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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/128

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Le point d’orgue qui termine chaque membre de phrase dans le choral protestant est un souvenir du léger ralentissement et du repos que les chanteurs observaient à la fin de chaque distinction, dans le chant grégorien. || 2. D. de l’octave. Les théoriciens de la Renaissance distinguent, dans la constitution de la gamme diatonique, la D. harmonique, où la quinte précède la quarte, et qui produit des modes authentes, ou impairs, ayant pour finale la note la plus grave, et la D. arithmétique, où la quarte précède la quinte et qui donne naissance aux modes plagaux : soit ut-sol-ut, et ut -fa-sol. (Voy. Mode.) || 3. Dans l’ancienne terminologie musicale française et dans la langue anglaise, diminution ou variation d’un thème au moyen de passages de moindre valeur. L’ouvrage de Christopher Simpson, The Division Violist (1659), est un traité du jeu de la viole et de la manière d’exécuter des variations sur un thème donné.

Dixième, n. f. Intervalle de dix degrés, redoublement de la tierce. (Voy. Saut.) || Jeu d’orgue donnant cette sonorité.

Dixtuor, n. m. Néol. servant de titre à des compositions pour dix instruments, de G. Enesco (1907), Th. Dubois (1910), etc.

Do, syllabe substituée par les musiciens italiens à l’ut de la solmisation guidonienne.

Dodécacorde, n. m. Titre donné par Glaréan à son grand traité de musique (1547), qui repose sur l’admission de douze modes, et par Claudin Le Jeune († 1606) au recueil de psaumes à plusieurs voix qu’il a composés conformément à ce système.

Doigté, n. m. et adj. 2 g. Manière de placer les doigts dans le jeu des instruments. Indication écrite de l’ordre le meilleur pour employer les doigts dans l’exécution d’un morceau. Qualificatif d’une édition munie de chiffres appropriés au placement des doigts. Le D. de la main gauche sur le manche des instruments à cordes se marque ordinairement par les chiffres 1 pour l’index, 2 pour le médius, 3 pour l’annulaire et 4 pour le petit doigt. Le zéro représente la corde à vide. Le jeu de violoncelle comporte l’emploi du pouce, posé transversalement sur le manche pour servir de sillet mobile et faciliter l’obtention d’intervalles autrement inabordables. L. Capet se sert des chiffres 1 à 5 pour indiquer la place des cinq toits de la main droite tenant l’archet du violon. Le D. des instruments à clavier est celui qui a subi le plus de transformations. Chez l’organiste Ammerbach (xvie s.), le pouce est indiqué par le zéro, les doigts suivants, par les chiffres 1 à 4, mais le dernier n’est presque jamais employé ; la gamme montante se joue à la main droite sans l’usage du pouce ni du petit doigt, par 1, 2, 1, 2, 1, 2, 3 et à la main fauche par 3, 2, 1, 0, 3, 2, 1, 0 ; l’accord de tierce est frappé par l’index et l’annulaire, les quarte, quinte, sixte, par l’index et l’auriculaire, la 7e et l’octave par le pouce et le petit doigt. Les organistes espagnols, Bermudo (1555), Santa-Maria (1565), H. de Cabezon (1578), usent d’un D. complet avec les cinq doigts, mais Cabezon, qui publie les œuvres de son père, déclare que le D. habituel n’y pourra pas toujours être suivi et consent que chacun agisse à sa guise. Prætorius (1619) attache peu d’importance au D., « pourvu que l’exécution soit claire, correcte et agréable ». Diruta, rédigeant les leçons de Merulo (1593), distingue les « bons doigts », qui sont l’index et l’annulaire, des « mauvais doigts », pouce, médius et auriculaire, qu’il faut réserver aux notes faibles ; il marque le D. de 1 à 5 et prescrit pour la gamme ascendante, à la main droite, 2, 3, 4, 3, 4, 3, 4, 5 et, à la main gauche, 3, 2, 3, 2, 3, 2, 3, 2. Saint-Lambert (1702) remplace, au clavecin, ces formules, par 1, 2, 3, 4, 3, 4, 3, 4, à la main droite, en montant, et 5, 4, 3, 2, 3, 2, 3, 2 en descendant ; à l’égard des accords, il écrit : « Il n’y a rien de plus libre dans le jeu du clavecin que la position des doigts ; chacun ne recherche en cela que sa commodité et sa grâce ». Couperin (1717) est au contraire persuadé que « la façon de doigter sert beaucoup pour bien jouer » ; il s’occupe de fixer, entre autres, le D. des suites de tierces, qu’on marquait avant lui 4/2, 4/2 et, qu’il fait jouer, à la main droite, en montant, 4/2, 5/3, 4/2, 5/3, et inversement en descendant ; il exécute le trille, à la main droite, par 3, 4, ou 4, 5, à la main gauche par 1, 2, ou 2, 3. Il se sert du D. de substitution (voy. plus loin). Rameau, en traitant de « la Mechanique des doigts sur le clavecin », exclut le pouce de tous les accords et frappe l’accord parfait des trois doigts du milieu ; il formule cependant pour premier exercice les cinq notes do, , mi, fa, sol, fa, mi, , do à jouer « à main posée », selon l’ordre naturel des cinq doigts. À cette époque, la théorie du D.,