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Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T2-12-Synonymes.djvu/6

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6 DICTIONNAIRE DES SYNONYMES.


de consécration. L'homme charitable ou les pauvres sont bénis de Dieu ; le pain est bénit.

BÉNIN, DOUX, HUMAIN. Bénin marque l'inclination et la disposition à faire du bien ; doux indique un caractère qui rend très-sociable et ne rebute personne ; humain dénote une sensibilité compatissante aux maux d'autrui.

BESACE, LISSAC. L'ouvrier, le paysan porte un lissac ; le mendiant porte une besace.

BÊTE, BRUTE, ANIMAL. Bête se prend par opposition à homme ; animal convient à tous les êtres organisés vivants ; la bête s'appelle brute dans son dernier degré de stupidité. V. ANIMAL.

BÊTE, STUPIDE, IDIOT. On est bête par défaut d'intelligence ; stupide, par défaut de sentiment, idiot, par défaut de connaissance.

BÊTISE, SOTTISE. Un sot, qui voit de travers et décide, est plus dangereux qu'une bête qui ne voit pas et se tait. L'un a l'esprit bouché, l'autre faux. On dit une bêtise ; on dit et l'on fait une sottise. Il n'y a rien de si difficile que de se faire comprendre d'une bête, et de se faire écouter d'un sot. La bêtise déplacée devient sottise.

BÉVUE, MÉPRISE, ERREUR. Celui qui voit mal fait des bévues ; celui qui se trompe dans le choix, commet une méprise ; celui qui se trompe dans l'application de ses intentions, commet une erreur. La bévue provient d'un défaut de réflexion ; la méprise, d'un défaut de connaissance ; l'erreur, d'un défaut d'attention.

BIEN, BEAUCOUP, ABONDAMMENT, COPIEUSEMENT, A FOISON. Beaucoup dénote une grande quantité vague et indéfinie ; bien, une quantité surprenante ou très-remarquable ; abondamment, une quantité de certains objets pris en grand, supérieure à la quantité d'usage ; copieusement, une grande quantité d'objets de consommation, excédant la mesure suffisante ; à foison, la trèsgrande quantité de choses qui semblent pulluler et ne point s'épuiser.

BIENFAISANCE, BIENVEILLANCE. La bienveillance est le désir de faire du bien ; la bienfaisance est l'action même.

BIENFAIT, GRÂCE, SERVICE, BON OFFICE, PLAISIR. Le bienfait est un acte libre par lequel on rend meilleure la condition de quelqu'un ; la grâce est un bien auquel celui qui la reçoit n'avait aucun droit ; le service est un secours par lequel on contribue à faire obtenir quelque bien ; le bon office est l'emploi des moyens pour faire réussir ; le plaisir est une chose obligeante faite pour autrui.

BIZARRE, BOURRU, CAPRICIEUX, QUINT EUX, FANTASQUE. Les deux premiers mots ne sont jamais synonymes. Le bizarre a des goûts, des sentiments singuliers ; le capricieux, faute de principes, de règles, ne sait pas à quoi se fixer ; le fantasque change au gré de son imagination fantastique ; le quinteux, par des changements subits d'humeur, passe d'un sentiment à un autre, de l'aménité à l'humeur ; le bourru, plus constant, est dur, bref dans ses réponses, repoussant dans ses gestes, et cependant il peut être meilleur et plus aimé que tous les autres.

BLÂMER, CENSURER, RÉPRIMANDER. Tout homme vertueux a le droit de blâmer celui qui se conduit mal ; le magistrat, le supérieur ont seuls le droit de censurer ; un père de famille, un précepteur, réprimandent les enfants.

BLESSURE, PLAIE. La blessure est la marque d'un coup reçu ; la plaie l'ouverture faite à la peau, soit par le coup, soit par la malignité des humeurs. La blessure n'est quelquefois qu'une contusion ; la plaie suppose nécessairement une séparation dans les chairs. La blessure produit une plaie. Au figuré, blessure signifie tort, dommage, détriment, mal fait à l'honneur, à la réputation, au repos. On donne le nom de plaie à des maux beaucoup plus grands que de simples blessures, aux grandes afflictions, à des pertes funestes ; aux vives douleurs.

BLUETTE, ÉTINCELLE. La bluette, pâle, faible, luit dans les cendres remuées et s'évanouit presque aussitôt ; l'étincelle ardente, éclatante, jaillit, pétille, produit souvent l'incendie. On dit, des bluettes d'esprit, des étincelles de génie.

BOIS, CORNE. En vénerie, la corne est un simple jet, droit ou courbe en divers sens, et placé sur une proéminence de l'os frontal ; le bois est une tige rameuse divisée en rameaux, et semblable en tout à une production végétale. La corne est permanente, le bois tombe dans une saison, et repousse. La corne est simple, le bois est rameux.

BOITER, CLOCHER. Boiter, marcher en vacillant, par douleur ou faiblesse ; clocher, marcher avec un pied trop court, en penchant de côté.

BONHEUR, CHANCE. Bonheur embrasse les événements, les circonstances qui rendent un homme

heureux ; chance n'a de rapport qu'aux événements qui dépendent du hasard. On peut nuire ou contribuer a son bonheur ; la chance est hors de notre pouvoir.

BONHEUR, FÉLICITÉ. La félicité est la jouissance intime, sans trouble et sans perspective de trouble, du bonheur.

BONHEUR, PROSPÉRITÉ. Le bonheur est l'effet du hasard ; la prospérité est le succès de la condition.

BONHEUR, FÉLICITÉ, BEATITUDE. Bonheur marque l'état de la fortune ; félicité exprime l'état du cœur disposé à goûter le plaisir ; béatitude désigne 1 état de l'imagination satisfaite. -

BONTÉ, BÉNIGNITÉ, DÉBONNAIRETÉ. La bonté porte à faire du bien, la bénignité, à le faire noblement ; la débonnaireté, à le faire généreusement, en le rendant même pour le mal. La bonté touche ; la bénignité charme, et la débonnaireté étonne et comble.

BONTÉ, HUMANITÉ, SENSIBILITÉ. La bonté est dans le cœur ; l'humanité dans la réflexion, la sensibilité dans l'organisation. On peut, sans être bon, être humain et même sensible. Combien de femmes sensibles refusent leurs secours aux malheureux dont l'état les émeut ; elles le fuient ! L'homme bon peut aussi être distrait de la pitié ; mais l'homme humain réfléchit sur le sort de la pauvre espèce humaine, il songe que lui-même est de cette espèce ; il se secourt pour ainsi dire lui-même dans le malheureux.

BORD, CÔTE, RIVE, RIVAGE. Le bord touche l'eau : la cote s'élève au-dessus ; la rive et le rivage sont ses limites : le rivage est une rive étendue. La mer seule a des cotes ; la mer, les fleuves, les grandes rivières ont des rives ; toutes les eaux ont des bords.

BOUDERIE, FÂCHERIE, HUMEUR. La bouderie vient d'une extrême délicatesse de sentiments qui souffre du moindre tort, et l'exprime par le silence, n'osant employer la plainte : la bouderie fomente l'amour dans son sein ; la fâcherie, moins tendre, plus capricieuse, plus irascible, s'irrite et s'alimente par des torts mutuels : elle s'exprime hautement, avec aigreur, et son indiscrétion peut éveiller la haine ; l’humeur est, dans le tempérament, comme une mer orageuse qu'un souffle agite, s’apaise d'elle-même lorsqu'on ne lui oppose aucune résistance.

BOUFFON, FACÉTIEUX, PLAISANT. Celui-ci a du sel, de la finesse, même de la malice dans l'esprit ; il plaît, récrée sans effort ; le second fait plus de frais ; il rit avec éclat, en s'abandonnant à son humeur enjouée, sans jamais mordre ; le bouffon emploie beaucoup de gestes, il joue sur les mots pour faire rire de tout, sans retenue, sans goût, et même sans délicatesse.

BOULEVARD, REMPART. Le rempart présente une fortification simple ; le boulevard, une fortification composée, compliquée, ajoutée au rempart. Aux entrées ou frontières d'un État, il faut des boulevards ; aux places moins importantes, des remparts suffisent.

BOUT, EXTRÉMITÉ, FIN. Le bout répond à un autre bout ; l'extrémité, au centre ; la fin, an commencement. On parcourt une allée d'un bout à l'autre ; on pénètre de l’extrémité d'un pays jusqu'à son centre ; on suit une chose depuis son origine jusqu'à sa fin.

BREF, COURT, SUCCINCT. Le temps seul est bref ; la matière et les temps sont courts ; le discours seul est succinct.

BROUILLER, EMBROUILLER. Celui qui brouille met la confusion dans les choses, celui qui embrouille ne fait pas l'arrangement qu'il devait. On ! brouille toutes sortes de choses ; on n'embrouille figurément que les choses qui demandent de l'ordre, de la clarté.

BUT, VUES, DESSEIN. Le but est fixe : c'est où l'on veut aller ; les vues sont plus vagues c'es ce qu'on veut se procurer ; le dessein est plus ferme : c'est ce qu'on veut exécuter. On se propose un but ; on a des vites ; on forme un dessein Le chrétien n'a d'autre but que le ciel, de vue que de plaire à Dieu, de dessein que de faire son salut.

CABALE, COMPLOT, CONSPIRATION, CONJURATION. La cabale est l'intrigue d'un parti pour tourner à son gré les événements ; le complot est un concert clandestin de quelques personnes pour détruire, par un coup décisif et inopiné, ce qui leur fait de la peine ; la conspiration est une trame sourde pour abattre un pouvoir odieux ; la conjuration est une confédération pour opérer, par des entreprises violentes, une révolution.

CABANE, HUTTE, CHAUMIÈRE. Le pauvre habita une cabane, il ne peut guère y être heureux ; le sauvage, une hutte ; le pauvre laboureur, uni chaumière ; le bonheur y habite souvent avec lui l'insouciance animale réside dans la hutte du sauvage ; la misère et la résignation se fixent dans la cabane du pauvre.

CABARET, TAVERNE, AUBERGE, HÔTELLERIE Cabaret est un lieu où l'on vend du vin en détail ; taverne, lieu où l'on a coutume de boire à l'excès et de se livrer à la crapule ; auberge, lien où l'on donne à manger en repas réglés ; hôtellerie, lieu où les voyageurs et les passants sont logés, nourris et couchés pour de l'argent.

CACHER, DISSIMULER, DÉGUISER. On cache par un profond secret ; on dissimule par une conduite réservée ; on déguise par des apparence contraires. On cache par le silence, on dissimule par les démarches, on déguise par les discours.

CADUCITÉ, DÉCRÉPITUDE. Décrépitude se dit e ne peut se dire que des êtres animés ; caducité se dit de même de certaines choses inanimées. La caducité mène à la décrépitude.

CALCULER, COMPTER, SUPPUTER. Compter, c'est énumérer ; supputer, c'est combiner des nombres pour en avoir le total ; calculer, c'est faire de opérations arithmétiques.

CALAMITE, MALHEUR, INFORTUNE. Le malheur est un coup du sort qui frappe un individu, le condamne à l’infortune ; s'il atteint de ses coups un grand nombre de personnes, il devient calamité. Le renchérissement d'une denrée de première nécessité est une calamité qui réduit à l'infortune ceux qui ont le malheur de manquer d'ouvrage ou de santé.

CALENDRIER, ALMANACH. L'indication des mois, des jours, des fêtes, n'est que l'objet du calendrier ; l'almanach contient de plus des observations astronomiques, etc.

CANDEUR, NAÏVETÉ, INGÉNUITÉ. La candeur est