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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/165

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dirigé par les lèvres contre l’angle de cette ouverture, dont le diamètre est plus petit que celui du tuyau. L’emplacement des trous est déterminé par la division géométrique de la longueur du tuyau, qui pour la grande F. en ut, anciennement F. en , est de 0 m. 657. Un système de clefs, que régissent les doigts de l’exécutant et que complètent des anneaux mobiles, donne les plus grandes facilités de doigté. Le son le plus grave étant fourni par la résonance du tube entier, les douze degrés de la première octave s’obtiennent par le doigté, qui reste le même lorsque, par une pression de plus en plus forte du souffle, on force l’instrument à octavier, c’est-à-dire à produire les harmoniques 2, 3, 4 ou 5. « Aucun instrument, dit Gevaert, n’est comparable aux F. pour la facilité d’émission. » Gammes, traits, trilles, répercussion d’un même son par le double coup de langue, sauts obtenus malgré les mouvements les plus rapides, toutes les formules mélodiques du style le plus léger et le plus fleuri sont possibles à un habile soliste ; aussi en a-t-on souvent quelque peu abusé. On construit en France, de préférence, les F. en métal, et souvent en argent ; les pays étrangers en fabrique beaucoup en bois, avec tête de métal ; on en a fait en cristal, en ivoire et même en marbre, qui sont des curiosités de facture. Plusieurs modèles existent, nommés, d’après leur son le plus grave, F. en ut, en bémol, en mi bémol, en fa. Le type principal est presque le seul employé de nos jours est la F. en ut, autrefois dite en , lorsque son étendue au grave ne comprenait pas encore le son fondamental qui la dénomme aujourd’hui.

Elle fournit l’échelle chromatique des trois octaves à partir de l’ut central :

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \time 2/4
  do2 \bar " "
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel" { \autoBeamOff \melody }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff 
               \RemoveEmptyStaves 
               \remove Time_signature_engraver
             }
    \context { \Score
               \override SpacingSpanner.base-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/32)
    }

    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
xxUne nouvelle clef récemment ajoutée permet de produire le si bémol, un ton plus bas que cet ut.

On note la partie de F. en notes réelles, en clef de sol 2e ligne. Dans les anciennes partitions, on la trouve souvent écrite en clef de sol 1re ligne. La F. alto, construite par Th. Bœhm a pour son fondamental le sol, une quarte au-dessous de l’ut ; son emploi, que justifierait l’intensité de sa sonorité au grave, est demeuré très rare. Rimsky-Korsakow en a fait usage dans Mlada (1892) et dans la 2e version de La Pskovitaine. En général, le timbre de la F. passe pour « froid », et on ne peut, en effet, lui demander en aucun cas les effets d’émotion pathétiques où excelle la clarinette. Mais cette froideur même a servi les desseins des maîtres, lorsqu’ils se sont proposé d’exprimer la plénitude d’un sentiment de douce sérénité, comme Gluck, dans la scène des Champs-Élysées, d’Orphée (1774) :


\language "italiano"
\score {
  \relative do'' {
    \time 3/4
    \key fa \major
    fa2^\markup \center-align { \italic "Lent Très doux" } \grace { mi16 fa sol } fa8.[ mi32 re] | re4( dod) r4 | la'2 sib8[ la] | \break
     \override Score.Clef.break-visibility = ##(#f #f #f)
     \override Score.KeySignature.break-visibility = ##(#f #f #f)
     sib4( la) r8 r16 \tuplet 3/2 {do32[ re mi]} | re4.\( dod8[ re sold,]\) | sold8( la4.) s8_\markup { \italic "etc." }
 }
  \layout {
    \context { \Staff 
               \RemoveEmptyStaves 
             }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}


ou de peindre l’atmosphère vaporeuse d’un paysage antique, comme Debussy dans le Prélude à l’après-midi d’une faune (1892) :


\language "italiano"
\score {
      \relative do'' {
          \key mi \major
          \time 9/8
          \stemDown
          s8 dod4~ dod8[ dod16 si lad la sold] sol8[ la16 si sid] | \break         
          \override Score.Clef.break-visibility = ##(#f #f #f)
          \override Score.KeySignature.break-visibility = ##(#f #f #f)
          s8 dod4~ dod8[ dod16 si lad la sold] sol8[ la16 si sid] | \break
          dod8[ red sold] mi4 \once \stemUp sold,8 si4.~ | si8[ si dod] lad4 
      }
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

Wagner s’est relativement assez peu servi du timbre de la F. ; Verdi, en le mettant en évidence dans la scène du temple, d’Aïda (1871), a visé à la couleur locale ou à la reconstitution historique. D’autres maîtres ont demandé et obtenu de la F. les effets les plus séduisants de coquetterie et de volubilité ; le scherzo du Songe d’une nuit d’été, de Mendelssohn (1845), la danse des jeunes Amalécites, dans L’Enfance du Christ, de Berlioz (1854), en sont des exemples connus. La petite F., dite en ital. F. piccolo, ou ottavino, sonne à l’octave de la F. C’est l’instrument le plus aigu de l’orchestre moderne. Elle fournit une étendue chromatique de 2 octaves et une sixte, dont les derniers sons, stridents et durs, prêtent aux intentions descriptives bruyantes, aux scènes fantastiques, etc., et s’associent, dans les plus violents crescendos, aux sonorités bruyantes des instruments de percussion. Elle remplace actuellement le fifre, dans les bandes militaires des nations qui associaient autrefois cet instrument au tambour, et notam-