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Philippos, qui aime les chevaux, etc ; et chez les Latins, Lucius, né au point du jour ; Servius, né esclave, etc. : observation qui peut se faire avec le même succès sur les noms propres des langues modernes (I) [1].

Ce serait, au reste, une conclusion fausse que celle par laquelle on inférerait de ces réflexions préliminaires que ce rapport entre les noms et les individus a toujours quelque chose de réel. Si l’on en trouve comme Alexandre, Démosthène (2) [2], etc., où ce rapport ne peut se méconnaître, combien en est-il d’autres qui, pour avoir une valeur déterminée, n’ont pas pour cela plus d’analogie avec les personnes ? Mais cette difficulté cesse d’en être une, lorsqu'on réfléchit que tel nom a convenu au premier qui l’a porté, et n’a pu convenir à ceux de ses descendans chez lesquels il s’est perpétué, soit par une suite de l’usage qui a dû s’introduire de bonne heure parmi les hommes de faire porter au fils le nom de son père, soit afin que ce fils trouvât dans le nom glorieux d’un de ses ancêtres un motif d’émulation. Ainsi, pour ne pas sortir de l’exemple allégué ci-dessus, supposons que, suivant la coutume des Athéniens, le fils de Démosthène eût donné au sien le nom de son aïeul y n’eût-il pas été extrêmement possible que la valeur de ce nom (force du peuple), tellement propre à cet illustre orateur qu'elle semble avoir été imaginée après coup, n’eût eu aucune convenance avec la vie, les inclinations et les talens du petit-fils ? C’est sans doute ce qui est arrivé plus d’une fois ; et voilà pourquoi les noms, de précis et de significatifs qu'ils ont été d’abord, sont devenus par la suite vagues, arbitraires et indéterminés, malgré les efforts de tous les peuples pour les rapprocher de leur destination première.

En effet, si l’on consulte l’histoire, on remarquera que toutes les nations ont attaché une grande importance à l’imposition des noms ; et peut-être est-il assez piquant d’observer que, dans les temps même où l’on faisait un crime aux enfans de s’appeler comme leurs pères, on n’a pas manqué d’aller chercher dans une antiquité très-reculée des appellations plus ou moins pompeuses, preuve que la vanité des noms peut fort bien s’allier avec les prétentions de la philo-

  1. (I) Voyez le chapitre des Noms propres chez les nations modernes.
  2. (2) Voyez dans le Dictionnaire, les articles Adraste, Agamemnon, Priam, etc.