dit que de ce qui concerne la sensation du goût, ou de ce qui flatte la mollesse.

AGRÉABLE, GRACIEUX. L’air et les manières l’en dent gracieux ; l’esprit et l’humeur rendent agréable. Gracieux exprime ce qui flatte les sens où l’amour-propre ; agréable, ce qui convient au goût et à l’esprit.

AGRÉGER, ASSOCIER. On associe quelqu’un à ur corps, à une entreprise, pour qu’il en partage les travaux, les avantages ; on agrège quelqu’un 1 un corps, pour qu’il jouisse des mêmes honneuri et privilèges.

AGRICULTEUR, CULTIVATEUR, COLON. L’agriculteur professe l’art de l’agriculture, c’est son goût, son talent ; le cultivateur l’exerce en entrepreneur, c’est son travail et son état ; le culon le pratique en homme de la glèbe, c’est sa vie..

AIDER, ASSISTER, SECOURIR. On secourt dans le danger ; on aide dans la peine ; on. assiste dans le besoin.

AIGUILLONNER, ENCOURAGER, EXCITER, INCITER, ANIMER, POUSSER A, PORTER A. On excite celui qui ne songe pas à un travail, à un objet, qui agit languissamment, s’arrête, se dégoûte ; on