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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/3

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DICTIONNAIRE DES SYNONYMES 3

incite celui qui n’est pas disposé à ce travail, qui ne l’a point à cœur ; ou pousse celui qui ne veut pas, ou ne veut que faiblement ; on anime celui qui est froid ou indifférent ; on encourage celui qui est trop faible pour se déterminer par sa propre réflexion.

AIMER, CHÉRIR. Nous aimons ce qui nous plaît ; nous chérissons ce qui fait en quelque sorte partie de nous.

AIMER MIEUX, AIMER PLUS. Aimer mieux ne marque qu’une préférence d’option ; aimer plus marque une préférence de choix et de goût.

AIR, MANIÈRES. L’air semble être né avec nous ; les manières viennent de l’éducation, l’air prévient, les manières engagent.

AIR, MINE, PHYSIONOMIE. L’air dépend du visage, de la taille, du maintien et de l’action ; la mine dépend quelquefois du visage, d’autres fois aussi de la taille ; la physionomie se considère dans le seul visage.

AIS, PLANCHE. Ais ne se dit que du bois ; planche se dit du cuivre, d’une partie de jardin, etc. On fait des ais de toutes sortes de bois ; la planche suppose plus de longueur que l’ais.

AISES, COMMODITÉS. Les aises disent quelque chose de voluptueux, qui tient de la mollesse ; les commodités expriment quelque chose qui facilite les opérations ou la satisfaction des besoins. Le voluptueux, l’efféminé, l’indolent, cherchent leurs aises ; l’homme sensé qui veut jouir sagement de la vie, parvenir à son but, s’assure de ses commodités.

AISE, CONTENT, RAVI. Nous sommes bien aises des succès qui ne nous regardent qu’indirectement ; l’accomplissement de nos désirs nous rend contents ; la forte impression du plaisir fait que nous sommes ravis.

AISÉ, FACILE. Facile exclut la peine qui naît des obstacles et des oppositions ; aisé exclut la peine qui naît de l’état de la chose. L’entrée est facile lorsque rien n’arrête au passage ; elle est aisée lorsqu’elle est large et commode à passer.

AJOUTER, AUGMENTER. On ajoute une chose à une autre ; on augmente la chose même.

AJUSTEMENT, PARURE. Ce qui appartient à l’habillement est rajustement ; ce qu’on y ajoute est parure. Il faut être propre et régulier dans son ajustement, sans y paraître trop attentif ; l’amour et la parure font l’occupation du commun des femmes.

ALARME, APPRÉHENSION, CRAINTE, ORATEUR, PEUR, EFFROI, TERREUR, ÉPOUVANTE. L’alarme naît de ce qu’on apprend ; l’effroi, de ce qu’on voit ; la terreur, de ce qu’on imagine ; la frayeur, de ce-qui surprend ; l’épouvante, de ce qu’on présume ; la crainte, de ce qu’on sait ; la peur, de l’opinion qu’on a ; l’appréhension, de ce qu’on attend ;

ALARMÉ, EFFRAYÉ, ÉPOUVANTÉ. Épouvanté dit plus qu’effrayé, et celui-ci plus qu’alarmé. On est alarmé d’un danger qu’on craint, effrayé d’un danger passé, épouvanté d’un danger pressant.

ALIMENT, NOURRITURE, SUBSISTANCE. L’aliment a la propriété de nourrir ; la nourriture est son effet ; la subsistance est le moyen de subsister.

ALLÉ (ÊTRE), AVOIR ÉTÉ. Être allé exprime l’action de s’être transporté dans un lieu où l’on est encore ; avoir été est en être revenu ; elles sont allées à vêpres ; nous avons été à la messe.

ALLÉGIR, AMENUISER, AIGUISER. On allégit, en diminuant sur toutes les faces, un corps considérable ; on amenuise un petit morceau de bois, en le diminuant davantage sur une seule face ; on aiguise par les extrémités, les bords.

ALLÉGUER, CITER. On cite les auteurs ; on allègue les faits et les raisons : on cite pour s’autoriser ; on allègue pour défendre.

ALLIANCE, LIGUE, CONFÉDÉRATION, COALITION. L’alliance est une union d’amitié et de convenance ; la ligue est une union de desseins et de forces ; la confédération est une union d’intérêt et d’appui ; la coalition est une confédération même momentanée entre des partis, contre quelque dessein nuisible à tous.

ALLONGER, PROLONGER, PROROGER. Allonger, c’est ajouter à l’un des bouts ou étendre la matière. ; prolonger, c’est reculer le terme de la-chose ; proroger, c’est maintenir l’autorité, l’exercice ou la valeur au-delà de la durée prescrite.

ALLURES, DÉMARCHES. On a des allures par habitude ; on fait des démarches par intérêt.

AMANT R GALANT, AMI. Le galant courtise dans l’espoir d’obtenir des faveurs d’une femme et sans aimer : l’amant chérit quelquefois sans espoir ; l’ami s’intéresse, conseille : il peut avoir été ou devenir l’amant ; il ne sera jamais le galant.

AMANT, AMOUREUX. Il suffit d’aimer pour être amoureux ; il faut le dire pour être amant. La passion rend amoureux ; la raison ou l’intérêt peut rendre amant.

AMASSER, ENTASSER, ACCUMULER, AMONCELER.

On amasse ce dont on a dessein de se servir ; on entasse ce que l’on veut garder ; on accumule ce que l’on veut avoir en grande quantité ; on amoncèle ce qu’on ne veut pas laisser épars.

AMBASSADEUR, ENVOYÉ, DÉPUTÉ. Les ambassadeurs et les envoyés parlent et agissent au nom de leurs souverains : les premiers ont une qualité représentative ; les députés ne parlent qu’au nom de quelque société ou corps, particulier.

AMBIGUÏTÉ, DOUBLE SENS, ÉQUIVOQUE. Une réponse ambiguë peut s’interpréter de diverses manières ; celle à double sens n’en offre que deux, non plus que l’équivoque qui suppose de la malice, de la perfidie ou de la mauvaise foi dans celui qui l’emploie. L’esprit faux crée des ambiguïtés, le sage se sert quelquefois du double sens ; l’équivoque est l’arme de la mauvaise foi.

ÂME FAIBLE, CŒUR FAIBLE, ESPRIT FAIBLE.

Une âme faible est sans ressort et sans action ; elle se laisse aller à ceux qui la gouvernent : un cœur faible change facilement d’inclinations ; un esprit faible s’effraie sans cause, et tombe naturellement dans la superstition.

AMENDEMENT, CORRECTION, RÉFORME. En se corrigeant de ses défauts, on opère en soi nn amendement qui produit enfin la réforme des mœurs. En travaillant à la correction des abus, on obtient un amendement dans la position des peuples, et on peut arriver à la réforme de l’Etat.

AMITIÉ, AMOUR, TENDRESSE, AFFECTION, INCLINATION. Les deux premiers l’emportent sur les autres par la force du sentiment ; l’amour agit avec plus de vivacité ; l’amitié avec plus de fermeté et de constance ; l’amitié procure un commerce sûr, une confiance bien placée : la tendresse est une situation du cœur ; la sensibilité en fait le caractère : l’affection est moins forte et moins active que l’amitié, plus tranquille que l’amour ; elle est la suite de la parenté et de l’habitude : l’inclination n’est qu’une disposition à aimer.

AMOUR, AMOURETTE. La différence du sérieux au badin fait celle de l’amour et de l’amourette ; celle-ci amuse, celui-là occupe et domine.

AMOUR, GALANTERIE. L’amour a pour objet la personne, la galanterie a pour objet le sexe. L’amour est dans le cœur, la galanterie dans les sens.

AMPOULÉ, EMPHATIQUE, BOURSOUFFLÉ. Dans le style emphatique, les choses médiocres prennent une importance ridicule par le concours de pensées exagérées, déplacées, d’exclamations forcées ; des images ridiculement pompeuses sont de la boursoufflure ; de grands mots amoncelés rendent le style ampoulé.

AMUSEMENT, DIVERTISSEMENT, RÉCRÉATION, RÉJOUISSANCE. Récréation désigne un terme court de délassement ; amusement est une occupation légère et qui plaît ; divertissement est accompagné de plaisirs plus vifs et plus étendus ; réjouissance se marque par des actions extérieures.

AMUSER, DIVERTIR. Amuser, c’est occuper légèrement l’esprit ; divertir, c’est l’occuper agréablement et plus fortement. Le temps passe quand on s’amuse ; on en jouit quand on se divertit.

AN, ANNÉE. L’an paraît être un élément déterminé du temps ; on envisage l’an sans attention à sa durée ; mais l’année est une durée déterminée, et divisible en parties.

ANCÊTRES, AÏEUX, PÈRES. Le siècle de nos pères a touché au nôtre ; nos aïeux les ont devancés ; nos ancêtres sont plus reculés de nous.

ANCÊTRES, PRÉDÉCESSEURS ; Nous succédons à nos ancêtres par voie de génération, leur sang coule dans nos veines ; nous succédons à nos prédécesseurs par voie de fait et de substitution. Les ancêtres d’un roi sont les hommes de qui il descend par le sang ; ses prédécesseurs sont les rois qui ont occupé le même trône que lui.

ANCIENNEMENT, JADIS, AUTREFOIS. Anciennement désigne le temps passé comme reculé ; jadis, comme simplement détaché ; autrefois, comme détaché du présent, et différent.

ÂNE, IGNORANT. On est âne par disposition d’esprit, et ignorant par défaut d’instruction.

ANÉANTIR, DÉTRUIRE. Ce qu’on détruit cesse de subsister, mais il en peut rester des vestiges ; ce qu’on anéantit disparaît tout-à-fait.

ÂNESSE, BOURRIQUE. L’ânesse présente l’animal dans l’ordre de sa nature ; bourrique le présente dans l’ordre des animaux domestiques, comme bête de charge.

ANIMAL, BÊTE, BRUTE. Le mot animal comprend tous les êtres organisés vivants ; le mot bête caractérise une classe d’animaux par opposition à l’homme ; le mot brute indique les sortes de bêtes livrées à l’instinct le plus grossier. On appelle un homme animal, pour lui reprocher sa grossièreté, sa brutalité ; on l’appelle bête, lorsqu’on l’accuse de déraison, d’incapacité, d’ineptie, de maladresse, de sottise ; on l’appelle brute pour exprimer la déraison complète, l’extrême bêtise, la stupidité la plus parfaite, et surtout l’aveugle brutalité, la licence effrénée des appétits et des penchants, etc.

ANIMAL, BÊTE. En langage dogmatique, animal indique le genre ; bête indique l’espèce.

ANNULER, INFIRMER, CASSER, RÉVOQUER. On annulle toutes sortes d’actes, soit législatifs, soit de convention ; on infirme des actes législatifs, ou des jugements prononcés par des juges subalternes ; casser renferme une idée accessoire d’ignominie, lorsqu’il regarde les actes ; révoquer, c’est ôter simplement aux personnes la place qu’elles occupaient, sans aucun accessoire d’ignominie.

ANTÉCÉDENT, ANTÉRIEUR, PRÉCÉDENT. Antécédent est placé avant ; antérieur a existé auparavant ; précédent a une priorité de temps ou d’ordre immédiate.

ANTIPHRASE, CONTRE-VÉRITÉ. Antiphrase exprime un sens contraire au sens littéral de la phrase ; et contre-vérité, une intention, une opinion ou une pensée contraire à celle qu’énonce naturellement la proposition. L’antiphrase est un tour grammatical : la contre-vérité est un tour d’esprit.

ANTRE, CAVERNE, GROTTE. L’antre est un enfoncement profond, obscur, qui inspire l’horreur et l’effroi ; la caverne est une grande cavité couverte d’une sorte de voûte, et cachée ; la grotte est une petite caverne naturellement parée, ou susceptible de l’être.