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au bémol. Les A. employés à titre d’altération constitutive s’inscrivent une fois pour toutes en tête de la portée de début, entre la clef et le signe de mesure ; ils forment l’armure de la clef et demeurent valables pendant toute la durée du morceau, à moins qu’ils ne se trouvent modifiés par une nouvelle armure. Les A. rendus nécessaires par l’introduction d’intervalles étrangers au ton du morceau, ou par des modulations passagères, se placent devant la note qu’ils affectent et se répètent de mesure en mesure jusqu’à ce qu’ils soient annulés par un A. contraire. L’usage des changements de clef pour la transposition dispensait les anciens maîtres de faire un emploi fréquent des A. Ceux que comportaient chez eux les formules de cadences ou le heurt des intervalles restaient souvent sous-entendus, et leur fixation dans les rééditions modernes offre parfois de délicats problèmes à résoudre. Au xviie s., la pratique du chant accompagné fit graduellement réduire et abandonner l’usage des changements de clef et obligea les compositeurs à écrire constamment la note réelle, en recourant aux A. La musique moderne, modulante et chromatique, en fait un emploi de plus en plus large et qui modifie profondément l’aspect comparatif des anciennes et nouvelles notations. Il arrive fréquemment qu’une modulation passagère dans un ton éloigné entraîne la nécessite de placer un A. devant chacune des notes inscrites sur la portée. Dans l’ex. ci-joint, le ton du morceau, si mineur, comporte cinq bémols à l’armure de la clef et le passage modulant en mi mineur s’écrit à l’aide de bécarres et de dièses accidentels :


\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \clef treble
  \key sib \minor
  \omit Staff.TimeSignature
  \time 3/4
  \stemUp
  <re si sol re>4. <mi mi,>8 <fad re si fad>4 |
  \key mi \minor
  \stemDown
  <sol! red si sol!>4 <la! la,!> <si! sol red si> |
  \stemUp
  \grace { <la! mi! la,!>16 si! } <la mi la,>4  <sol! sol,!>8 <fad! fad,!> <mi! sol,! mi!>4 |
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  }
   \midi {  }
}
\header { tagline = ##f}
\paper {
  print-page-number = ##f
}
(Albeniz, Iberia, 4e cahier)

Quelques auteurs croient devoir en outre se servir d’A. dits « de précaution », mis entre parenthèses ou au-dessus de la portée, afin de rappeler à l’exécutant que la note sur laquelle on attire ainsi son attention a été précédemment munie d’un A. dont l’effet doit subsister. (Voy. Altération, Armure, Transposition.)

Accidentel, adj. 2 g. Qui se produit par accident : un dièse, un bémol, qui ne sont pas exigés par la tonalité du morceau, mais s’y introduisent passagèrement.

Acclamation, n. f. Courte prière chantée, tirant son origine des coutumes civiles de l’Antiquité et qui s’introduisit dans les églises chrétiennes dès les premiers siècles. Elle consistait en une brève formule de vœu, ou de louange, ordinairement répétée trois fois. La plus célèbre est l’A. sur les mots : « Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat », qui se trouve jointe à des textes divers dans un grand nombre de mss. liturgiques du moyen âge.

Accolade, n. f. Trait vertical en forme d’arc brisé en son milieu, réunissant les portées qui contiennent les parties simultanées d’un morceau de musique.

Accompagnateur, — trice, n. m. et f. Celui, celle qui exécute la partie d’accompagnement d’un morceau de chant ou d’un solo instrumental.

Accompagnement, n. m. Partie d’une composition qui est subordonnée à une ou plusieurs parties principales, vocales ou instrumentales, dont elle forme le soutien harmonique. Le mélange des voix et des instruments, tel que l’opéraient les musiciens du moyen âge, n’était pas un A., mais une distribution occasionnelle des parties entre les agents sonores dont on disposait au moment de l’exécution. Les traces les plus anciennes de l’A. s’aperçoivent dans le chant profane à voix seule, où l’on s’accoutumait à se servir d’un luth ou d’un autre instrument portatif pour donner à la voix un point d’appui. Dès la première moitié du xvie s., les « chanteurs au luth », étaient nombreux en Italie, et Aron les distinguait des « chanteurs au livre », qui interprétaient les œuvres polyphoniques. Vers la fin du même siècle, l’épinette, la lira da braccio la guitare partageaient avec le luth le rôle d’instruments d’A., et l’habitude se répandait d’imprimer en France les Airs de cour, en Angleterre les Ayres, tantôt à quatre parties vocales et tantôt à voix seule avec réduction des autres voix en tablature (voy. ce mot). Lorsque s’accomplit, tant à l’église qu’à la chambre et au théâtre, l’avènement du style monodique, on adopta la figuration de la partie d’A. sur une seule portée de basse, chiffrée ou non, dite basse continue ou continuo, que l’accompagnateur développait, selon des formules convenues, sur l’instrument qui lui était familier. (Voy. Basse.) On imprimait des méthodes spéciales pour enseigner l’application de ces procédés qui consistaient en successions très