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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/5

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DICTIONNAIRE DES SYNONYMES 5


sont plus généreux que l’attache, qui prend sa source dans l’égoïsme ; le dévouement soumet à la volonté de ceux que nous désirons servir.

ATTACHÉ A L’ARGENT, AVARE, INTÉRESSÉ. Un homme attaché à l’argent aime l’épargne, et fait la dépense ; un avare aime la possession de l’or, pour l’or même, quoiqu’il n’en fasse aucun usage, on homme intéressé cherche à gagner, et ne fait rien gratuitement.

ATTAQUER QUELQU’UN, S’ATTAQUER A QUELQU’UN. Dans le premier cas, on a l’intention ou de voler ou de frapper ; dans le second, on ne veut que choquer, offenser, provoquer, mais avec plus de suite dans l’exécution.

ATTENTION, EXACTITUDE, VIGILANCE. L’attention fait que rien n’échappe à ce que l’on regarde ; l’exactitude empêche qu’on n’omette la moindre chose dans ce que l’on fait ; la vigilance fait qu’on ne néglige rien pour la suite et le succès.

ATTENTION, MÉDITATION. L’attention se fixe sur les objets extérieurs ; la méditation s’arrête à ses propres pensées : « Faites attention à ce précepte pour le retenir et le méditer. »

ATTÉNUER, BROYER, PULVÉRISER. Il faut fondre et dissoudre pour atténuer ; il faut broyer pour pulvériser. Atténuer se dit particulièrement des liquides condensés ou coagulés ; les deux autres ne se disent que des solides.

ATTITUDE, POSTURE. La posture est une ma-. nière momentanée et fortuite de poser le corps ; l’attitude est une contenance plus durable et qui marque quelque intention.

ATTRACTION, TRACTION. Traction se dit d’une des puissances qui tirent par le moyen d’une corde, etc. ; attraction, de l’action qu’un corps exerce pour attirer à lui sans intermédiaire. La traction d’un chariot par un cheval ; l’attraction du fer par l’aimant.

ATTRAITS, APPAS, CHARMES. Les attraits sont ~dans la nature, ils nous arrêtent et nous plaisent ; les appas dans l’art ; ils nous attirent ; les charmes ont un effet plus marqué, ils nous séduisent et nous entraînent.

ATTRIBUER, IMPUTER. On attribue les choses ; mais on impute surtout la valeur des choses. Vous attribuez un ouvrage à celui que vous en croyez auteur ; vous imputez un événement à celui que ous préjugez eu être la cause : imputer se prend lors en mauvaise part.

AUDACE, HARDIESSE, EFFRONTERIE. La hardiesse marque du courage et de l’assurance ; l’audace, de la hauteur et de la témérité ; l’effronterie, de l’impudence. Hardiesse se prend le plus souvent en bonne part ; noble, heureuse hardiesse ; audace, effronterie, se disent en mauvaise part. On est hardi dans le danger, audacieux dans ses ~entreprises, effronté dans ses propositions, ses discours, sa conduite.

AUGMENTER, CROÎTRE. Croître, c’est acquérir plus de hauteur ou de longueur ; augmenter, c’est s’agrandir dans quelque sens que ce soit.

AUGURE, PRÉSAGE. Nous augurons ; les choses présagent ; et nous présageons. On tire l’augure, on voit certains présages. L’augure est une conjecture futile, légère, hasardée ; le présage, une conjecture légitime ou raisonnée. Le présage est certain ou incertain ; l’augure bon ou mauvais. Un présage est de bon ou de mauvais augure.

AUSTÈRE, SÉVÈRE, RIGOUREUX. L’homme austère ne s’écarte point des règles ; l’homme sévère exige que les autres ne s’en écartent point ; celui qui est rigoureux met de l’excès dans la sévérité.

AUSTÈRE, SÉVÈRE, RUDE. On est austère par la manière de vivre ; sévère, par la manière de penser ; rude, par la manière d’agir.

AUSTÈRE, ACERBE, ÂPRE. Ce qui est acerbe a besoin d’être adouci ; ce qui est austère a besoin

d’être mitigé ; ce qui est âpre a besoin d’être corrigé par quelque chose d’onctueux.

AUTORITÉ, PUISSANCE, POUVOIR, EMPIRE.

L’autorité est le droit légitime du plus grand ; la puissance est le droit du plus fort ; le pouvoir, l’agent de l’un et de l’autre ; l’empire, un droit absolu. L’autorité est plus douce ; la puissance, plus grande ; le pouvoir, plus fort ; l’empire, plus dur.

AUTOUR, prép. À L’ENTOUR. adv. Ce qui est autour est plus près ; ce qui est à l’entour, plus loin : les échos d’à l’entour ; les maisons autour de l’église.

AVANT, DEVANT. Avant, est pour l’ordre du temps ; devant, pour l’ordre des places. Le plus tôt arrivé se place avant les autres ; le plus considérable se met devant eux.

AVANTAGE, PROFIT, UTILITÉ. L’avantage nait de la commodité, des moyens ; le profit, du gain ; l’utilité, du service. Le livre est utile ; ses leçons sont profitables ; le débit en est avantageux.

AVARE, AVARICIEUX. Avare convient lorsqu’il s’agit de la passion de l’avarice ; avaricieux se dit lorsqu’il n’est question que d’un acte de cette passion.

AVENIR, FUTUR. Le futur est relatif à l’existence des événements ; l’avenir, aux révolutions des événements.

AVERTIR, INFORMER, DONNER AVIS. En avertissant d’une conjuration, on dirige l’attention sur elle ; celui qui est informé des détails, en donne avis à ceux qu’il veut sauver.

AVERTISSEMENT, AVIS, CONSEIL. L’avertissement instruit ou éveille l’attention ; l’avis et le conseil ont aussi pour but l’instruction. L’avis n’emporte aucune idée d’obligation, de supériorité ; le conseil emporte toujours une de ces idées, quelquefois les deux.

AVEU, CONFESSION. L’aveu suppose l’interrogation ; la confession tient un. peu de l’accusation. L’aveu a plus de rapport aux intentions ; la confession, plus de rapport aux actions. On avoue ce qu’on a eu envie de cacher ; on confesse ce qu’on a en tort de faire.

AVEUGLÉMENT, A L’AVEUGLE. Celui qui agit à l’aveugle n’est pas éclairé ; qui agit aveuglément ne suit pas les lumières naturelles. Le premier ne voit pas, le second ne veut pas voir.

AVISE, PRUDENT, CIRCONSPECT. L’homme avisé trouve des expédients ; l’homme prudent emploie les moyens de les faire réussir, et l’homme circonspect évite les inconvénients qui pourraient les faire manquer.

AVOIR, POSSÉDER. On n’est pas possesseur de tout ce que l’on a entre les mains. Tel a beaucoup de réputation, qui ne la possédera pas longtemps. On a par le fait ; on possède par le droit.

AVORTON, EMBRYON, FOETUS. L’embryon est l’animal informe ; le fœtus a une forme sensible ; on l’appelle avorton s’il naît avant terme.

AXIOME, MAXIME, SENTENCE, APOPHTHEGME, APHORISME. L’axiome est une vérité capitale, évidente ; la maxime est une proposition majeure faite pour guider ; la sentence est un enseignement court, déduit de l’observation, ou puisé dans la conscience ; c’est une espèce d’oracle ; l’apophthegme est un dit mémorable qui, parti d’une âme énergique, fait une vive impression ; l’aphorisme résume en préceptes abrégés ce qu’il s’agit d’apprendre : c’est la substance d’une doctrine. La sentence est concise ; l’axiome et l’aphorisme, clairs ; la maxime, certaine ; l’apophtegme saillant.

BABIL, BAVARDAGE, CAQUET. Le babil est un excès de paroles, qui n’a pour but que le plaisir de parler ; le bavardage est un flux de paroles qui prend sa source dans la sottise ; le caquet prend sa source dans une vanité puérile. Unr enfant a du babil ; un fat, du bavardage ; une femme, du caquet.

BABILLARD, BAVARD. Le babillard parle trop par légèreté ; il dit des riens, il lui suffit de parler ; le bavard parle continuellement, par prétention ; le babillard peut amuser ; le bavard déplaît.

BADAUD, BENÊT, NIAIS, NIGAUD. Le badaud s’arrête par curiosité devant tout ce qu’il voit ; le benêt, par bonhomie, se prête à tout ce qu’on veut ; le niais, dépourvu d’expérience, ne sait ni ce qu’il faut penser, ni ce qu’il faut dire, ni comment se tenir ; le nigaud, par ineptie, reste toujours enfant.

BÂILLEMENT, HIATUS. Bâillement, terme grammatical, exprime l’état de la bouche pendant l’émission des sons ; hiatus, l’espèce de cacophonie qui résulte de ces sons. L’hiatus est l’effet du bâillement.

BAISSER, ABAISSER. Baisser se dit des choses qu’on place plus bas : on baisse la tête. Abaisser se dit des choses faites pour en couvrir d’autres, mais qui, étant relevées, les laissent à découvert : ou abaisse les paupières.

BALANCER, HÉSITER. Lorsqu’il y a des considérations à peser, ou balance ; des obstacles à vaincre, on hésite. Celui qui balance se tient entre deux partis à prendre ; celui qui hésite n’ose pas en prendre, un.

BALBUTIER, BÉGAYER, BREDOUILLER. Celui qui balbutie ne parle que du bout des lèvres ; celui qui bégaie s’arrête à certaines articulations, coupe et répète les syllabes ; celui qui bredouille roule précipitamment ses paroles les unes sur les autres.

BANQUEROUTE, FAILLITE. Faire banqueroute, c’est disparaître de gré ou de force du commerce, par impossibilité de payer ; faire faillite, c’est se déclarer hors d’état de payer ce que l’on doit. La banqueroute exprime la cessation absolue du commerce ; la faillite, la chute du commerce : le premier est plus odieux.

BARBARIE, CRUAUTÉ, FÉROCITÉ. La barbarie livre à la mort les victimes de ses passions ; la cruauté fait précéder la mort par des tortures ; la férocité jouit de leur spectacle.

BAS, ABJECT, VIL. Ce qui est bas manque d’élévation ; ce qui est abject est dans une grande bassesse ; ce qui est vil, dans un grand décri. Un homme est bas, lorsqu’il déroge à la dignité de son état ; il est abject, lorsqu’il se ravale jusqu’à faire oublier ce qu’il est ; il est vil, s’il renonce à sa propre estime et à celle des autres.

BASSESSE, ABJECTION. L’abjection se trouve dans l’obscurité, le peu d’estime, le rebut, les situations humiliantes ; la bassesse se trouve dans le peu de mérite et de fortune.

BATAILLE, COMBAT. La bataille est une action générale ; le combat, une action particulière : combat a plus de rapport à l’action de se battre. Dans cette bataille, le combat fut opiniâtre.

BATTRE, FRAPPER. Pour battre, il faut redoubler les coups ; pour frapper, il suffit d’en donner un. Le plus fort bat le faible ; le plus violent frappe le premier.

BÉATIFICATION, CANONISATION. Dans l’acte de béatification, le pape accorde à un ordre religieux le privilège de rendre au béatifié un culte particulier ; dans l’acte de canonisation, il détermine le culte qui doit être rendu par l’église au nouveau saint.

BEAU, JOLI. Le beau est grand, noble, régulier, imposant ; le joli est délicat, mignon, agréable. Le beau s’adresse à l’âme ; le joli parle aux sens ; le beau étonne, entraine ; le joli séduit, amuse ; leur règle commune, c’est celle du vrai.

BEAUCOUP, PLUSIEURS. Beaucoup est d’usage pour le calcul, la mesure ou l’estimation ; plusieurs n’est jamais employé que pour le nombre.

BÉNI, IE, BÉNIT, E. Le premier a un sens moral et de louange ; le second, un sens légal et