paraissant enseignée une fois pour toutes par les ouvrages didactiques, les compositeurs s’abstenaient de poser sur la musique elle-même des chiffres indicateurs. C’est par exception que J.-S. Bach a donné de rares notions de son D., que les exécutants modernes s’étonnent de trouver tortueux et en apparence incompatible avec les traits rapides dont ses œuvres sont remplies. Mais on conclut, d’autres indices, que son D. était en réalité varié et qu’il pratiquait le passage du pouce et son placement sur deux degrés dans l’étendue de l’octave. La sécheresse du clavecin, dont les cordes pincées ne fournissaient pas de sons soutenus, rendait d’ailleurs inutile le D. lié, auquel on arriva dès que le mécanisme des marteaux eut transformé la sonorité de l’instrument. Le D. nouveau de Clementi, en partie inspiré de celui d’Emmanuel Bach, supprimait les chevauchements du médius par-dessus l’index et appelait le pouce à un rôle actif, tout en maintenant sa prohibition sur les touches noires. Le D. du piano, depuis cette époque, devint la grande affaire des pédagogues, Cramer, Hummel, Czerny, etc. Les maîtres, au contraire, et Beethoven tout le premier, s’en préoccupaient peu ; ils posaient dans leurs œuvres des problèmes que les exécutants résolvent à leur gré et dont les professeurs proposent des solutions diverses dans la multitude des « éditions doigtées ». Les chiffres comparés d’éditions publiées à un demi-siècle de distance montrent les changements que le temps apporte dans cette partie de la technique instrumentale. L’accroissement de la virtuosité exige une latitude plus grande dans le choix des procédés. En même temps, le règne du chromatisme oblige à rejeter toutes les précautions anciennes visant à empêcher le placement de certains doigts sur les touches noires. L’indication des D. est inutile au delà des études préparatoires. En s’en abstenant dans ses Douze études (1915), Debussy a fait valoir en termes aussi sensés que narquois, qu’ « imposer un D. ne peut logiquement s’adapter aux différentes conformations de la main », que « douter de l’ingéniosité des virtuoses modernes serait malséant » et que « l’absence de D. est un excellent exercice ». || Le D. de substitution ou D. lié, indispensable à l’orgue pour la tenue des sons, consiste à changer de doigt sur la même touche sans la quitter ; il a été adapté au clavecin par Couperin (1717) pour l’exécution de plusieurs pincés se suivant par degrés conjoints ; il est fréquemment employé sur le piano moderne :
|| Le D. fourchu est une particularité du
jeu de la clarinette, où l’on fait baisser
le son correspondant à un trou, lorsqu’on
bouche le trou placé immédiatement
au-dessous.
Doigter, v. tr. Faire choix des doigts à employer dans l’exécution. Inscrire sur la notation les chiffres du doigté.
Dolce, ad. ital., = doux, employé comme indication de nuance. || N. m. Jeu d’orgues, de la famille des jeux de gambe et du genre du salicional. On le construit en 8 pieds, en tuyaux d’étain légèrement évasés.
Dolcian. Voy Dulciana.
Dolcissimo, superlatif de l’adj. ital. dolce, = très doux.
Dominante, nf. 5e degré de la gamme diatonique. || Dans le chant liturgique, synonyme de teneur ; note principale du mode, sur laquelle se récite le psaume.